Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3674, 26 Juillet 1913, by Various

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org/license


Title: L'Illustration, No. 3674, 26 Juillet 1913

Author: Various

Release Date: March 17, 2012 [EBook #39183]

Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1

*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3674 26 JUILLET 1913 ***




Produced by Jeroen Hellingman et R�nald L�vesque







L'Illustration, No. 3674, 26 Juillet 1913


(Agrandissement)

Ce num�ro contient:
1� Une gravure en couleurs hors texte: Le Calme du soir, par Van der Weyden;
2� LA PETITE ILLUSTRATION, S�rie-Roman, n� 9: Un Roman de Th��tre, de M. Michel Provins.
3� Un Suppl�ment �conomique et financier de deux pages.


UN HOMME D'�TAT: M. LOUIS BARTHOU
Phot. Gerschel.--Voir l'article, page 84.



COURRIER DE PARIS

LES POULBOTTES

Ne cherchez pas dans le dictionnaire, c'est un mot qui n'y est pas et que j'invente. Je le risque, au petit bonheur, afin de d�signer des poup�es, oui... les poup�es vraiment nouvelles que va fabriquer, para�t-il, pour notre plaisir et celui de tous les enfants, le dessinateur Poulbot.

Je n'ai pas besoin de vous croquer cet artiste savoureux. Vous le connaissez. M�me � l'�tranger, la verve na�ve et spirituelle de son crayon est d�j� populaire, et tous ici nous raffolons depuis des ann�es, avec une tendre et joyeuse faiblesse, des gamins et des dr�linettes de Montmartre qu'ont adopt�s son esprit et son coeur, qu'il a recueillis sur le papier et fait siens par la pers�v�rance amus�e et apitoy�e de son talent.

D�boutonn�s de partout, emp�tr�s de gibeci�res et ayant toujours pour deux sous de nu au vent, peign�s � la gratte, les bas retourn�s en peau de lapin, les nippes retenues par des ficelles, ils vagabondaient, tra�nassaient, d�gringolaillaient le long des pentes de la Butte, marmousets des escaliers et des venelles, galochards du pav�, cavaliers de la rampe en fer, patineurs des glissades, joueurs � cloche-pied des marelles, accroupis pointus des parties de billes, les tout petits avec un hochet de chemise d�passant la culotte et les plus grands laissant sortir de la poche, au bout d'un i grec de bois, l'�lastique carr� � tuer les pierrots... Ils n'�taient en art � personne et personne ne s'en avisait, quand un jour, dans un terrain vague, Poulbot, qui songeait en foulant le grav�t et l'�caille d'hu�tre, entendit �des voix�, et tout de suite il reconnut celles de Bastien-Lepage et de Marie Gaskirtcheff qui lui disaient: �Mais va donc. Ramasse donc ces bonshommes dans la rue, et prends-les. D�p�che-toi si tu ne veux pas qu'on te les chipe. Nous les avons nous-m�mes un peu approch�s dans le temps que nous venions par ici r�ver en silence, le long des palissades... Tu n'imagines pas ce qu'ils sont attachants et tout ce qu'on en peut tirer!�

Il comprit, sans se faire r�p�ter, car il sait que les morts n'aiment pas dire deux fois la m�me chose. Et, en quinze le�ons, il s'affirma brillamment l'historiographe et le po�te de la petite humanit� buissonni�re des faubourgs.

Il ne lui suffit pas alors de c�l�brer sa marmaille, par le dessin, il voulut aussi en donner quelques �chantillons plastiques, et j'ai gard� le souvenir d'avoir vu et tenu nagu�re certains galopins et m�mes d'une impressionnante v�rit�, model�s, peints et accommod�s par Poulbot avec un malicieux g�nie. Mais c'�tait l�, jusqu'� pr�sent, simple distraction d'artiste qui se d�gourdit les doigts entre deux s�ances. Et puis, aujourd'hui, j'apprends que dans un double but--aussi bien pour �craser sur le march� la concurrence des hideux b�b�s allemands � stupide figure plate, que pour r�veiller le vieux mod�le un peu d�g�n�r� en usage chez nous depuis si longtemps--il a con�u le hardi projet de r�nover la poup�e! Si j'ai bien saisi ses intentions qui m'ont �t� rapport�es, il voudrait cr�er un autre type s'�cartant moins de la vie, offrant avec le corps et le visage humain un rapprochement plus sens�, une poup�e dont les bras, le buste et les jambes ne craindraient pas de r�v�ler une anatomie moins rudimentaire que celle dont elle s'est jusqu'ici content�e non sans bravade,... une poup�e qui aurait des yeux capables de procurer cette illusion qu'ils renferment un regard, une bouche de forme assez naturelle et assez grande pour que l'on puisse, sans estropier l'enfant, y introduire m�me avec la plus petite des cuillers, un peu de soupe... des cheveux qu'il serait impossible de ne pas croire pouss�s pour de bon et qu'ainsi l'on aurait un incomparable plaisir � tirer, � arracher et � d�m�ler tour � tour avec douceur... une poup�e plus vivante, susceptible de d�gager du charme, de la sympathie, une sp�ciale attirance, de provoquer avec un peu de trouble et de g�ne un sentiment affectif plus �troit, une poup�e moins poup�e, enfin, qui n'aurait plus l'air d'avoir �t� achet�e, de venir du bazar, mais qui semblerait le don myst�rieux de quelque bon g�nie comme on en voit tant dans les contes, ou de quelque f�e, puissante, et vieille comme les pierres...

Poulbot s'est dit qu'il �tait inadmissible que toutes les poup�es se ressemblassent, que toutes elles fussent hydroc�phales, avec le m�me front vide et bomb�, les m�mes joues trop rondes, le m�me petit trou de bouche, le m�me oeil inexpressif et b�ant, les m�mes membres monstrueux. Est-ce que tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants, tous les papas, toutes les mamans, tous les petits gar�ons et toutes les petites filles sont pareils et uniformes? Non. Alors? pourquoi les poup�es seraient-elles, seules dans la cr�ation, b�ties sur le, m�me patron et coul�es dans le m�me moule? Je sais bien, comme le font remarquer avec justesse certains partisans du vieux syst�me, que toutes ces poup�es qui nous semblent, � nous, la r�p�tition constante d'un seul et unique type, offrent entre elles des diff�rences qui nous �chappent et qui ne manquent pas de sauter tout de suite aux yeux plus exerc�s de l'enfance. Et la preuve en est que jamais, entre dix poup�es identiques, vous ne verrez h�siter une fillette sur la reprise de sa prog�niture. Vous pouvez m�ler les uns aux autres tous les b�b�s de carton que vous voudrez, chaque petite m�re reconna�tra le sien, � distance, et sans se tromper. Un instinct le lui d�signe et crie en elle. C'est la voix du son.

Mais, cependant, je me dis que les petites filles ne seraient pas f�ch�es non plus de pouvoir, � leur gr�, se choisir un poupon (ou une enfant d�j� venue au monde avec des bottines et en jupe), selon leur go�t et leur envie. Si elles ont une pr�f�rence, une id�e de derri�re la t�te, elles trouveraient d�sormais le moyen de se satisfaire, ce qui doublerait leur joie protectrice et accentuerait le charme de leur naissante maternit�. Elles poss�deraient ainsi l'enfant sp�cial et d�termin� de leur d�sir, de leur caprice, blonde ou brune, maigre ou grasse, avec des yeux de telle ou telle nuance, une enfin qui ne serait pas celle de tout le inonde, mais rien que la leur, et r�pondant bien � l'id�e tendre et r�v�e qu'elles s'en faisaient � l'avance dans leur lit de mousseline, au cours d'insomnies ang�liques. Cette poup�e-l� serait vraiment pour elles une personne, et ferait davantage partie de la famille. Qu'y aurait-il d'extravagant � ce que m�me on la command�t, sur renseignements pr�cis et indications, portraits et photographies: �Je veux, monsieur, vous entendez bien? prescrirait l'enfant au marchand, une poup�e qui ait le nez de papa,... comme ceci, vous voyez?... les yeux bleus de maman, les bonnes joues de ma grand-m�re et l'oreille de mon oncle Edouard, qui est tr�s bien faite.�

De m�me, je ne verrais aucun inconv�nient � ce que, gr�ce � la pr�voyance de Poulbot, nos mignonnes puissent se payer un gar�on si le coeur leur en disait, au lieu d'une fille. La poup�e-gar�on r�clame sa place au soleil. Bien des m�res, qui n'en sont pas moins pour cela d'excellentes natures, ont une faiblesse marqu�e pour les gar�ons, et c'est toujours un fils qu'elles attendent des promesses que leur soumet l'avenir... Or il est bien �vident que ces �pouses qui avaient la vocation du gar�on d�s leur jeune �ge ont d� beaucoup souffrir autrefois d'�tre oblig�es de ne porter leurs soins et leur sollicitude que sur des poup�es d'un sexe qui leur d�plaisait. Voil� donc aujourd'hui la petite fille bien heureuse, et, privil�gi�e, puisqu'il lui sera permis d'avoir, � son gr�, les enfants qu'elle voudra, et tels de visage et de conformation qu'elle en ressentira l'impatience. Pareillement je ne serais pas �tonn� que les petits gar�ons, apercevant leurs soeurs si bien loties, ne se missent de leur c�t� � s'�prendre des poup�es-femelles que celles-ci d�daigneront. Il n'est pas rare que les petits hommes se plaisent, autant et plus que les petites femmes, au jeu si captivant de la poup�e. Ils ne peuvent qu'y profiter. Ils y apprendront la gentillesse paternelle, la courtoisie, les doux �gards que m�ritent souvent la faiblesse et la sensibilit� f�minine, si d�licate, si difficile...

A moins... ce qui, apr�s tout, pourrait bien arriver, que les poup�es de Poulbot, les Poulbottes charmantes, pittoresques, et d'un art soign�, plus soucieuses d'humaine vraisemblance, n'inqui�tent les enfants et ne les d�concertent, ne leur parlent pas autant que la dr�le de petite horreur na�ve et � peine d�grossie � laquelle leur pr�f�rence un peu sauvage n'a trouv� jusqu'ici que d'irr�sistibles attraits. Notre inventeur, audacieux et fin, j'en ai la certitude, aura la sagesse de, ne pas d�passer la mesure et de ne pas pr�tendre trop bien faire. Consentant � des sacrifices h�ro�ques, indispensables, il n'ira pas jusqu'au bout de sa truculence et de sa recherche, et laissera aux petits jouets humains sortis de ses doigts exigeants ce style fruste et populaire, cette gr�ce d'irr�el et d'inachev�, ce cachet de comique � moiti� barbare par quoi se reconna�t et veut se distinguer et s'imposer la poup�e, la poup�e qui doit �tre une interpr�tation, une �vocation divertissante et � demi d�form�e de la vie, non une copie serr�e, ni un trompe-l'oeil et un trompe-mains... Car, en ce cas, ce serait un jouet surprenant et d�licieux, mais pour ces grandes personnes d'enfants qui ne les cassent pas, qui les rangent dans des vitrines, et qui s'appellent: les parents.
Henri Lavedan.

(Reproduction et traduction r�serv�es.)



LE CALME DU SOIR

Un petit port de la Manche--Etaples, dans le Pas-de-Calais--� l'heure cr�pusculaire. Une lune d'or p�le flotte dans un ciel de d�faillant azur. Les chaumi�res d�j� s'allument, et, vers ces phares familiers, les derni�res barques errantes se sont h�t�es. La p�che de la journ�e d�pos�e sur la plage, c'est pour les marins la br�ve halte � terre jusqu'� la mar�e prochaine, le maigre repas, le sommeil inquiet qu'interrompra avant l'aube le lever de la brise ou le bruissement du flot qui monte.

M. Van der Weyden, dans ce Calme du soir qui �tait l'un des bons tableaux du dernier Salon (Soci�t� des Artistes Fran�ais), a not� d'un oeil d�licat et exerc� les nuances fugaces dont se masquent et s'harmonisent, � cette heure incertaine, les tons les plus criards dans la lumi�re du jour--ainsi la parure violente des bateaux--et, d'un pinceau habile, il a fait miroiter l'eau pr�te � s'assoupir et scintiller doucement les paniers lourds de poissons aux reflets nacr�s.

[Ici s'intercale une gravure en couleurs hors texte: LE CALME DU SOIR.]




Apr�s la bataille de la Bregalnitza: un convoi de bless�s serbes.

COMMENT LES SERBES ONT VAINCU LES BULGARES

AU QUARTIER G�N�RAL DU PRINCE ALEXANDRE

Gradista, 10 juillet.

D'Uskub � Kumanovo, trajet que nous avons fait, en deux heures, dans un wagon de premi�re classe r�serv� � notre transport, nous avons pu nous rendre compte que tout �tait pr�vu et ex�cut� par une organisation de premier ordre. Partout se r�v�lent des hommes d'initiative et un fonctionnement exact et sans heurt de tous les rouages. A la station de Kumanovo, trois automobiles envoy�es par les soins de l'�tat-major de l'arm�e du prince royal nous enl�vent rapidement et, en moins d'une heure, par une route excellente, am�nag�e avec soin par le g�nie serbe, nous d�posent � Gradista, aupr�s des tentes o� se trouve bivouaqu� le quartier g�n�ral de la 1re arm�e.


Cap. Marinkovitch. Col. Fournier, A. de Penennrun. Cap.
Sto�anovitch. Au quartier g�n�ral du prince Alexandre de Serbie: le
colonel Fournier et trois camarades de promotion de l'�cole de guerre.

Les officiers de l'�tat-major avaient pouss� l'amabilit� jusqu'� retarder l'heure habituelle du repas pour nous permettre de le prendre en leur compagnie. Mais � peine avais-je mis le pied en dehors de l'auto qui nous transportait, R�ginald Kann et moi, que je me trouvais serr� vigoureusement dans les bras de deux officiers me saluant des plus vives exclamations de surprise: c'�taient mes anciens camarades de promotion d'�cole de guerre, les capitaines Sto�anovitch et Marinkovitch, qui n'en revenaient pas de me voir au milieu d'eux. L'impression premi�re de cordialit� ne s'en att�nue pas, bien au contraire, d'autant que je vois arriver notre tr�s distingu� attach� militaire � Belgrade, le colonel Fournier, qu'une faveur sp�ciale du roi a autoris�, seul parmi tous les autres attach�s, � suivre de pr�s les op�rations, en accompagnant l'arm�e du prince royal. Une si pr�cieuse exception pour le repr�sentant officiel de l'arm�e fran�aise prouve, mieux que tout, l'extr�me sympathie, dont--depuis le roi, ancien soldat de la France, jusqu'au dernier de ses sujets--est anim� le peuple serbe � notre �gard.

Nous arrivons au quartier g�n�ral de Son Altesse Royale le prince Alexandre, un peu comme les carabiniers, c'est-�-dire apr�s la bataille. Il faut nous consoler en allant cueillir sur les champs des combats de la Bregalnitza les miettes de l'histoire.

... Et d'abord, tout en ne m�nageant pas mon estime au haut commandement des arm�es du roi Pierre, en particulier � l'homme remarquable que para�t �tre le mar�chal Poutnik, j'ai eu, depuis Belgrade jusqu'ici, cent occasions d'�tre frapp� de l'admirable mati�re �homme� que constitue le soldat serbe.

L'homme consent � �se faire tuer�, � souffrir... Le commandement sait �vouloir�... Abn�gation de l'ex�cutant, �nergique volont� du chef: le secret de la victoire est l�!

Cependant, il pourrait para�tre �trange que je semble d�nier � leurs adversaires des qualit�s que, l'automne pass�, j'affirmais �tre �galement l'apanage de l'arm�e bulgare. C'est pr�cis�ment parce que cette derni�re n'est plus telle que je l'ai connue pendant la campagne de Thrace que son sort para�t se trouver aussi cruellement compromis. Et mon opinion � ce sujet a trouv� de pr�cieuses confirmations dans une conversation fort longue que j'ai eu le tr�s grand honneur d'avoir avec S. A. R. le prince Alexandre.


(Agrandissement)

Front atteint le 30 juin (soir) par les Bulgares et attaques des 1er et 2 juillet des arm�es serbes. Attaques des 3 et 4 juillet de la Ire arm�e serbe; des 6, 7 et 8 juillet de la IIIe arm�e.

Croquis de A. de Penennrun.

La bataille d�cisive de la Bregalnitza (Arm�es serbes: hachures horizontales--Bulgares: hachures verticales).

Le prince ayant manifest� le d�sir de me voir, je lui fus pr�sent� par le colonel Fournier. Apr�s un d�but d'entretien o� je lui exprimais mon admiration pour les troupes magnifiques qu'il avait sous son commandement, le prince me posa quelques questions sur l'arm�e bulgare telle que j'avais pu l'appr�cier lors de la campagne derni�re contre les Turcs. Et comme j'exprimais l'id�e qu'� ce moment les soldats bulgares, le haut commandement que l'on pouvait d�j� � ce moment consid�rer comme synth�tis� dans la personne du g�n�ral Radko Dimitrief, �taient �videmment deux �l�ments d'une force incomparable, le prince me dit:

--Je partage absolument votre avis sur la tr�s haute valeur morale de l'arm�e bulgare, pendant la campagne de Turquie. Mais je ne crois pas me tromper, en affirmant que les Bulgares d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'il y a un an. L'enthousiasme surchauff� qui les a lanc�s en ouragan contre les Turcs, l'antique oppresseur, n'existe plus contre nous leurs alli�s et leurs fr�res d'hier, qu'ils veulent spolier injustement. Il arrive maintes fois que leurs prisonniers avouent ne prendre part qu'� contre-coeur � cette guerre ingrate que les Bulgares ont eux-m�mes d�cha�n�e. Leur flamme de belle �nergie, leur foi en la saintet� de l'ancienne cause est tomb�e.

--Cependant, monseigneur, ne pensez-vous pas qu'au moment o� les Bulgares se sentiront accul�s par vos troupes marchant sur Sofia, ils ne tentent un effort supr�me, que leur vieille �nergie native ne se r�veille et que, somme toute, l'adversaire d�j� opini�tre dont vous avez triomph� sur la Bregalnitza ne devienne plus tenace encore, quand il d�fendra le sort de la Vieille-Bulgarie?

--Vous avez tout � fait raison, monsieur, r�pondit le prince, mais, nonobstant la valeur d'adversaires que j'estime tr�s redoutables, souvenez-vous que ces gens-l� font une guerre inique, que dans le fond leur moral est vici� par la fourberie m�me de leur injuste agression vis-�-vis de nous, que de leur puissante et sauvage �nergie, de leur endurance au mal, il ne leur reste plus que des vestiges et que, dans la balance morale o� Bulgares et Serbes se mesurent actuellement, les uns croient � la victoire et les autres en d�sesp�rent.

CE QUE FUT LA BATAILLE DE LA BREGALNITZA

Gradista, 11 juillet.

A 4 heures du matin, nous abandonnons nos tentes, et, conduits par mon ami le capitaine Mirko Marinkovitch, nous partons dans d'invraisemblables sapins venus d'Uskub � notre intention et qui doivent nous v�hiculer � proximit� du terrain des diff�rents combats livr�s du 30 juin au 6 juillet sur la Bregalnitza. Nous nous dirigeons tout d'abord vers le Drenek, point capital de la gauche serbe en avant du Tserni-Vrh, un rocher escarp� pr�c�d� d'une succession de contreforts.

Du haut du Drenek, Marinkovitch nous explique non seulement le processus de l'attaque, mais aussi l'ensemble des op�rations qui ont suivi cette action, � droite, vers deux mamelons au relief nettement indiqu�, qui portent les c�tes 550 et 650, plus � droite encore vers Istip qu'on devine, plut�t qu'on ne le voit, dans un vague lointain fait de brume et de lumi�re, en face de nous enfin, sur les pentes �tag�es de Ra�tchani qui s�parent la Zletovska de la Bregalnitza nous cachant la ville de Kotchana profond�ment enfouie au revers des cr�tes, dans un thalweg descendant vers le sud.

A notre gauche, un amas �norme de rochers d�coup�s, dentel�s bizarrement, d�chire les nu�es qui l'entourent, semblant menacer le ciel, tr�s haut au-dessus de nous: c'est le Rectki-Bouki, le pivot de gauche des Serbes dont la masse imposante constituait en quelque sorte les gonds, l'axe de cette porte que l'arm�e du prince royal devait tenir ferm�e devant l'assaut d�sesp�r� des Bulgares.

Toute cette zone se pr�sente fort nettement comme un terrain de tr�s haute montagne, mais, contrairement � ce qu'� premi�re vue l'on pourrait penser, il est assez manoeuvrable. Les croupes et les thalwegs largement ondul�s permettent ais�ment le passage � peu pr�s constant de l'artillerie de campagne et, de fait, nous voyons partout, au milieu des moissons foul�es par les combattants, de larges sillons o� tout semble fauch�, traces, parall�les le plus souvent et accoupl�es par quatre, du passage d'une batterie marchant � grande allure.

Sur le haut des cr�tes du Drenek, nous trouvons en quantit�s �normes des �tuis de cartouches et des chargeurs bulgares, un peu plus loin un amas de douilles de pi�ces d'artillerie. Je n'exag�re pas en estimant � environ 200 au m�tre courant le nombre d'�tuis trouv�s sur la position, des tirailleurs ennemis. L'on jugera par l� de l'intensit� du feu et l'on s'expliquera les �normes pertes subies.

Puis, tandis que nous restions perdus' dans la contemplation de ce cirque �tendu de montagnes et de vall�es, o� se sacrifi�rent pr�s de 30.000 hommes, le capitaine Marinkovitch reprit la parole et nous fit le r�cit suivant:

�Dans la nuit du 29 au 30, � 2 heures du matin, nous f�mes r�veill�s par des clameurs sauvages, des cris, des coups de feu de plus en plus nombreux qui venaient de la direction de nos avant-postes. Les Bulgares attaquaient en masse, tout leur monde en ligne, attaque d'une violence extraordinaire, en ordre profond, ex�cut�e avec une brutalit� et une �nergie sauvages que d�cuplait chez l'ennemi l'ardent d�sir de briser d'un coup la r�sistance de nos arm�es.

� Tout le long de la Zletovska, devant l'arm�e du prince royal, de la Bregalnitza et de la Kriva Lakavitza, devant la IIIe arm�e, les sentinelles, les petits postes situ�s sur les berges de ces rivi�res et m�me les grand'gardes l�g�rement en arri�re, furent non seulement disloqu�s et refoul�s, mais m�me, en bien des endroits, v�ritablement �gorg�s par les Bulgares ivres de fureur et de sang. La premi�re r�sistance s�rieuse ne fut offerte que par notre ligne des r�serves d'avant-postes qui, depuis Rectki-Bouki tenait le Drenek, les c�tes 550 et 650 devant la Ire arm�e, les hauteurs de Suchevo et de Hadji Redjebli devant la IIIe. Mais, sur la plupart de ces points, se trouvait � peine la valeur respective d'un bataillon; aussi vers midi, le 30 juin, �taient-ils occup�s par les Bulgares. Pour bien saisir toute la violence de l'attaque, une revue rapide des effectifs bulgares mis en ligne � ce moment est n�cessaire: sur Rectki-Bouki, c'est le corps de volontaires � 3 brigades du g�n�ral Guenef qui avait donn� l'assaut; devant Drenek et les positions de la Ire arm�e, c'�tait la 7e division, renforc�e d'une brigade de la 4e; plus au sud enfin l� 8e division et la majeure partie de la 2e. En arri�re, suivaient des bataillons de territoriale et une partie de la 3e division.

� Mais notre ligne principale de d�fense avait �t�, gr�ce � Dieu, fort sagement �tablie assez arri�re pour nous permettre d'y alerter rapidement nos troupes et non seulement de prendre nos dispositions d�fensives, mais �galement d'y pr�parer notre mouvement ult�rieur en avant et notre contre-offensive � l'agression.

� Je ne puis, naturellement, vous donner de d�tails que sur ce qui se passait dans un champ limit� assez �troitement � ce que j'ai pu voir. Tandis que l'une des divisions de la Ire arm�e avait, concurremment avec l'une de celles qui faisaient face � la direction du nord, la mission de reprendre Rectki-Bouki, l'autre division, celle de droite, attaquait le Drenek et la c�te 550.

� L'ordre d'offensive g�n�rale fut donn� � toutes les troupes le 30 juin � midi. La division qui attaquait le Drenek partait de la ligne principale de r�sistance que primitivement nous avions organis�e � Tserni-Vrh et sur les contreforts de Gradista. Nous avions trois r�giments en premi�re ligne: l'un attaquant le Drenek par Stoubla; l'autre attaquant �galement le Drenek, mais � revers, sur les pentes sud du thalweg de la Belositza; le troisi�me enfin, en liaison avec la division de cavalerie du prince Ars�ne, attaquant la c�te 550.

� Commenc�e aussit�t, la marche en avant, malgr� l'�lan des troupes, eut terriblement � souffrir du feu de l'ennemi. Le soir du 30, nous avions progress� dans une certaine mesure, mais nous n'avions pas encore pu r�occuper le Drenek, ni aucun des autres points qui nous avaient �t� enlev�s.

� D�s l'aube du 1er juillet, le mouvement en avant fut repris et, gr�ce au concours d'une de nos batteries d'obusiers de 120mm, le Drenek fut enlev� � midi.

� A la m�me heure, notre division de gauche d�bouchant de Kara-Tas sur Stroms et Kalnista, repoussait la droite de la 7e division bulgare ainsi que la brigade de la 4e division qui l'appuyait. Plus au sud, les c�tes 550, 650 tombaient entre nos mains. De toutes parts, les Bulgares refoul�s se voyaient contraints de repasser la Zletovska et la Bregalnitza, poursuivis par les n�tres, qui cependant, en aucun point, ne r�ussirent � franchir ces rivi�res.

� Apr�s la prise du Drenek, il devenait de toute n�cessit� de poursuivre sans tarder l'avantage obtenu et d'attaquer les hauteurs de Ra�tchani entre la Zletovska et la Bregalnitza, hauteurs que les Bulgares avaient h�riss�es de fortifications. Mais il �tait difficile de commencer cette attaque imm�diatement, alors que Rectki-Bouki n'�tait pas encore repris par notre gauche et tant que nos �l�ments de droite de la Ire arm�e n'�taient pas reform�s, reconstitu�s, ni ravitaill�s en munitions. Aussi l'attaque ne commen�a-t-elle que le 3 juillet au matin, lorsque la nouvelle de la prise de Rectki-Bouki eut �t� confirm�e dans la soir�e du 2.

� Un r�giment re�ut comme objectif la hauteur du t�l�graphe et Spantchevo; deux autres, les pentes de Sokolartzi. La division de gauche form�e �galement en deux colonnes attaqua Ra�tchani et Rudare Tursko. Mais nous e�mes de grosses difficult�s caus�es non seulement par les obstacles du terrain, mais aussi par le feu de l'ennemi, tr�s bien post� dans des retranchements depuis longtemps pr�par�s. Le soir du 3 juillet, notre ligne de tirailleurs la plus avanc�e �tait encore � plus de 700 m�tres des tranch�es bulgares. La progression avait �t� p�nible bien que toute notre artillerie de campagne en batterie sur les pentes du Drenek, renforc�e de pi�ces lourdes de 120mm, ait paru obtenir d'importants r�sultats et prendre la sup�riorit� du feu sur celle des Bulgares. L'on pouvait s'attendre � une contre-attaque pendant la nuit, surtout en songeant au go�t de l'ennemi pour ce genre d'op�rations. Mais rien ne vint, et, le lendemain au petit jour, lorsque nous repr�mes la marche en avant, l'ennemi visiblement �puis�, menac� sur sa droite par un r�giment devenu disponible apr�s la prise de Rectki-Bouki, commen�a de fl�chir, battant en retraite dans la direction de Kotchana.

� La division de cavalerie du prince Ars�ne, avait pour mission d'appuyer au sud l'attaque de la Ire arm�e, maintenant la liaison avec la IIIe arm�e dont l'effort s'exer�ait sur Istip. S'apercevant de notre succ�s, elle essaya de franchir la Bregalnitza � hauteur de Krupichte, mais elle ne put y parvenir. Alors, tandis qu'une de ses brigades continuait un combat � pied le long de la rivi�re, l'autre brigade fut ramen�e vers Ra�tchani pour prendre part � la poursuite vers l'est.

� Cependant, les Bulgares battaient en retraite en assez bon ordre, bien couverts par une forte arri�re-garde d'un r�giment d'infanterie, d'un groupe d'artillerie et d'un r�giment de cavalerie � hauteur des villages de Koutchitchino et de Bouzitchevo; cette arri�re-garde fit front pendant toute la journ�e du 4 et r�ussit � ralentir consid�rablement notre poursuite.

� Pendant ce temps, la IIIe arm�e avait tent�, elle aussi, de se porter en avant pendant ces deux journ�es du 3 et du 4 juillet. Mais il lui avait �t� impossible de d�boucher sur la Bregalnitza. Bien plus m�me, sa division d'extr�me droite attaqu�e furieusement par les Bulgares avait �t� rejet�e des hauteurs d'Ortabajir sur le Vardar et l'ennemi r�ussissait � p�n�trer dans Krivolak sans parvenir toutefois � passer sur la rive droite du fleuve.

� Tout l'int�r�t de la bataille se portait donc � ce moment � notre aile droite o� il devenait absolument n�cessaire d'assurer le succ�s de la marche en avant de la IIIe arm�e. Une brigade h�tivement ramen�e de Prilep vint soutenir notre division d'extr�me droite et, concurremment avec elle, reprit l'offensive dans la direction de Krivolak. Enfin, le 5 juillet, la Ire arm�e ayant r�ussi � mettre la main sur Kotchana, puis, le lendemain 6, � �tablir ses avant-gardes sur les cr�tes de Cera et de Betsikovo, le prince Alexandre d�cida de distraire une de ses divisions et de l'envoyer vers le sud appuyer, dans la direction d'Istip, l'attaque g�n�rale de la IIIe arm�e.


Entrevue, le 16 juillet, � Uskub, des chefs des
deux gouvernements serbe et grec: MM.
Pachitch et Venizelos.
--Phot. Marianovitch.

� Cette attaque commen�a le 7 juillet, o� l'une des divisions du centre de la IIIe arm�e enlevait les villages de Toplik et d'Enech Oba, puis, conversant au nord, poussait dans la direction de Dragovo. Le m�me jour, la brigade venue de Prilep entrait dans Krivolak apr�s une suite d'assauts acharn�s o� le village fut pris et repris deux fois. Elle y trouvait nos bless�s abandonn�s lors de l'�vacuation du village, massacr�s, quelques-uns odieusement mutil�s, quelques-uns m�me crucifi�s, autant de crimes t�moignant que, chez ceux que l'on nomme nos fr�res slaves, le vieux sang tartare n'est pas mort.

� Le 8 juillet, l'attaque g�n�rale sur Istip devait avoir lieu. Toute la IIIe arm�e, en ordre de bataille, se portait sur la Bregalnitza sur un front allant de Krupichte � la Kriva Lakavitza, lorsque l'on s'aper�ut que les Bulgares s'�taient �vanouis dans la direction de Radovichta, tandis que, en avant de la Ire arm�e, vers Cera et Betsikovo, on ne trouvait plus aucun contact, l'ennemi ayant disparu vers Tsarevo-Selo.

� Devant la double pression exerc�e sur ses deux ailes par les troupes de Krivolak et par la Ire arm�e, dont une autre division encore avait franchi la Bregalnitza � Mojantzi, marchant sur Kochevo, le g�n�ral Kovatchef avait donn� l'ordre de retraite. La bataille de la Bregalnitza se terminait � notre avantage.�

Tel fut le r�cit du capitaine Marinkovitch. Nous devons y ajouter ceci: Le 9 juillet, la division de cavalerie serbe p�n�tra, presque sans r�sistance, � Radovichta. Dans la soir�e, ses reconnaissances entraient en contact avec celles de la cavalerie hell�ne remontant vers le nord. L'arm�e du roi Constantin, victorieuse � Kilkiz et � Do�ran, poussait devant elle les divisions du g�n�ral Ivanof, et les deux arm�es bulgares dans une effroyable confusion se rejetaient au nord des montagnes. L'on apprenait l'entr�e en ligne de la Roumanie, le passage du Danube par ses troupes, la marche des Turcs sur Andrinople, et la demande d'intervention � l'Europe de la Bulgarie d�j� aux abois...
Alain de Penennrun.



UNE ACQUISITION RETENTISSANTE

Le triptyque que le Louvre vient d'acqu�rir de M. Kleinberger pour un prix qui, assure-t-on, approcherait d'un million, est une des oeuvres capitales de Roger Van der Weydon (1), ma�tre de Memling, un des �mules les plus remarquables des Van Eyck et qui, jusqu'ici, n'�tait pas repr�sent� au Louvre par une peinture d'une incontestable authenticit�.

Note 1: Une singuli�re co�ncidence am�ne dans ce num�ro de L'Illustration la rencontre du vieux ma�tre flamand Roger Van der Weyden et de son jeune homonyme, dont l'oeuvre d�licate que nous reproduisons en couleurs hors texte a �t� si favorablement appr�ci�e au Salon de 1913.--N. D. L, R.

Ce triptyque fut apport� des Flandres � Londres, au d�but du dix-neuvi�me si�cle, et figura dans une vente publique. En 1845, un artiste nomm� Evans l'acquit dans le Nord de l'Angleterre et le vendit, comme une oeuvre de Memling, au marquis de Westminster, dont la fille, lady Theodora Guest, le poss�dait encore il y a quelques semaines. Les sp�cialistes les plus �minents s'accordent � le consid�rer comme une oeuvre de Roger Van der Weyden, contemporaine du c�l�bre retable de l'h�pital de Beaune, peint vers 1450.

Des armoiries, peintes au revers des volets et accompagn�es d'une curieuse l�gende en vers fran�ais, nous apprennent que notre triptyque a �t� ex�cut� pour un seigneur de Braque et pour sa femme, qui appartenait � la famille tournai sienne de Brabant.

La place de ce chef-d'oeuvre est tout indiqu�e � c�t� des pi�ces capitales de la m�me �cole qui font la gloire du Louvre: la Vierge au Donateur, par Van Eyck, les Noces de Cana, par G�rard David, et le splendide Memling l�gu� en 1878 par la comtesse Duch�tel.
Seymour de Ricci.



Saint Jean-Baptiste. Le Christ entre la Vierge et saint Jean. Sainte Marie-Madeleine.

Le triptyque, acquis par le Louvre, de Roger Van der Weyden (�cole Flamande, vers 1450). --Phot. Arundel Club.




La poursuite : Brindejonc des Moulinais, suivi par Guillaux.--Phot. Bracher.


Audemars virant � sept m�tres du sol. Le monoplan �tant � peu de distance de l'op�rateur, l'objectif a nettement enregistr� la manoeuvre du gauchissement de l'aile. --Phot. Bergeron.


Un virage �� la corde� de Brindejonc des Moulinais. L'inclinaison de l'a�roplane est telle qu'on peut distinguer, du sol, la t�te de l'aviateur aux cheveux �bouriff�s par le vent.--Phot. Bergeron.

LES AILES AUDACIEUSES: NOS VIRTUOSES DE L'AVIATION DANS LEURS PRODIGIEUX EXERCICES

Photographies prises, dimanche dernier, � l'a�rodrome de Juvisy, pendant le match de vitesse disput� par Brindejonc des Moulinais, Audemars et Guillaux, et gagn� par le premier.




(Agrandissement)

UNE PERC�E N�CESSAIRE: L'ACH�VEMENT DU BOULEVARD HAUSSMANN

Document photographique obtenu, sp�cialement pour L'ILLUSTRATION, par M. Andr� Schelcher, � bord du dirigeable �Commandant-Coutelle� afin de montrer exactement quels immeubles devront �tre d�molis pour que le boulevard Haussmann rejoigne le boulevard Montmartre.--Voir l'article, page 84.



LE RETOUR A LA SANT� DE S. S. LE PAPE PIE X


Une halte sur les terrasses.

La promenade matinale dans les jardins du Vatican.

Tout r�cemment, dans L'Illustration du 5 juillet, l'une de nos gravures repr�sentait Pie X se montrant aux p�lerins r�unis dans la cour Saint-Damase. Et nous �crivions: �Le pape va mieux, beaucoup mieux�. Aujourd'hui, en reproduisant ces photographies prises par notre correspondant de Rome, M. Felici, le 15 juillet dernier, � 8 heures du matin, dans les jardins du Vatican, nous pouvons �crire: �Le pape va bien, tout � fait bien�. Le souverain pontife a repris les habitudes r�guli�res de sa vie claustr�e dans un palais et dans un parc. Il a recommenc� ses promenades matinales au long des all�es et sous les verdures des jardins du Vatican. On le conduit en voiture, lentement, jusqu'� l'endroit, choisi par lui, du parc immense. Et l�, dans quelque bosquet o� d'avance ont �t� dispos�s un fauteuil et une table � �crire toute simple, le souverain pontife prend connaissance des nouvelles du monde et donne ses directions pour les affaires de l'�glise.


Le travail dans un bosquet.

La derni�re photographie du souverain pontife
(15 juillet)

Photographies Felici.



Apr�s la victoire grecque de Kilkiz (ou Kilkich): une tranch�e bulgare.--Phot. Jean Leune.

EN CAMPAGNE AVEC L'ARM�E GRECQUE

VERS LE FRONT

Parti d'Ath�nes dans les conditions qu'il nous a dites, partout combl� de pr�venances, notre collaborateur, M. Jean Leune, a gagn� aussi rapidement que possible Salonique d'abord, puis le front. Naturellement, Mme Jean Leune est, en Mac�doine comme en Epire, la fid�le et vaillante compagne de son mari, et, au jour le jour, cette toute jeune et jolie femme, grecque de naissance, mais �crivant un bien joli fran�ais, rend compte aux siens de ses exploits dans des lettres d'un tour vif, primesautier, charmant enfin. D'une de ces correspondances, nous extrayons ce r�cit de l'emploi de son temps � Baltza, seconde �tape de leur voyage, tandis que son mari proc�de aux d�marches n�cessaires:

Baltza, 3 juillet.

Nous voici � Baltza,--petit village grec, malgr� les protestations bulgares qui veulent que toute la Mac�doine soit bulgare. Des femmes m'accueillent, veulent m'emmener chez elles, prendre le caf� et le gliko (caf� turc) traditionnels. Je m'y rends pendant que Jean va voir les officiers de l'�tat-major.

J'y suis accueillie sur l'�ternelle terrasse � colonnes antiques,--de bois, parce que les gens sont pauvres. Elle donne sur un jardin plein de figuiers et d'oliviers. Des poules, une vache, un m�tier � tisser: la fortune des pauvres. J'aime ces demeures rustiques. J'y vivrais volontiers, simple parmi les simples.

La jeune fille de la maison est fianc�e. Son fianc� est soldat dans l'arm�e bulgare. On l'a pris de force: �Il refusait d'y aller. Un Grec peut-il tirer sur des Grecs? Il a �t� battu, bless�, puis 'emport� � moiti� mort. Que devient-il?� La petite sanglote.

Hier encore on se battait en arri�re du village. �Les Bulgares s'�taient bien fortifi�s, dans un bois prot�g� par des marais. Beaucoup d'enfants (ils appellent ainsi les Grecs) sont morts. Il en est pass�, des bless�s! Des bless�s contents de leurs blessures, madame... J'offre du cognac. Le bless� l�ve son verre: K� s'ti Sofia (A Sofia) et K� s'tin Hoje! (A Constantinople)... Et il rit. D'autres se plaignent d'avoir �t� bless�s trop t�t... Oh! madame, maintenant qu'ils ont la victoire dans les jambes ils ne s'arr�teront plus.�

--Et vous �tes vraiment Grecs?

--Comment?--ils sont �tonn�s, indign�s de ma question--si nous sommes Grecs?... Des nobles, madame, tous les Grecs sont nobles. Avec un pass� comme celui que nous avons! Et l'avenir! quand nous aurons repris tout ce que les Turcs et les Bulgares nous ont vol�, quand la Gr�ce sera grande comme une puissance...

Les yeux de la jeune fille se mouillent. Son regard devient fixe. On dirait qu'elle voit la Gr�ce future. Comment ces gens ont-ils su conserver pour leur patrie un amour si grand?

--Alors vous n'avez pas oubli� les Grecs?

--Mais comment les oublier? La patrie est une id�e, madame. Oublier l'id�e, c'est perdre l'esprit.

Je regarde la jeune fille aux grands yeux noirs. Les traits ne sont pas beaux, mais le coeur et l'esprit les illuminent. L'expression est celle du grand amour, celui qu'on a pour sa patrie, pour sa race.


Apr�s la retraite des Bulgares: un village mac�donien.
--Phot. J. Leune.

--Quand les bandes grecques venaient lutter pour la conservation de notre nation, il fallait les cacher. Quelles ruses alors nous avons employ�es! Nous les habillions en femmes,--ou encore on les enfouissait dans des matelas! Les Turcs venaient, s'asseyaient sur l'antarte (franc-tireur) et il ne fallait pas que celui-ci se trah�t... De temps en temps ces antartes nous apportaient des journaux grecs. Ah! vous ne savez pas ce qu'a �t� pour, nous, le journal grec! Un baiser de la patrie, � nous, ses enfants qui en pleurions la perte... Avec quels battements de coeur nous avons suivi la r�organisation de l'arm�e! Enfin la Gr�ce se fortifiait! Nous pouvions esp�rer! Et la d�livrance est venue. Une seule ombre: que faisaient les Bulgares � Salonique, alors que les Grecs y �taient entr�s en vainqueurs? Comme on craint le voleur pour le tr�sor trop ch�rement pay�, ainsi nous tremblions � la pens�e que les Bulgares pouvaient nous enlever notre libert�. Nous les connaissions par les r�cits de nos fr�res de Mac�doine. C'�tait massacre sur massacre des populations grecques, que vite ils rempla�aient par des mendiants bulgares, afin de pouvoir dire � l'Europe: �Regardez comme la Mac�doine est bulgare!� Mais les pierres des �glises vol�es aux communaut�s grecques parlent encore. Lisez les inscriptions, elles sont grecques. Fouillez la terre qui les entoure, on trouve des livres sacr�s que les Bulgares ont eu peur de br�ler. Et surtout... Ah! madame, si les champs de la Mac�doine pouvaient parler!...�

... Cette jeune fille m'a donn� un choc. Comme ils en savent plus que nous, ces gens!...

Les Grecs attaquent Kilkiz (qu'on �crit aussi Kilkich), que les Bulgares d�fendent �nergiquement. M. et Mme Jean Leune, toujours curieux de tout voir, et de pr�s, vont jeter, d'une hauteur, un coup d'oeil � la bataille, en attendant qu'ils la suivent le lendemain. Mais ils regagnent, le soir, leurs quartiers � Baltza. Et voici maintenant le r�cit de notre correspondant:

AUDIENCE ROYALE

Jeudi, 3 juillet.

Nous rentrons � Baltza � la nuit tombante. Nous apercevons, sur la place du village, au milieu de ses officiers d'�tat-major, le roi Constantin, toujours nerveux, remuant, incapable de rester en place. Il est v�tu d'une tunique et d'une casquette blanches, d'une culotte kaki, les jambes serr�es dans des bandes molleti�res. Les mains dans les poches, il va et vient, interroge l'un, rit et plaisante avec l'autre, tr�s simple, sans garde, tout pareil � l'un de ceux qui l'entourent.


Les premiers secours aux bless�s sur le champ de bataille de Kilkiz.
Phot. J. Leune.

Un peu plus tard dans la soir�e, le roi nous faisait le grand honneur de nous recevoir, dans la salle rustique o� deux longues planches non rabot�es, pos�es sur des tr�teaux, servent tant�t de table de travail pour lui et son �tat-major, tant�t de table � manger.

Il portait la m�me tunique blanche toute simple et une casquette blanche � galon d'or. Il vint vers nous et nous tendit la main.

Il parla... Et voici que, maintenant, j'ai peine � me rappeler ses paroles, tant j'�tais sous le charme �trange qui �mane de toute sa personne.

Le roi voulut bien d'abord s'inqui�ter de savoir si nous avions trouv� � nous loger ici, si nous �tions contents... Puis, sans transition, de sa voix aux intonations rapides et mouvement�es, il me dit: �Eh bien, vous voyez maintenant quelque chose de plus grand... et de plus dur aussi. Car cette guerre est rude, et c'est pour cela qu'elle m'int�resse... Les Bulgares r�sistent bien, mais l'enthousiasme de mes troupes est incroyable, indescriptible... Oui, Kilkiz sera dur � prendre, mais nous le prendrons.�

Puis, comme nous parlons de la diplomatie, de son impuissance � �viter la guerre, seul moyen, bien souvent, de r�gler d�finitivement les diff�rends entre Etats: �Vous croyez, s'�crie le roi, que j'aime la guerre, moi! Certes, pas du tout... Mais il y a �videmment des cas o� elle est parfaitement excusable, n�cessaire... Il y a parfois des ballons tr�s gros, qu'il faut un jour crever parce qu'ils deviennent encombrants. Leur enveloppe est souvent dure � percer... mais, d�s qu'on y a pu faire un tout petit trou, le ballon se d�gonfle tout d'un coup...�

Et, donnant tout � coup � la conversation un tour diff�rent:

--Ah! si vous voulez des nouvelles, dit le roi, en voil�: la 7e division sur notre droite a pris Nigrita qu'elle a trouv� en flammes. Tous les habitants en ont �t� affreusement massacr�s. Ce n'est, par toute la plaine, que cadavres mutil�s de femmes, d'enfants et de vieillards. Voil� comment agissent les Bulgares vaincus. Ils sont pires que les Turcs. Enfin, nous leur avons pris beaucoup de canons et fait beaucoup de prisonniers...

L'audience se terminait sur ces paroles. Sa Majest� nous tendait de nouveau la main et s'en allait retrouver ses officiers qui l'attendaient pench�s sur la carte.

LA PRISE DE KILKIZ

Vendredi, 4 juillet.

La canonnade, vers Kilkiz, s'est fait entendre une bonne partie de la nuit.

Ce matin elle n'a point cess�. Donc la ville n'est pas encore tomb�e. Et aujourd'hui nous voulons voir la bataille de pr�s.

A 7 heures, nous montons � cheval et nous partons avec deux soldats qu'on nous a donn�s et un guide, pour Yeni-Machala, o� doit se trouver la 2e division et l'�tat-major du g�n�ral Kalaris.

Au loin on aper�oit Kilkiz, au pied de la colline que couronne un monast�re de Saint-Georges pareil � une acropole. Les �clatements de shrapnells sont plus nombreux � l'est de la ville qu'ailleurs. Ce doit �tre de ce c�t� que va se d�cider le sort du combat.

Comme nous atteignons un sommet de colline, nous apercevons, cette fois, et tr�s distinctement, l'attaque d'infanterie qui se dessine merveilleusement au sud de la ville. Le terrain gris jaun�tre monte en pente douce vers les positions bulgares. Sur la partie de ces pentes la plus raide et la plus rapproch�e de nous, un fourmillement humain: les r�serves. En avant, vers les positions ennemies, deux lignes sombres d'infanterie, avan�ant par bonds. La premi�re ligne comporte deux fractions; la deuxi�me, en arri�re et � gauche, en comporte quatre. Plus � gauche encore, c'est-�-dire � l'ouest, derri�re une cr�te, des pi�ces de canon, deux batteries environ.

Des shrapnells �clatent encore. Des hommes tombent. Mais les camarades continuent d'avancer bravement. Sur notre droite, � l'est, la canonnade se fait, � un moment donn�, plus acharn�e que jamais. Il n'y a pas de doute, c'est de ce c�t�, ce matin, que se produit l'attaque d�cisive.

Nous arrivons encore � temps. D'une nouvelle cr�te que nous venons de gagner, nous distinguons maintenant, et tr�s nettement, une partie des positions des Bulgares, avec leurs tranch�es et leurs redoutes. Mais leur artillerie, bien d�fil�e, est invisible. Sur les tranch�es les shrapnells et les obus font rage.

Enfin, une ligne d'infanterie de la 2e division s'avance � l'assaut, d'un �lan furieux que rien ne saurait arr�ter. Elle progresse r�guli�rement, merveilleusement, sans une h�sitation, sans une d�faillance. Et pourtant ses pertes sont �normes. On voit officiers et soldats tomber � chaque instant, demeurer en arri�re... La troupe magnifique fond, litt�ralement. Mais elle gagne toujours; elle escalade ce terrain effrayant, en glacis. Elle ne peut pas tirer: son feu serait inutile contre cet ennemi invisible, tapi dans ses tranch�es. Qu'importe! Ba�onnette au canon elle va. Mais de leur c�t� les Bulgares ne fuient pas encore. Ils r�sistent d�sesp�r�ment...

Enfin la ligne grecque est sur les tranch�es. Un effroyable corps � corps s'engage, � l'arme blanche. On s'entr'�gorge. Des hommes tombent des deux c�t�s... Puis le combat farouche s'arr�te; les Bulgares, �puis�s, finissent par l�cher pied; ils se retirent en courant, poursuivis l'�p�e dans les reins. Ils s'en vont vers le nord, disparaissent au loin... Plus rien... Kilkiz est maintenant aux mains des Grecs.

Nous gagnons alors Yeni-Machala, p�niblement, apr�s beaucoup de d�tours, car notre guide ne sait pas la route.

PARMI LES MOURANTS ET LES MORTS

Par le chemin qui vient de Sarikeuy, de longues files de bless�s montent lentement vers l'ambulance de la 2e division. Il y a d�j� l� un millier de bless�s. Et presque tous sont gri�vement atteints d'horribles entailles faites par l'arme blanche ou de blessures non moins graves produites par les balles, car les balles bulgares, d'un mod�le plus ancien que les balles grecques, sont beaucoup plus dangereuses: elles d�chirent horriblement les tissus et font �clater les os.

M�decins et infirmiers vont et viennent parmi toutes ces souffrances. Avec infiniment de soins ils pansent les plaies d'o� le sang coule encore � flots, rougissant l'uniforme d�chir� des bless�s, les brancards. Du sang partout. A terre, de tous c�t�s, des linges sanglants, de l'ouate rouge. Ici c'est un malheureux dont on a d� d�chirer le pantalon jusqu'� la ceinture, parce qu'il a une plaie � la cuisse. Un autre soutient lui-m�me sa jambe: il est bless� au mollet. Pas une plainte. Au contraire, il est de ces hommes qui chantent, tant est grand l'enthousiasme qui les a pouss�s contre l'ennemi h�r�ditaire de leur race!

La bataille d'hier et d'aujourd'hui fut extr�mement meurtri�re. La 2e division seule compte plus de 1.200 bless�s et 500 tu�s; 28 officiers, dont 3 colonels, sont hors de combat, car, comme toujours, selon les belles traditions de l'arm�e grecque, les officiers marchaient en t�te de leurs hommes.

Parmi ces morts, il en est qui furent cruellement victimes de la barbarie bulgare. Des officiers, comme le sous-lieutenant Marcandonakis, des soldats, bless�s au cours d'une attaque suivie d'un l�ger mouvement de recul, ont �t� retrouv�s, moins d'une heure apr�s, lorsque les troupes eurent de nouveau repris l'offensive, l�chement �gorg�s.

Maintenant nous descendons vers Sarikeuy. En chemin encore, des bless�s, toujours souriants. �Tu souffres, mon enfant?�--�Bah! Pour la patrie!� Mais le plus inattendu, peut-�tre, dans ce spectacle, c'est de voir que les brancardiers qui emportent ces h�ro�ques bless�s sont... des paysans turcs.

C'est la grande r�conciliation. Ces Turcs se sont offerts d'eux-m�mes pour cet office, tellement ils sont contents de voir les Grecs venir prendre la place des Bulgares qui avaient mis tout le pays � feu et � sang... Les soldats, de leur c�t�, sont ravis. Ils fraternisent gaiement avec les paysans et partagent avec eux tout ce qu'ils ont...

Nous passons le fleuve Galikos, presque � sec. Nous joignons sur sa rive droite l'�tat-major du g�n�ral Kalaris qui nous accueille bien. Nous pourrons rester aupr�s de lui ce soir.

Mais, pour finir notre journ�e, nous voulons voir Kilkiz de pr�s, et nous voici � notre tour escaladant les pentes en glacis, maintenant calmes, que dut franchir l'infanterie grecque sous les feux combin�s de l'infanterie et de l'artillerie bulgares.

Nous atteignons les premi�res tranch�es ennemies. Elles sont admirablement plac�es pour donner le champ de tir le plus parfait qui se puisse imaginer. Et elles sont aussi admirablement construites, selon toutes les r�gles de l'art militaire. La fa�on dont on leur a fait �pouser le terrain est tr�s int�ressante. Elles se flanquent les unes les autres. Elles forment de v�ritables redoutes.

En avant de ces tranch�es, le terrain est jonch� de morts. O� que l'on regarde, on en voit �tendus dans l'herbe s�che, tomb�s en des poses diverses, parce que, surpris par la mort dans leur course infernale. C'est effroyable. Cette h�catombe �tait fatale, en raison de la configuration du terrain en glacis sur plusieurs centaines de m�tres en avant des tranch�es.

Sur le remblai m�me des tranch�es ou � leur int�rieur, des cadavres encore, cadavres de soldats grecs et de soldats bulgares, tomb�s les uns sur les autres, la plupart horriblement perc�s de coups de ba�onnette... Ici c'est un capitaine dont une lame bulgare, entr�e sous le menton, a perc� la t�te de part en part... L� ce sont des soldats dont la poitrine fut rageusement perc�e quatre, cinq et dix fois.

KILKIZ EN FLAMMES

Nous avan�ons vers la ville, maintenant en flammes. L'une apr�s l'autre, les maisons en bois vermoulu, dess�ch� encore par la chaleur de ces derniers jours, prennent feu. Tout d'abord, on voit une petite fum�e bleu�tre courir sur le toit de tuiles. Cela dure quelques instants, puis, brusquement, un craquement sinistre, le toit s'affaisse, une �paisse fum�e brune jaillit, paillet�e de d�bris de toutes sortes. Une gerbe d'�tincelles, de grandes flammes. Le toit s'est effondr�... Plus loin, c'est un pan de mur qui s'�croule sur la rue. Et le feu se communique de maison en maison. Telle qui ne br�le pas encore va s'enflammer toute, dans quelques instants, au contact de sa voisine � moiti� consum�e.

De tous c�t�s, des d�tonations. Des d�bris sifflent � nos oreilles. Ce sont des munitions ou des bombes qui �clatent, car Kilkiz �tait un nid � comitadjis, c'est-�-dire un arsenal toujours bien garni.

Les Bulgares diront: �Ce sont les Grecs qui ont incendi� la ville.�--Voici ce qu'impartialement je dois dire, moi qui ai vu les choses de pr�s.

Hier soir m�me, des environs de Baltza, nous avons vu � la jumelle des obus tomber sur la ville, et d�j� quelques fum�es d'incendie s'�lever, vers le soir. Ce matin, d�s 7 h. 1/2 (les choses ont pu commencer plus t�t, mais je ne veux dire que ce que j'ai vu), � mesure que de nouveaux obus tombaient sur la ville, d'autres incendies se produisaient. Vers 9 h. 1/2, les fum�es se firent plus nombreuses et plus �paisses. Les soldats bulgares avaient d�j� �vacu� la ville, qu'avait �galement quitt�e toute la population bulgare, ou peu s'en faut. Des paysans turcs rest�rent les seuls ma�tres de Kilkiz jusqu'� son occupation par les troupes grecques, vers 11 heures. Je tiens donc � certifier, en tant que t�moin, que le feu avait d�j� commenc� en ville et avec une grande intensit�, une heure et demie au moins avant l'entr�e d'un seul soldat grec, et que, durant que nous �tions dans la ville, l'apr�s-midi, nous n'avons pas vu un seul soldat mettre le feu � une maison.

A Sarikeuy, que nous regagnons le soir, nous trouvons la 2e division et son �tat-major, dont nous serons les h�tes pour cette nuit. Demain, nous rejoindrons l'�tat-major g�n�ral du roi.

SOLDAT BULGARE ET SOLDAT GREC

Samedi, 5 juillet.

La 2e division a re�u l'ordre de partir pour Kiourkout. Nous quittons Sarikeuy en m�me temps qu'elle et nous nous dirigeons tout de suite vers Kilkiz.

Nous traversons de nouveau le champ de bataille, cette fois en son centre. Les cadavres sont innombrables ici comme sur les autres points.

Nous passons rapidement les ruines fumantes de la ville et nous nous dirigeons vers Sarigol, station de Kilkiz sur la ligne ferr�e de Salonique � Constantinople.

De ce c�t�, la lutte a �t� tr�s chaude aussi. Lutte d'infanterie extr�mement int�ressante. En effet, sur plusieurs kilom�tres, on peut �lire� positivement sur le terrain toutes les phases du combat et de la retraite des Bulgares. Ceux-ci ont combattu et se sont retir�s selon toutes les r�gles de l'art. En avant, vers le village, c'est d'abord une ligne continue de trous de tirailleurs, formant une longue tranch�e pour tireurs couch�s. Puis, � 25 m�tres en arri�re, une ligne de trous de tirailleurs d'une longueur de section. A la m�me hauteur, mais plus loin encore, une ligne pour une section. Et ainsi de suite les unes derri�re les autres, � 25, 30 ou 50 m�tres, suivant la configuration du terrain, les lignes se succ�dent. Ces trous de tirailleurs sont bien faits. On voit que le soldat bulgare est habitu� � remuer la terre.

Devant les lignes, l'incendie a noirci la terre. Ce sont les Bulgares qui, au fur et � mesure de leur retraite, mettaient le feu devant la ligne qu'ils abandonnaient. Le vent, en effet, chassait la fum�e vers les Grecs qu'elle aveuglait, tandis que les cendres chaudes rendaient leur marche tr�s difficile, pr�caution savante mais vaine, puisqu'elle n'a pu emp�cher les vainqueurs d'avancer.

De tout ce que nous venons de voir, il y a des conclusions � tirer:

D'abord, en ce qui concerne le soldat grec en particulier. Il vient cette ann�e de s'affirmer un soldat incomparable parce qu'en premier lieu d'une r�sistance � toute �preuve, tant au froid qu'� la chaleur. Nous l'avons vu rester, en Epire, des mois entiers dans la neige et l'immobilit� d'un si�ge, par des froids de 15� et 20� au-dessous de z�ro. Il ne s'est jamais plaint, et les maladies l'ont tr�s peu visit�. Jamais ce froid ne l'a emp�ch� de combattre ni de donner tous les efforts que ses chefs lui demandaient.

Maintenant, c'est le contraire. La chaleur est torride. Nous avons, au milieu de la journ�e, de 30� � 35� � l'ombre, ce qui fait des 45� et 50� au soleil. Par ces temp�ratures effrayantes, il marche, il se bat, il poursuit... Ses chefs eux-m�mes sont �tonn�s.

Le secret de cette r�sistance?--Sa sobri�t� extr�me.

Le soldat grec ne boit jamais que de l'eau. Il �prouve un irr�sistible d�go�t physique pour l'alcool. Cette sobri�t� fait qu'il est aussi sain d'esprit que de corps. Son moral est donc parfait, son enthousiasme indescriptible.

C'est pour toutes ces raisons que la marche en avant d'une arm�e compos�e de tels soldats, au surplus d'une rare intelligence et d'une grande souplesse d'esprit, est si foudroyante et tellement irr�sistible.

Une constatation d'ordre plus g�n�ral est encore � faire:

Nous avons vu que les Bulgares se sont partout d�sesp�r�ment accroch�s au terrain et l'ont m�me fait avec beaucoup d'art. Pourtant, les Grecs ont enlev� toutes leurs positions d'assaut, sans, de leur c�t�, faire le moindre travail de sape, sachant seulement utiliser le terrain. L'�lan a donc triomph� du retranchement. Et il en sera toujours ainsi lorsque l'assaillant sera intelligent et souple. C'est seulement s'il est lourd et de mouvements massifs et lents, qu'il se laissera fatiguer par cette suite ininterrompue de petites r�sistances inattendues, qui finiront tr�s vite par briser son �lan et le mettront � la merci du d�fenseur passant alors r�solument � l'offensive.

LA PRISE DE DO�RAN

Dimanche, 6 juillet.

Do�ran est pris. L'extr�me gauche de l'arm�e grecque est donc victorieuse comme l'aile droite et comme le centre. Dix canons de 87mm ont �t� enlev�s, des munitions en quantit� et tous les vivres amass�s � la gare et dans la ville de Do�ran, soit 400.000 oques de farine (l'oque fait environ 1.200 gr.), 200.000 de fourrages, 100.000 de galettes, 50.000 de riz, 20.000 de haricots, 20.000 de sucre.

Les hommes, ici, trouvent cela tout naturel. Comme nous nous �tonnons que l'annonce de cette nouvelle victoire semble n'impressionner nullement quelques evsones: �Eh quoi? nous r�pondent-ils. Pourquoi ferait-on la guerre, alors, si ce n'�tait pour prendre des canons, du mat�riel et toutes sortes d'autres choses � son adversaire?�

Si la victoire semble aux soldats grecs une chose toute naturelle, il faut cependant bien remarquer qu'elle n'�tait pas si facile � obtenir, et qu'elle constitue pour l'arm�e grecque un triomphe sans pr�c�dent encore pour elle, triomphe dont la pr�paration scientifique place son roi-g�n�ralissime et son �tat-major sur la m�me ligne que les tout meilleurs g�n�raux d'Europe, et dont la r�alisation pratique met l'officier et le soldat grec au niveau des officiers et soldats des meilleures arm�es modernes.
Jean Leune.



DE BERNE A MILAN PAR-DESSUS LES ALPES

Le beau raid de l'aviateur suisse Bider, qui, tout r�cemment, a r�ussi � voler de Berne � Milan en traversant les Alpes, comptera parmi les plus audacieuses prouesses a�riennes de ces derniers mois, qui en furent prodigues. Par bonne fortune, le passage de l'aviateur au-dessus de la cime c�l�bre de la Jungfrau, � une heure fort matinale, eut un t�moin muni d'un appareil photographique: gr�ce � lui, il nous est aujourd'hui permis de montrer par l'image l'instant le plus solennel peut-�tre de la p�rilleuse randonn�e. Le clich� reproduit ici, dont nous devons la communication, accompagn�e d'int�ressants commentaires, � M. Ed. Bauty, directeur de la Tribune de Gen�ve, a �t� pris par M. Liechti, directeur du chemin de fer de la Jungfrau, � la station du Jungfraujoch, qui se trouve � 3.457 m�tres d'altitude, au milieu des glaciers et des neiges.


L'aviateur suisse Bider survolant la Jungfrau.
--Phot. de M. l'ing�nieur Liechti.

Oscar Bider, qui est d'origine bernoise, a voulu avant tout, par cet exploit, accomplir une oeuvre patriotique. Sans le moindre esprit de r�clame, sans tapage aucun, il a tenu � montrer le r�le que pouvait jouer l'aviation en Suisse et � prouver que les sommets les plus �lev�s n'�taient pas un obstacle pour un pilote r�solu. Aussi bien son monoplan, un Bl�riot, portait-il, en mani�re de symbole, sur chacune de ses ailes, la croix f�d�rale sur champ rouge.

C'est le dimanche 13 juillet, � 4 h. 08 du matin, que Bider a quitt� Berne. Il s'�levait imm�diatement � une grande hauteur. A 6 h. 07. il passait au-dessus du col de la Jungfrau, � 6 h. 11, au-dessus de la cabane Concordia, � 6 h. 20, au-dessus de l'Eggishorn. Puis, il disparaissait dans la vall�e pour atterrir � 6 h. 40 � Domodossola, en Italie, � l'endroit m�me o� l'infortun� Chavez et Bielovucic �taient arriv�s, apr�s avoir d�crit trois immenses cercles en vol plan�.

R�approvisionn� en huile et en benzine, et son appareil mis au point, quatre minutes plus tard, Bider repartait pour Milan o� il atterrissait � 8 h. 42: il avait couvert environ 280 kilom�tres, en quatre heures et demie.

L'aviateur avait eu beaucoup � souffrir du froid, ayant rencontr� des temp�ratures de 10� � 15� au-dessous de z�ro. Mais la r�ception enthousiaste qu'il re�ut, � Milan, du maire et des principales notabilit�s le r�compensa de tous ses efforts.

Le raid de Bider a �t� tr�s remarqu� en Suisse, et il n'est pas douteux qu'il ne donne un grand �lan � l'oeuvre de l'aviation militaire, qui est en ce moment m�me l'objet d'une grande souscription nationale.



CE QU'IL FAUT VOIR

EN PROVINCE

X... les-Bains. C'est une chose deux fois bienfaisante pour un Parisien qu'un s�jour de trois semaines au bord d'une source. Il s'y repose, et il s'y instruit. Il s'y instruit en regardant les gens, en �coutant les propos de la rue, du petit caf�, de la boutique; en explorant tout doucement, le b�ton de marche � la main, le coin de pays o� l'ont provisoirement fix� tant�t les prescriptions du m�decin, tant�t une simple fantaisie, l'id�e fixe d'essayer sur soi-m�me ces eaux de X...-les-Bains, dont tant d'amis vous ont vant� les bienfaits... Mais le moins d'automobile possible, n'est-ce pas, si nous avons la curiosit� sinc�re de nous instruire. On ne se renseigne pas en courant, et l'homme qui vraiment veut voir est un pi�ton. L'automobiliste, c'est surtout quelqu'un qui veut avoir vu.

Je vous disais, il y a huit jours, quel �mouvant et d�licat plaisir peut �prouver un voyageur, venu de nos boulevards, � se promener parmi des paysans, � causer avec eux, sur le bord de la route, ou sous une tonnelle de village, devant une bouteille de vin frais. Ces gens �qui ne savent rien� savent tant de choses que nous ne savons pas, et leurs seules fa�ons d'exister sont d�j� pour nous des le�ons d'id�es si int�ressantes! Je commence cependant � m'apercevoir qu'apr�s un livre sur le Paysan il y en aurait un autre, bien curieux aussi,--mais curieux de tout autre mani�re, � �crire sur le Provincial; j'entends le citadin, l'habitant de nos pr�fectures ou de nos chefs-lieux d'arrondissement.

L'une de ces pr�fectures est toute proche d'X...-les-Bains; et je ressentis comme une stupeur, la premi�re fois que j'en vis se pr�cipiter vers nous les habitants. C'�tait un dimanche; et, m�lancolique, un peu d�daigneux, mon h�telier me dit: �C'est comme �a tous les dimanches, monsieur.� Les h�teliers d'X...-les-Bains n'aiment pas leurs voisins de �la ville�. Les gens du Casino non plus. Ils leur reprochent d'�tre en ce tranquille coin d'Auvergne un peu trop �chez eux�; d'y tenir, les jours de f�te surtout, un peu trop de place; d'y faire un peu trop de bruit. Ils �taient assez bruyants, en effet, nos envahisseurs; et il fut visible, d�s le commencement de l'apr�s-midi, que les baigneurs s'�taient enfuis devant cette cohue, la laissant ma�tresse des terrasses, de la �Restauration, des bancs du jardin, des chaises de la Musique. Et je consid�rai ce spectacle avec surprise, vraiment. Quoi! c'est ainsi que s'endimanchait une foule de grande ville, � la fin de juillet 1913? O� donc les modistes de Z... ont-elles la t�te, et qu'est-ce qu'ont appris, depuis un an, les couturi�res de ce chef-lieu, si elles ignorent: les unes, que les chapeaux parasols qui obligeaient les femmes � ne monter en voiture que de biais, et t�te baiss�e, ne se portent plus depuis pr�s d'un an et demi; les autres, qu'une toilette n'est rendue jolie ni par la complication des ornements, ni par la juxtaposition de couleurs qui ne demandaient qu'� ne pas se rencontrer? Ah! ces d�mes de feutre et de paille, enguirland�s de tant de fruits! Ah! ces �drap�s�! Et ces revers de jaquette, et ces martingales, dont on a pens�: �C'est vif de ton, mais cela �gay� une toilette�--et qui �gayent surtout ceux qui les regardent passer. Je pensai: �Allons � la ville regarder leurs magasins. Ce doit �tre extraordinaire.� Et je m'en fus � la ville. Et je vis quelque chose d'extraordinaire, en effet.

Je vis des devantures o� s'offraient, dispos�s avec un go�t tr�s s�r, les plus agr�ables �chantillons des derni�res modes de Paris; des magasins dont quelques-uns pourraient �tre transport�s tels quels en nos plus �l�gants quartiers, et qui y feraient bonne figure; des �talages de chemisier, de ling�re, de modiste o� s'affirmaient la connaissance la plus exacte, le plus minutieux souci des prescriptions de nos modes, et non pas de celles d'hier, mais bien de celles d'aujourd'hui,--voire de demain. Je vis mieux encore: je vis passer des femmes d'�l�gance charmante, v�tues et par�es comme le sont les plus averties des n�tres.

--Des Parisiennes, peut-�tre? demandai-je � l'ami qui m'accompagnait.

--Du tout. Des femmes d'ici. Je les connais.

--Alors je ne comprends pas. Mon ami se mit � rire.

--Vous n'entendez rien � la Province, dit-il. Vous la connaissez mal, et vous ne la comprenez pas. Vous ne l'avez pas vue �voluer.

� Il n'y avait autrefois, hors Paris, qu'une Province... c'est-�-dire une masse homog�ne qui avait, en chaque r�gion, son caract�re propre, ses habitudes de vie, sa physionomie, et que marquaient, en dehors de ces traits particuliers, un certain nombre de traits g�n�raux qui �taient ceux de la �Province� fran�aise. Qu'un bourgeois provincial habit�t une toute petite ville ou une importante pr�fecture, et qu'il y f�t un gros industriel ou un petit marchand, il �tait un type reconnaissable, et parfaitement distinct du type parisien. Et ces particularit�s d'aspect, de mani�res, de mentalit�, on les retrouvait autour de lui, chez sa femme, chez ses enfants, chez ses domestiques, la vie de province ne marquait pas seulement les personnes de son empreinte; elle la mettait sur les choses. Un auteur dramatique pr�occup� de v�rit� n'e�t pas permis qu'� la sc�ne le salon d'une riche dame de Valenciennes ou de Libourne et celui d'une bourgeoise ais�e de l'avenue de Villiers fussent meubl�s et d�cor�s de fa�on pareille. Il lui e�t sembl� n�cessaire que, dans le d�tail de sa toilette, si l'on peut dire, le premier retard�t un peu sur le second. Ces distinctions ont cess�, en partie du moins, d'�tre vraies.

--Pourquoi �en partie�?

--Parce qu'il y a aujourd'hui deux Provinces: une Province de moyenne et petite condition, dont la physionomie n'a presque point chang�; qui retarde un peu sur Paris, de toutes sortes de mani�res; celle qui vient promener, le dimanche, � X...-les-Bains, les toilettes et les chapeaux qui vous font tant souffrir, et dont Huard continue d'�tre--implacablement!--le portraitiste fid�le... Et puis il y a l'autre Province, qui compose en chaque ville comme un groupe nettement distinct et d�tach� du premier, et en constitue, pour ainsi parler, la partie parisienne.

--Les riches?

--Oui, les riches; et puis aussi tous ceux et toutes celles qui, par leur �ducation, leur origine, les conditions de leur m�tier et de leurs fonctions, leur peuvent �tre assimil�s. Cette �lite-l� n'ignore rien des modes de Paris, de vos toilettes, de vos pi�ces � succ�s; elle suit vos journaux, re�oit vos livres; elle a, parmi vous, des amis et de la famille; elle vous fait visite plusieurs fois par an; et, si la ville qu'on habite est � moins de deux cents kilom�tres de Paris, les femmes les plus raisonnables de cette ��lite� n'h�siteront pas � faire le voyage une fois par semaine, pour essayer une robe, voir la pi�ce nouvelle, et se faire bousculer dans le magasin de nouveaut�s o� d'exceptionnelles occasions leur sont promises par quelque irr�sistible catalogue, re�u la veille...

� Cette Province-l� en tra�nera-t-elle l'autre � sa suite, et verrons-nous nos villes, petit � petit, se parisianiser tout enti�res? C'est bien possible.

--Ne le souhaitons pas, dis-je. Une toilette ridicule, un chapeau dont la mode est pass�e sont des choses p�nibles � voir... Mais n'oublions pas que ces laideurs sont l'indice d'ing�nuit�s, d'indiff�rences, d'ignorances qui ont leur prix; et qu'il y a des vertus qui se concilient ma! avec un souci trop minutieux de l'�l�gance. Le jour o� toutes les Fran�aises sauraient au juste quel chapeau �il faut porter�, je crois que pas mal de Fran�ais seraient � plaindre...
Un Parisien.



AGENDA (26 juillet au 2 ao�t 1913)

Expositions artistiques.--Paris: Galerie Georges Petit (8, rue de S�ze): le 31 juillet, cl�ture de l'exposition des petits ma�tres de 1830.--Province: expositions � Vichy, Douai.--Etranger: Ostende, Spa, Cand, Florence.

Congr�s.--Le 6e congr�s international d'a�ronautique s'ouvrira le 4 ao�t � Gand.

Concours hippique.--Le concours hippique de Caen, organis� par la Soci�t� hippique de la basse Normandie, se tiendra les 27, 28 et 29 juillet. Le 27 juillet, concours militaire (prix des Unitorrnes); le 28, prix de classe; concours militaire, prix des Dames; le 29, prix de la Coupe.

Sports.--Courses de chevaux: le 26 juillet, le Tremblay; le dimanche 27, Maisons-Laffitte (prix Eug�ne Adam, Omnium de deux ans); le 28, le Tremblay; le 29, Chantilly; le 30, Vincennes; le 31, le Havre; le 2 ao�t, Deauville.--Automobile: le grand meeting automobile de la Sarthe s'ouvrira le 2 ao�t par la coupe internationale des motocyclettes et motocycles; le 5, Grand Prix de France.--Yachting: les r�gates de la baie de la Somme auront lieu le 3 ao�t, � Saint-Valery-en-Caux.--Athl�tisme: le 27 juillet, au Parc des Princes, challenges nationaux de la F�d�ration des Soci�t�s athl�tiques professionnelles de France;--Tennis: le 28 juillet, � Dieppe, tournoi annuel, championnats internationaux.--Cyclisme: le 27 juillet, au Parc des Princes, arriv�e de la course du tour de France; course de primes, prix du tour de France, match de tandems; le 31 juillet, au V�lodrome Buffalo, r�union nocturne, course � l'Am�ricaine.--Natation: le 26 juillet, � l'�le des Cygnes, championnats militaires, prix du Ministre de la Guerre; le 3 ao�t, de l'�cluse de la Monnaie � l'�le des Cygnes, championnat f�minin de Grand Fond.--Tir aux pigeons: le tir aux pigeons de Deauville fera sa r�ouverture le 29 juillet.



LES LIVRES & LES �CRIVAINS

Suffragettes

M. Philippe Millet, qui vient d'�crire un livre si fin, si vrai, si ing�nieusement spirituel sur les suffragettes (2), ne veut cependant pas de mal � ces adversaires--organis�s et conscients--du sexe fort. M�me, il d�plore, en sa pr�face, que des gens, de plus en plus nombreux, expriment pieusement le souhait de voir fouetter en place publique ces dames agit�es. Il s'attendrit, et nous devons le croire sinc�re, sur le sort des militantes �qui expient aujourd'hui, dans les prisons de Sa Majest�, des d�lits relativement inoffensifs�. Car, vous entendez bien, M Philippe Millet qualifie ces d�lits de relativement inoffensifs. Et cela vous para�trait sans doute d'une redoutable indulgence si ce n'�tait plut�t d'une inlassable galanterie. Incendier des villas m�me habit�es, an�antir des oeuvres d'art, oublier des bombes dans des �tablissements publics, ou dans des bo�tes aux lettres, se jeter dans les jambes d'un cheval de course et sacrifier sa vie pour faire panacher le jockey du roi, tout cela n'est que jeu de dames, sans cons�quence et sans malice. D'avance, M. Millet absout.

Note 2: Jenny s'en va-t-en guerre, Bernard Grasset, �diteur, 3 fr. 50.

Eh bien, lisez le livre de M. Philippe Millet et vous aurez bien s�r cette conviction que Jenny s'en va-t-en guerre ne pardonnera pas de si t�t, elle, � M. Philippe Millet tout le talent qu'il lui consacre. Car, vraiment, si le suffragisme r�siste aux coups droits de tant de verve, c'est que le suffragisme est fort, tr�s fort, et qu'il aura raison de la raison des hommes.

Une autre partie du livre de M. Philippe Millet s'intitule �la Mort du Roi�. Ce sont encore des sc�nes anglaises vues et bien vues par un observateur qui sent � merveille le pittoresque populaire de Londres dans le deuil comme dans la joie. �Un Fran�ais qui s'arr�te sur le trottoir de Londres sourit parfois en regardant passer la foule: il finit toujours, s'il est sinc�re, par trouver quelque raison d'admirer.� M. Philippe Millet a regard� passer la foule anglaise. Il a souri et n'a point voulu garder pour lui seul ce sourire. Mais, si l'on en juge par la sinc�rit� de son humour, on sent bien qu'il n'a point cess� d'admirer.

Amours d'automne

Le Beau couchant, Au Soleil couchant(3), tels sont les titres presque identiques de deux livres qui, chacun avec sa forme et son art personnels, �voquent le romanesque att�nu� et tendrement m�lancolique des amours d'automne.

Note 3: Plon, �diteur, chaque vol. 3 fr. 50.

Le Beau couchant, de M. Georges Delaquys, fut publi� par L'Illustration il y a peu d'ann�es. Nos lecteurs n'ont pas oubli� cette aventure, chastement passionn�e, de deux �mes d'�lite qui, sur le tard, entreprennent de rattacher � la r�alit� leurs illusions d�clinantes sous le couvert de la grave arch�ologie et se trompent quelque peu l'une l'autre � l'aide de touchants mensonges �pistolaires. Il se trouve que la correspondante de M. G�rard Landrillon, pr�historien r�put�, engag� au fatal tournant de la cinquantaine, mais peu soucieux de l'avouer, est elle-m�me une beaut� m�rissante, mais peu encline � confesser son �ge et que le devoir a confin�e dans un int�rieur claustral de Provence. Vous devinez que tout s'arrange et qu'il y a pour d�nouer l'idylle une rencontre attendrissante. Mais le tableau de ces amours attard�es conserve la gr�ce joliment surann�e d'un pastel ancien. Du livre de Mlle Mathilde Alanie: Au Soleil couchant, nous ne pouvons aussi penser que le plus grand bien, puisque deux des sept ou huit exquis petits romans contenus dans ce volume: �Bal blanc� et �la Soutane de l'abb� Constantin�, ont �t� publi�s par nous en leur in�dit. Dans �Bal blanc�, le d�licat et charmant �crivain nous explique, avec son tact amus�, l'�panouissement tardif d'un roman de jeunesse.

--Vous �tes, dit le commandant Lafar�de � Mlle Aurore Tiercin, vous �tes la premi�re femme que j'ai aim�e... Il y a vingt-cinq ans, je vous demandai en mariage. Vous m'auriez accept� si mes intentions vous avaient �t� transmises... Reprenons les choses au point o� elles en sont rest�es... Mademoiselle Aurore, j'ai l'honneur de solliciter votre main.

Et voici que l� encore la vie, apr�s un long arr�t, recommence avec l'amour. Ces amours d'automne, les romanciers trop souvent les ont cruellement raill�es, car l'automne, disent-ils, n'est plus le temps des amours. Il s'agirait plut�t de s'entendre sur le caract�re et la qualit� des amours. Les amours d'automne ne sont point les amours de printemps. On ne saurait les humilier par une comparaison ni les diminuer en les soumettant � une mesure. Les amours d'automne sont autre chose, voil� tout!
Alb�ric Cahuet.




            Pierre Cusset.--Phot. Pierre.

UN JEUNE SAUVETEUR

Les journaux ont cont�, r�cemment, l'acte de courage de ce gar�on de treize ans, dont nous donnons ici la photographie. Le jeune Pierre Cusset, fils du capitaine de fr�gate Cusset, chef de la 2e section de la Pr�fecture maritime, � Brest, se trouvait aux bains du casino de Kermor, et allait regagner le rivage, lorsque des cris, des appels d�sesp�r�s, l'arr�t�rent: un baigneur, � 50 m�tres au large, se noyait. Sans h�siter, Pierre Cusset se mit � nager vigoureusement et parvint � rejoindre l'homme qu'une soudaine congestion venait de frapper: le capitaine Favarelli, du 6e r�giment d'infanterie coloniale. Et l'on put voir l'enfant, dont les forces, peu � peu, s'�puisaient, soutenir l'officier, jusqu'au moment o� le ma�tre nageur de l'�tablissement arriva en barque pour recueillir le vaillant sauveteur et celui que son �nergie, son sang-froid avaient conserv� � la vie.



DOCUMENTS et INFORMATIONS

Le latin devenu la langue des Peaux-Rouges.



Les Peaux-Rouges se civilisent de plus en plus, et ceux que l'on rencontre parfois dans les cirques europ�ens sont peut-�tre encore moins d�g�n�r�s que leurs grands fr�res parqu�s par le gouvernement des �tats-Unis dans la r�serve du Yellowstone Park, dans l'espoir de conserver la race.

D�tail peu connu et qui frappe particuli�rement les Europ�ens voyageant au Canada, les Peaux-Rouges du Nord ont totalement oubli� l'idiome d'Oeil de Faucon. Ils parlent � peine l'anglais et gu�re mieux le fran�ais; mais ils s'expriment correctement en latin. Et c'est dans la langue de Cic�ron que les touristes conversent avec les jeunes squaw, habill�es comme des Parisiennes, qui leur montrent les curiosit�s du pays, dont une des principales est un grand chef Peau-Rouge �tabli � Indian Laurette, � 80 kilom�tres au nord de Qu�bec... comme notaire.

La chose s'explique par l'influence du clerg� dans la province de Qu�bec, lequel s'efforce de vulgariser parmi ses ouailles la langue des psaumes jusqu'ici d�daign�e par les auteurs modernes qu'il consid�re comme dangereux.


Le pont, interdit � la circulation, quelques minutes avant l'accident: de profondes fissures sont visibles, � droite et � gauche de la pile.--Phot. Girard.

L'effondrement, dans la Loire, de la derni�re pile, entra�nant celui de tout l'ouvrage.--Phot. Girard.

Apr�s la chute du pont: seule la derni�re pile �merge, tandis que les rails du tramway, les c�bles �lectriques et les conduites d'eau relient toujours les deux rives.--Phot. Thuret.

l'�croulement du pont maudit a nantes

Un pont s'�croule a Nantes.



Un accident d'une nature assez rare vient de se produire, la semaine derni�re, � Nantes: un des vieux ponts de la ville, appel� le pont Maudit, s'est �croul� mercredi, dans la Loire. Comme depuis la veille il mena�ait ruine, qu'une des pierres de sa vo�te d�j� s'�tait d�tach�e, la circulation y avait �t� interdite. Mais il est heureux que l'accident ne se soit pas produit le 14 juillet, o�, le soir, une foule �norme �tait mass�e sur le pont pour contempler le feu d'artifice: c'e�t �t� une catastrophe effroyable.

Il va toutefois r�sulter de cet accident une g�ne consid�rable pour le grand port. Le pont Maudit faisait partie, on effet, d'une ligne de ponts qui r�unit le centre de la ville, �tabli sur la rive droite de la Loire, au quartier commer�ant et industriel de la Prairie aux Ducs, o� sont install�s nombre d'usines, d'entrep�ts, de grandes maisons de n�goce.

Le nom, assez �trange, de l'ouvrage d�truit avait une amusante origine. Son �tablissement avait �t� r�clam�, en 1779, par les habitants de l'�le Feydeau, situ�e au milieu de la Loire, tous gens opulents, grands armateurs, et plus ou moins marchands de �bois d'�b�ne�, b�tisseurs des magnifiques h�tels qu'on admire encore aujourd'hui sur ce point de la vieille cit�, qui se plaignaient d'�tre isol�s, demandaient l'�tablissement d'une passerelle en charpente entre leur rive et celle de l'�le Gloriette, leur voisine, elle-m�me r�unie � la rive du fleuve; ils offraient de payer une, partie des frais de la construction. L'administration municipale ne put s'entendre avec eux. Le pont cependant fut construit, aux seuls frais des int�ress�s qui se veng�rent de leur d�convenue en l'appelant le Maudit Pont.

L'ouvrage qui vient de dispara�tre, pont de pierre d'une seule arche qui avait remplac� l'ancienne passerelle et dont les d�bris encombrent maintenant le lit de la Loire, ne remontait pas si haut. Il avait �t� reconstruit, en dernier lieu, en 1841,--mais, chose curieuse, toujours aux frais des habitants, en grande partie du moins.

Un m�dicament nouveau: la S. T. C.



Un m�decin allemand, le docteur Hammer, de Stuttgart, assure qu'il obtient couramment les meilleurs r�sultats curatifs en pansant les plaies suppurantes et les l�sions ulc�r�es avec une poudre de son invention, � laquelle il a donn� le nom de S. T. C. Ces trois lettres dont l'assemblage a quelque chose de myst�rieux sont les initiales de trois mots latins, scobis tosta cribrata qui signifient �sciure de bois grill�e pass�e au crible�. Il s'agit, en effet, tout simplement de sciure de bois dur, ass�ch�e au four, puis finement tamis�e et qui poss�de, para�t-il, des propri�t�s absorbantes tout � fait remarquables. Apr�s avoir employ� syst�matiquement ce produit pendant plusieurs ann�es, M. Hammer publie � son sujet des observations de malades tout � fait concluantes et des statistiques de gu�risons devant lesquelles on ne peut moins faire que s'incliner. La S. T. C. d�tr�nera-t-elle la poudre de charbon de bois et la cendre de paille de riz dont les m�decins japonais ont fait usage pendant la guerre contre les Russes? Fera-t-elle une concurrence heureuse au sucre en poudre que pr�conisent certains chirurgiens d'Am�rique? Arrivera-t-elle � supplanter le pansement � la tourbe s�ch�e qui eut nagu�re des d�fenseurs enthousiastes? On ne saurait se prononcer sur ce point, mais la S. T. C. de Hammer a pour elle l'originalit� de son nom de bapt�me: il n'en faut pas davantage pour l'imposer � l'attention.

Emploi du sel marin comme engrais.



Les agronomes s'accordent g�n�ralement � admettre que le sel marin joue, vis-�-vis des plantes, le r�le d'un v�ritable poison. Cependant, il semble bien que cette opinion doive �tre tenue pour excessive, ou tout au moins trop absolue: on effet, malgr� la salure qui les caract�rise, les terrains bas avoisinant la mer ne sont pas n�cessairement st�riles, puisque certaines plantes peuvent y vivre et s'y d�velopper, probablement en vertu d'une sorte d'accoutumance, gr�ce � laquelle elles finissent par s'adapter � leur milieu. Il est, du reste, tr�s vraisemblable a priori qu'il en doit �tre du sel comme de la plupart des substances m�dicamenteuses; n�fastes quand on les absorbe � doses massives, elles sont au contraire bienfaisantes quand elles sont donn�es on quantit� convenable � l'organisme.

C'est ce que paraissent d�montrer des recherches poursuivies depuis quatre ans en Hongrie, � la station agronomique royale de Magyarovar et dont M. Janesco B�la vient de publier le compte rendu. Sans vouloir entrer dans le d�tail des exp�riences institu�es � ce sujet, il convient de noter qu'en terre meuble, complant�e de betteraves � sucre, l'�pandage en ligne de 175 kilos de sel brut par hectare a fait accro�tre de 14.000 kilos le rendement en poids des tubercules r�colt�s: si l'avenir confirme les esp�rances des observateurs hongrois en d�montrant que le rondement en sucre est augment�, lui aussi, ou tout au moins qu'il n'est pas diminu�, nul doute que l'emploi du sel comme engrais ne se g�n�ralise tr�s vite. Pour le moment, tout ce qu'il est permis d'en dire, c'est qu'un important probl�me agricole se trouve d�sormais pos� et qu'il faut souhaiter pour lui une solution aussi prochaine que possible.

La dur�e des rails en acier.



On tend de plus en plus � substituer l'acier au fer dans toutes les branches d'industrie, et le P.-L.-M. vient d'annoncer qu'apr�s 1913 il n'existera plus de voies principales en fer sur son r�seau.

Les rails en acier r�sistent au moins deux ou trois fois plus longtemps que les rails en fer. On a calcul�, en effet, que, sur les sections en palier ou en pente l�g�re, ils s'usent d'environ 1 millim�tre de hauteur par 110.000 trains. Le rail pouvant rester en service jusqu'� ce qu'il ait perdu 15 millim�tres d'�paisseur, cette dur�e correspond au passage de 1.500.000 trains.

Lampe pour percer le brouillard.



On exp�rimente en ce moment un dispositif de lampe qui permettrait aux rayons lumineux de traverser le brouillard beaucoup plus facilement que le fait la lumi�re des lampes propos�es jusqu'ici. Le r�sultat est obtenu simplement en pla�ant devant une lampe � incandescence un verre d'une teinte vert jaune sp�ciale.

D'autre part, un r�flecteur parabolique on verre argent� projette, en m�me temps que la lumi�re, une chaleur suffisante pour �viter la formation du givre sur le verre qui s�pare la lampe de l'atmosph�re. Un joint herm�tique en tresse de chanvre emp�che en outre la p�n�tration de l'humidit�.

A propos de la l�gion �trang�re.



Nous avons, dans l'article de notre dernier num�ro sur la l�gion �trang�re, cit� les belles paroles prononc�es au cours d'un des derniers banquets de l'Alliance coloniale fran�aise par le pr�sident des Anciens de la l�gion �trang�re, M. Maurer,--et non point M. Candau-Maurer, comme il avait �t� inexactement �crit.



P�LERINAGE SPORTIF


La b�n�diction des automobiles, �
Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne).

Saint Christophe est, nul n'en ignore, le patron des automobilistes. Or, bien longtemps avant que roul�t le plus d�mod� des �tacots�, plusieurs communes, paroisses et localit�s de France �taient plac�es sous la protection du charitable Christophore. Or, le cur� de l'une de ces paroisses, Saint-Christophe-le-Jajolet, dans l'Orne, M. l'abb� Thuault, inaugurant, dimanche dernier, une statue �rig�e au saint patron de son �glise, avait eu l'id�e d'organiser, ce jour-l� et � cette occasion, un p�lerinage de chauffeurs. Nombreux furent ceux qui r�pondirent � son invite, et, � la date fix�e, la petite bourgade, qui n'a gu�re, en tout, que quatre cents habitants, �tait soudain envahie par les v�hicules automobiles les plus divers, limousines ou landaulets aristocratiques, teufs-teufs sans pr�tention, et jusqu'� de robustes camions automobiles.

Processionnellement, de la petite �glise on se rendit � la place o� s'�rige la statue du saint, au-dessus de laquelle flottaient, en ce dimanche de f�te, des �tendards tricolores. Les autos, � petite vitesse, suivaient, en longue th�orie, au chant des hymnes et d'un cantique de circonstance, la foule des fid�les, les gymnastes de la localit�, portant eux-m�mes sur un brancard, une statuette de saint Christophe. C'�tait un spectacle infiniment pittoresque et original.

Le cort�ge s'arr�ta tout autour de la place. L'encens monta dans l'air, les chants se lurent, et l'abb� Thuault b�nit, avec la foule agenouill�e, les autos rang�es, immobiles et silencieuses, en demi-cercle devant lui.

Les chauffeurs ont d�sormais leur Mecque.



M. LOUIS BARTHOU ET �LES TROIS ANS�

La loi militaire fixant de nouveau � trois ans la dur�e du service a �t� enfin vot�e, � la Chambre des d�put�s, samedi dernier, en une s�ance de nuit, par une imposante majorit�: 358 Voix contre 204. Les clameurs qui, au del� des fronti�res, ont ponctu� sa longue discussion et salu� son adoption sont le plus s�r indice de sa n�cessit�, de son excellence.

Le pays, en ces temps derniers, avait � maintes reprises manifest� � cet �gard son sentiment. Il ne sera point parcimonieux de sa reconnaissance envers ceux qui viennent de lui assurer cette garantie de paix dans la dignit�: on en peut voir la preuve dans la popularit� grandissante qui, depuis le commencement des d�bats parlementaires sur ce grave sujet, s est attach�e au nom de M. Louis Barthou, pr�sident du Conseil, d�s qu'on reconnut en lui, dans cette discussion de pr�s de deux mois--elle commen�a le 2 juin--le d�fenseur le plus convaincu, le plus chaleureux, le plus vaillant du projet d�pos� le 6 mars par le cabinet Aristide Briand, et qu'il avait �nergiquement fait sien.

Cette victoire patriotique, en effet, est pour la plus grande part l'oeuvre de M. Louis Barthou.

Pendant cette longue bataille, il eut � tenir t�te � des adversaires non moins r�solus qu'il l'�tait lui-m�me, intelligents, d'ailleurs, et bien arm�s, qui lui ont oppos�, apr�s des violences calcul�es, d'insidieuses th�ories et des arguties de casuistes. A leurs attaques furieuses il a fait t�te avec un sang-froid magnifique, un esprit d'�-propos jamais en d�faut, une rare vigueur d'intelligence, et, par-dessus tout, une cr�nerie superbe, un courage civique qu'on ne saurait trop louer; car quelle vraie bravoure ne lui fallut-il pas, pour opposer, � des arguments de r�union publique souvent, d'autres fois � une obstruction qui e�t paru pu�rile si elle n'avait �t� si dangereuse, le langage de la saine raison, de la conscience, et r�sister victorieusement � cette tactique de surench�res d�magogiques dont nous n'avons d�j� que trop �prouv� les d�sastreux r�sultats.

De toute la bataille, il n'a pas abandonn� un moment le poste le plus p�rilleux qui f�t, face � l'ennemi irr�ductible, le chargeant avec une furia toute fran�aise, intervenant � chaque s�ance, � chaque instant, soutenant avec une �tonnante vigueur la t�che la plus �crasante, tour � tour spirituel, �loquent, �mouvant, persuasif enfin, et t�moignant d'une endurance physique �gale � sa verdeur intellectuelle, soutenu, exalt� par l'id�e du noble devoir qu'il assumait devant la France.

Certes, bien avant cette �preuve, les magistrales qualit�s d'homme politique de M. Louis Barthou n'�taient point m�connues, m�me de ses rivaux ni de ses adversaires. Dans les circonstances graves, d�cisives pour l'avenir de la patrie, o� il vient de jouer ce r�le �minent, il s'est r�v�l� comme l'�gal des plus grands parlementaires dont s'enorgueillissent les fastes de nos assembl�es.



L'ACH�VEMENT DU BOULEVARD HAUSSMANN

A diverses reprises nous avons entretenu nos lecteurs du projet d'ach�vement du boulevard Haussmann; nous avons, notamment, indiqu� la combinaison financi�re agr��e par le Conseil municipal et nous avons donn� un plan d�taill� montrant le p�rim�tre des immeubles � exproprier et les alignements de la voie future. La photographie, prise en dirigeable, que nous publions d'autre part ach�ve de fixer les id�es; mieux que le plus pr�cis des plans, elle montre, tel qu'il se pr�sente aujourd'hui, le groupe d'immeubles � abattre entre le terminus actuel du boulevard Haussmann et le boulevard Montmartre.

Rappelons que les immeubles atteints par le trac� sont les suivants:

Boulevard des Italiens: nos. 2, 4, 6, 8, 10, 12;

Rue Le Peletier: nos. 6, 2, 4, 9, 7, 5;

Rue Laffitte: nos. 8, 10, 12, 14, 11, 9, 7, 5;

Rue Taitbout: nos 10, 14, 16, 18, 20, 22, 24.

Dans quelques semaines, sans doute, les d�molitions vont commencer. Le 24 avril dernier, la concession de cette vaste op�ration a �t� prononc�e au profit de MM. Rivaud, Hesse et Gravelotte; et, ces jours derniers, le Conseil d'�tat a donn� l'avis favorable n�cessaire pour prendre le d�cret approuvant l'adjudication et autorisant les expropriations.

Aux termes du cahier des charges, le concessionnaire payera les immeubles acquis � l'amiable ou par voie d'expropriation; il effectuera tous les travaux de d�molition, et supportera les frais des travaux d'�tablissement de la voie publique, ces derniers devant �tre ex�cut�s par la ville. Enfin, sur les parcelles expropri�es, non utilis�es pour le boulevard et qui deviendront sa propri�t�, il sera tenu d'�lever dans le d�lai de trois ans, � partir de la mise en possession, des immeubles r�pondant aux n�cessit�s esth�tiques que comporte le contre de Paris.

La Ville lui allouera une subvention de 25 millions, si la d�pense totale de l'op�ration atteint 50 millions. Si ce chiffre est d�pass�, la subvention sera augment�e d'une fraction qui ne pouvait �tre sup�rieure aux 40/100 de la d�pense, et que l'adjudication a fix�e � 5/100. Gr�ce au rabais �norme consenti par le concessionnaire, l'op�ration pr�sente pour la Ville un al�a minime. En admettant, en effet, que la d�pense atteigne 100 millions au lieu de 50, le suppl�ment de subvention sera seulement de 2.500.000 fr.

Ajoutons que toutes les indemnit�s, fix�es � l'amiable ou r�gl�es devant le jury, seront acquitt�es par la Caisse municipale avec les fonds pr�alablement vers�s par les concessionnaires.



UN MONUMENT A G�ROME

Le dimanche 20 juillet, un monument consacr� � Jean-L�on G�r�me a �t� inaugur� � Vesoul, sa ville natale. Il se compose d'un buste sur une st�le,--celui-l� m�me que sculpta Carpeaux, pr�c�d� par une des oeuvres les plus nobles du c�l�bre artiste: cette Tanagra hi�ratique dont l'original en marbre figure au mus�e du Luxembourg.

Ce monument, dont la simple et classique ordonnance fait grand honneur � l'architecte Legrand, a le rare m�rite d'�tre d� � la collaboration de deux ma�tres incontest�s et d'�voquer aussi fid�lement que possible l'art et l'esprit de celui qu'il comm�more. Il s'�l�ve dans la cour de l'h�pital de Vesoul, futur h�tel de ville dont le mus�e occupera l'une des annexes.

M. Paul Morel, sous-secr�taire d'�tat � l'Int�rieur, maire de Vesoul, MM. Dagnan Bouveret, Fran�ois Flameng et Raoul Verlet, membres de l'Institut, Mmes Teyssier, Morot et Boussod, filles de G�r�me, M. Masson son gendre, et leurs familles assistaient � la c�r�monie, ainsi que toutes les autorit�s du d�partement et de la ville et de nombreuses personnalit�s artistiques parmi lesquelles on remarquait MM. Muenier, Courtois, Trochsler.

Plusieurs beaux discours furent prononc�s: par M. Dagnan-Bouveret, pr�sident du comit� G�r�me, par M. Paul Morel, au nom de la ville de Vesoul, par M. Flameng, repr�sentant l'Acad�mie des beaux-arts, par, M. Verlet, repr�sentant la sculpture fran�aise; et le bon po�te Charles Grandmougin lut une ode � G�r�me, pleine de noblesse et d'�l�vation.

Gr�ce � l'heureuse initiative de M. Paul Morel, gr�ce � l'intelligente �mulation des V�suliens, cette inauguration eut un �clat vraiment exceptionnel. Chaque maison de la petite ville, chaque fen�tre, jusqu'� la plus humble, s'�tait enguirland�e de feuillages et de fleurs, et pavois�e de drapeaux. Une f�te fleurie, un cort�ge de fanfares, de chars et de voitures succ�d�rent � la c�r�monie officielle.

Et cette journ�e en l'honneur de G�r�me, qui fut un si joli t�moignage de patriotisme local, s'acheva par des illuminations et par des concerts qui avaient attir� un tr�s grand nombre de curieux.


Le monument, se composant du buste de G�r�me, par Carpeaux, et d'une reproduction de la Tanagra de G�r�me lui-m�me.


La tribune officielle pendant le discours de M. Dagnan-Bouveret. Phot. Numa Droz.

L'INAUGURATION DU MONUMENT DU PEINTRE-SCULPTEUR G�ROME A VESOUL




(Agrandissement)




Note du transcripteur: Les suppl�ments mentionn�s
en titre ne nous ont pas �t� fournis





End of the Project Gutenberg EBook of L'Illustration, No. 3674, 26 Juillet
1913, by Various

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3674 26 JUILLET 1913 ***

***** This file should be named 39183-h.htm or 39183-h.zip *****
This and all associated files of various formats will be found in:
        http://www.gutenberg.org/3/9/1/8/39183/

Produced by Jeroen Hellingman et R�nald L�vesque

Updated editions will replace the previous one--the old editions
will be renamed.

Creating the works from public domain print editions means that no
one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
(and you!) can copy and distribute it in the United States without
permission and without paying copyright royalties.  Special rules,
set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark.  Project
Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
charge for the eBooks, unless you receive specific permission.  If you
do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
rules is very easy.  You may use this eBook for nearly any purpose
such as creation of derivative works, reports, performances and
research.  They may be modified and printed and given away--you may do
practically ANYTHING with public domain eBooks.  Redistribution is
subject to the trademark license, especially commercial
redistribution.



*** START: FULL LICENSE ***

THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK

To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free
distribution of electronic works, by using or distributing this work
(or any other work associated in any way with the phrase "Project
Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
Gutenberg-tm License (available with this file or online at
http://gutenberg.org/license).


Section 1.  General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm
electronic works

1.A.  By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm
electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
and accept all the terms of this license and intellectual property
(trademark/copyright) agreement.  If you do not agree to abide by all
the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy
all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession.
If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project
Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or
entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8.

1.B.  "Project Gutenberg" is a registered trademark.  It may only be
used on or associated in any way with an electronic work by people who
agree to be bound by the terms of this agreement.  There are a few
things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
even without complying with the full terms of this agreement.  See
paragraph 1.C below.  There are a lot of things you can do with Project
Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
works.  See paragraph 1.E below.

1.C.  The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
Gutenberg-tm electronic works.  Nearly all the individual works in the
collection are in the public domain in the United States.  If an
individual work is in the public domain in the United States and you are
located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
are removed.  Of course, we hope that you will support the Project
Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of
this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with
the work.  You can easily comply with the terms of this agreement by
keeping this work in the same format with its attached full Project
Gutenberg-tm License when you share it without charge with others.

1.D.  The copyright laws of the place where you are located also govern
what you can do with this work.  Copyright laws in most countries are in
a constant state of change.  If you are outside the United States, check
the laws of your country in addition to the terms of this agreement
before downloading, copying, displaying, performing, distributing or
creating derivative works based on this work or any other Project
Gutenberg-tm work.  The Foundation makes no representations concerning
the copyright status of any work in any country outside the United
States.

1.E.  Unless you have removed all references to Project Gutenberg:

1.E.1.  The following sentence, with active links to, or other immediate
access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently
whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the
phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
copied or distributed:

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org/license

1.E.2.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived
from the public domain (does not contain a notice indicating that it is
posted with permission of the copyright holder), the work can be copied
and distributed to anyone in the United States without paying any fees
or charges.  If you are redistributing or providing access to a work
with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1
through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or
1.E.9.

1.E.3.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
with the permission of the copyright holder, your use and distribution
must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional
terms imposed by the copyright holder.  Additional terms will be linked
to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the
permission of the copyright holder found at the beginning of this work.

1.E.4.  Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm
License terms from this work, or any files containing a part of this
work or any other work associated with Project Gutenberg-tm.

1.E.5.  Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
electronic work, or any part of this electronic work, without
prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with
active links or immediate access to the full terms of the Project
Gutenberg-tm License.

1.E.6.  You may convert to and distribute this work in any binary,
compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any
word processing or hypertext form.  However, if you provide access to or
distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than
"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org),
you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a
copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon
request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other
form.  Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm
License as specified in paragraph 1.E.1.

1.E.7.  Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works
unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.

1.E.8.  You may charge a reasonable fee for copies of or providing
access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided
that

- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
     the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method
     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
     owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
     has agreed to donate royalties under this paragraph to the
     Project Gutenberg Literary Archive Foundation.  Royalty payments
     must be paid within 60 days following each date on which you
     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
     returns.  Royalty payments should be clearly marked as such and
     sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
     address specified in Section 4, "Information about donations to
     the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."

- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
     you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he
     does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm
     License.  You must require such a user to return or
     destroy all copies of the works possessed in a physical medium
     and discontinue all use of and all access to other copies of
     Project Gutenberg-tm works.

- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
     money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
     electronic work is discovered and reported to you within 90 days
     of receipt of the work.

- You comply with all other terms of this agreement for free
     distribution of Project Gutenberg-tm works.

1.E.9.  If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
electronic work or group of works on different terms than are set
forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
your equipment.

1.F.2.  LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right
of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project
Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all
liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

1.F.3.  LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
written explanation to the person you received the work from.  If you
received the work on a physical medium, you must return the medium with
your written explanation.  The person or entity that provided you with
the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
refund.  If you received the work electronically, the person or entity
providing it to you may choose to give you a second opportunity to
receive the work electronically in lieu of a refund.  If the second copy
is also defective, you may demand a refund in writing without further
opportunities to fix the problem.

1.F.4.  Except for the limited right of replacement or refund set forth
in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.

1.F.5.  Some states do not allow disclaimers of certain implied
warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
the applicable state law.  The invalidity or unenforceability of any
provision of this agreement shall not void the remaining provisions.

1.F.6.  INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
with this agreement, and any volunteers associated with the production,
promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org.  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     gbnewby@pglaf.org


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     http://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.