The Project Gutenberg EBook of Observations critiques sur l'arch�logie dite pr�historique, sp�cialement en ce qui concerne la race celtique (1879), by F�lix Robiou This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Observations critiques sur l'arch�logie dite pr�historique, sp�cialement en ce qui concerne la race celtique (1879) Author: F�lix Robiou Release Date: March 2, 2010 [EBook #31475] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK OBSERV. CRITIQUES SUR L'ARCHELOGIE *** Produced by Zoran Stefanovic, Eric Vautier and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. OBSERVATIONS CRITIQUES SUR L'ARCH�LOGIE DITE PR�HISTORIQUE, SP�CIALEMENT EN CE QUI CONCERNE LA RACE CELTIQUE PAR F�LIX ROBIOU Professeur d'histoire � la Facult� de Rennes. (Extrait des _M�moires de la Soci�t� Arch�ologique d'Ille-et-Vilaine_.) PARIS DIDIER, LIBRAIRE-�DITEUR 1879 Congr�s international d'Anthropologie et d'Arch�ologie pr�historique: sessions de Paris, de Norwich, de Bologne et de Bruxelles.--Alex. Bertrand, _Arch�ologie celtique et gauloise_.--De Sacken, _Das Grabfeld von Hallstatt_.--Desor, _Les Palafittes du lac de Neufch�tel_.--Fergusson, _Les Monuments m�galithiques_.--_Mat�riaux pour l'Histoire primitive de l'Homme_, 1875, 1876. TABLE DES MATI�RES CHAPITRE I.--Observations pr�liminaires CHAPITRE II.--Distinction des Gaulois et des Celtes.--L'�ge du fer chez les Gaulois CHAPITRE III.--Transition de l'�ge du bronze � celui du fer, chez la race celtique � 1.--La Haute-Italie � 2.--Bassin du Rh�ne; stations Illustres; le bronze des Celtes CHAPITRE IV.--Le bronze et le fer dans le bassin du Danube � 1.--Le site et les s�pultures de Hallstatt � 2.--Les armes et les ustensiles de Hallstatt CHAPITRE V.--L'introduction du bronze dans l'Europe moyenne CHAPITRE VI.--L'�ge du bronze et de la pierre polie, dans la Gaule occidentale, centrale et septentrionale CHAPITRE VII.--(Appendice.) � quelle race appartenaient les hommes des dolmens? Que sait-on des premiers habitants de la Gaule? � 1.--Opinions diverses sur l'ethnographie et l'�poque des constructeurs de dolmens � 2.--Examen de ces opinions � 3.--Les pr�d�cesseurs des hommes des dolmens en Gaule CHAPITRE PREMIER OBSERVATIONS PR�LIMINAIRES La science de l'antiquit� a certainement accompli, au XIXe si�cle, des progr�s que personne, en Europe, n'e�t os� seulement r�ver, il y a cent ans. Elle a reconstitu�, dans une assez large mesure et sur des documents parfaitement authentiques, l'histoire politique des Pharaons et celle des vieux rois de Ninive et de Babylone. Elle a fait plus et mieux encore, en abordant, sur pi�ces originales, l'histoire des croyances, des coutumes et des arts de ces vieilles populations, et m�me, en ce qui concerne l'�gypte, l'histoire des lettres dans ces temps recul�s. Elle a pu aussi aborder, dans les conditions d'une critique s�rieuse, � l'aide surtout de documents arch�ologiques, l'histoire des premiers rapports �tablis par voie maritime entre l'Asie occidentale et l'Europe m�ridionale. Mais, en m�me temps, on a voulu faire autre chose. On a voulu rechercher l'histoire de l'�tat social des diverses contr�es europ�ennes, dans des temps pour lesquels il n'existe ni document �crit, ni tradition, concernant les peuples qui les habitaient. On l'a tent�, en se fondant uniquement sur les vestiges de leur industrie. L'entreprise �tait hardie, audacieuse m�me; pourtant, il serait t�m�raire de soutenir qu'elle �tait impraticable. Mais _plus_ elle _sortait des donn�es communes_ de la critique historique, _plus_ elle devait _s'attacher scrupuleusement_ aux lois de la logique, dans l'�tablissement des principes critiques qui allaient �tre les siens; or, malheureusement, elle s'est dispens�e de le faire. Elle a d�but�, comme avaient d�but� presque toutes les sciences d'observation, la physique, la chimie, la g�ologie, la linguistique elle-m�me, par des assertions hypoth�tiques pos�es en principes indiscutables; elle s'est lanc�e � l'aventure, au risque de d�railler grandement et pour longtemps. Les doctrines de la nouvelle science, dite _arch�ologie pr�historique_, se r�f�raient implicitement � une hypoth�se premi�re, bien �trang�re aux donn�es de l'arch�ologie et de l'histoire, et sur laquelle il convient de s'expliquer avant tout. La pens�e de beaucoup d'adeptes de ces nouvelles �tudes �tait celle-ci: Le genre humain est parti de cette condition, d�crite par Lucr�ce et r�sum�e par quelques vers d'Horace, dans laquelle il n'aurait connu ni soci�t�, ni famille, ni pens�es m�me, hors celles qui r�sultent directement de la plus grossi�re impression des sens, et par cons�quent ni arts ni industrie d'aucune esp�ce; seulement, la n�cessit� de pourvoir aux besoins mat�riels de chaque jour aurait fait sentir confus�ment d'abord, plus distinctement ensuite, la n�cessit� de perfectionner les instruments, cailloux ou branches d'arbres, tomb�s d'abord sous la main de ces hommes, dont le mot �TAT SAUVAGE n'exprimerait que tr�s-imparfaitement la situation. De m�me aussi, le besoin instinctif de se grouper pour trouver quelque s�curit� contre les hommes et les animaux, dont on craignait les dents et les ongles, aurait �lev� graduellement le genre humain � la condition des castors, puis � celle des tribus australiennes d'aujourd'hui; la puissance supr�me et fatale du progr�s l'ayant amen� enfin de si�cle en si�cle, ou de myriades de si�cles en myriades de si�cles, de l'�tat des animaux inf�rieurs � celui des contemporains de P�ricl�s. Parmi ceux qui adoptent, en histoire, des cons�quences de cette hypoth�se, tous, sans doute, ne la formulent pas express�ment; tous n'ont pas con�u nettement cet encha�nement d'id�es. Et quant � ceux m�mes qui ont admis le plus r�solument cette th�orie, il serait souvent difficile de discerner les causes qui l'ont produite dans l'esprit de chacun. Chez les uns, ce pouvait �tre l'influence des souvenirs classiques, malgr� l'ignorance profonde et bien d�montr�e des Grecs et des Latins sur les questions d'origine, ignorance pouss�e � tel point, qu'il a fallu tenir pour non avenu, quand on a connu les faits, tout l'ensemble de l'histoire pharaonique, dans H�rodote lui-m�me, si exact observateur de ce qu'il a pu conna�tre; dans Diodore, venu apr�s plus de deux si�cles d'�tudes alexandrines. Horace, que je rappelais tout-�-l'heure, a montr� la m�me ignorance des origines dans l'histoire litt�raire elle-m�me, dans celle du th��tre ath�nien, tel qu'il �tait un si�cle avant Sophocle. Les d�ductions implacables d'un mat�rialisme formel, ou l'instinct de la haine contre la doctrine qui assigne au genre humain une tr�s-haute origine et par suite une tr�s-haute responsabilit�, doivent aussi avoir �t� de puissantes causes d'�garement, m�me dans l'ordre scientifique. Enfin, plusieurs ont pu �tre domin�s par le f�tichisme du progr�s, consid�r� comme une puissance aveugle et absolue, telle que le _fatum_ antique, et dont la souverainet� sera d'autant plus glorifi�e que l'on concevra la race humaine comme partie de plus bas, comme primitivement incapable de se proposer � elle-m�me un but �lev�. Certes, il y a dans cette pens�e quelque chose de bien humiliant pour qui la prend au s�rieux; et pourtant, c'est un fait incontestable que beaucoup de gens la caressent avec orgueil, se complaisant surtout � se croire isol�s de toute action divine qui impose la loi du devoir � l'intelligence et � la volont�. Aussi, lorsque des investigations se sont dirig�es vers les temps que l'on nomme pr�historiques, on a �t� domin� par la pens�e d'y trouver des traces de la condition originaire que l'on avait suppos�e. H�tons-nous d'ajouter qu'un certain degr� de bonne foi dans cette croyance a �t� longtemps entretenu par un certain nombre de faits, en partie bien constat�s, et par leur classement chronologique au moins apparent. Les antiquit�s pr�historiques des diff�rentes contr�es _europ�ennes_ se composent d'instruments de pierre simplement taill�e, de pierre polie, de bronze, et enfin de fer, indiquant, en g�n�ral, le passage de nos anc�tres � travers divers degr�s de culture, en partant d'un �tat r�ellement mis�rable. Il est d'ailleurs certain que la faune de l'Europe a notablement chang� dans les r�gions de latitude moyenne, depuis le temps o� furent cr��s les premiers instruments de l'industrie dans ces contr�es, ainsi qu'il r�sulte de la nature des ossements m�l�s � ces d�bris dans les stations nombreuses o� ils se rencontrent; en sorte que la diff�rence des esp�ces animales est un moyen de classement pour la chronologie de ces objets, aussi bien que la situation des terrains o� ils se rencontrent, et les indices d'un changement dans le climat. Voici sur quelle s�rie d'hypoth�ses on s'est appuy� pour d�duire des faits observ�s les affirmations th�oriques dont j'ai parl�. Mettons d'abord de c�t� (au moins pour le moment) les faits tr�s-disput�s relatifs � l'homme de la p�riode g�ologique ant�rieure � la n�tre, homme n'ayant laiss� nulle trace de son existence, si ce n'est des cailloux, qu'il est extr�mement difficile, quand on en examine la reproduction fid�le, de regarder comme ayant subi � un degr� quelconque la marque d'un travail humain. �cartons ce qui tient aux discussions g�ologiques, sur lesquelles, � l'exemple d'un savant arch�ologue[1] dont je voudrais ici faire conna�tre et appr�cier le r�cent ouvrage, je dois me r�cuser pour cause de trop faible comp�tence, ayant soin toutefois de faire observer, avec le P. de Valroger[2]: 1� que certains d�bris de squelettes peuvent �tre anatomiquement confondus avec ceux d'esp�ces tr�s-diff�rentes; 2� que, s'il s'agit d'une p�riode g�ologique absolument diff�rente de la n�tre, aucune raison de l'ordre moral ou m�taphysique ne nous interdit de penser qu'une race plus ou moins intelligente a pu pr�c�der le genre humain actuel. Tous ces faits sont �trangers � la science historique, et ils flottent dans un ensemble d'incertitudes qui ne permet pas de les consid�rer comme formant une science. Ce que nous avons � �tudier ici, c'est la condition variable de nos anc�tres aux temps pr�historiques, les lois de son d�veloppement et les questions de chronologie qui peuvent s'y rattacher. Eh bien, dans cet ordre d'id�es et de faits, voici ce qu'ont _suppos�_ jusqu'ici un grand nombre d'arch�ologues et d'anthropologistes. Voici ce qu'il faut accepter, sans preuves ni apparence de preuves, pour affirmer la concordance des faits avec la th�orie g�n�rale �nonc�e plus haut. D'abord cette hypoth�se, que la marche de la civilisation primitive a �t� la m�me dans tous les pays; que la succession des �ges de la pierre �clat�e, de la pierre taill�e, de la pierre polie, du bronze et du fer, est universelle et fatale. Puis, que chaque progr�s est l'effet d'un effort local, continu et spontan�; que les peuples qui l'ont accompli n'ont pas ant�rieurement subi une d�cadence et n'ont pas �t� relev�s par le contact d'une race plus heureuse. De plus, que ces �ges se sont trouv�s s�par�s en p�riodes chronologiques tranch�es, de telle sorte que la pr�sence d'instruments de pierre dans un gisement constate qu'� cette �poque l'usage des m�taux �tait ignor�. Enfin, que le classement des d�p�ts dans les diverses couches de terre en �tablit la chronologie, que l'�ge de chacun peut �tre mesur� par sa profondeur, et que nulle mutation n'a �t� op�r�e par des causes naturelles ou artificielles, et que, l� o� les d�p�ts sont intacts, l'ordre en est toujours le m�me. _Toutes_ ces conditions sont _n�cessaires_ (sinon suffisantes) pour que l'on puisse conclure des faits arch�ologiques � la r�alit� d'une transition graduelle et forc�e de l'�tat de bestialit� � celui de civilisation parfaite, transition op�r�e par voie d'un progr�s longtemps inconscient et r�clamant un nombre ind�fini de si�cles. Toutes ces conditions seraient n�cessaires, dis-je, et pourtant de r�cents travaux sont venus d�montrer que _toutes_ sont _en contraction avec les faits_. Il est d'abord _une loi g�n�rale de l'histoire_ qui aurait d� �tre observ�e depuis bien longtemps et mise en lumi�re par des partisans si d�clar�s de la m�thode d'observation, de l'induction baconienne elle-m�me, s'ils �taient fid�les � leurs propres doctrines quand elles conduisent � contredire les cons�quences auxquelles ils sont r�solus d'arriver. C'est que l'histoire des si�cles _accessibles � nos �tudes_ ne pr�sente _pas un seul exemple_ d'un peuple qui soit pass� _par lui-m�me_ de l'�tat sauvage _� l'�tat de civilisation_. Poser comme universelle et indiscutable une loi _en contradiction avec tous les faits connus_, c'est la plus �trange des t�m�rit�s; et pourtant, qu'on y regarde de pr�s, et l'on verra clairement que c'est l� ce qu'aujourd'hui l'�cole anti-chr�tienne appelle _la science_. Il y a d'ailleurs une r�gle critique � laquelle on aurait d� songer pour cr�er la science nouvelle de l'arch�ologie pr�historique, c'est celle qui prescrit de passer du connu � l'inconnu. On aurait d� �tablir la chronologie des traces les plus r�centes de l'industrie humaine dans les si�cles antiques, et remonter de p�riode en p�riode avant de se prononcer sur l'ensemble. Or, c'est ce que donne le moyen de faire le tr�s-int�ressant volume publi� en 1876 par M. Alexandre Bertrand, et dans lequel il a r�uni un grand nombre d'�tudes d�tach�es, soumises par lui, pour la plupart, dans le cours des quinze ann�es pr�c�dentes, � l'Acad�mie des Inscriptions, � la Soci�t� des Antiquaires, � la Soci�t� d'Anthropologie, etc., ou ins�r�es dans des publications scientifiques; �tudes r��dit�es avec des notes qui les mettent au niveau des plus r�centes d�couvertes et reli�es entre elles par une excellente pr�face[3]. Le compte-rendu de ce volume me servira le plus souvent de cadre et de guide dans ma tentative pour exposer et la situation pr�sente de ces �tudes, et les r�gles de saine critique qui doivent leur �tre appliqu�es, sp�cialement en ce qui concerne l'histoire de nos a�eux. CHAPITRE II. DISTINCTION DES GAULOIS ET DES CELTES.--L'�GE DE FER CHEZ LES GAULOIS. L'ordre dans lequel sont dispos�s les nombreux articles qui composent le volume de M. Bertrand n'est pas celui de leur composition successive, mais bien celui des temps auxquels ils se rapportent[4]. Pour une lecture suivie, cet ordre est sans doute le meilleur; mais pour un compte-rendu critique, fond� sur la m�thode que je viens de rappeler, je crois devoir adopter l'ordre inverse. Il conviendra d'aborder en premier lieu une question qui para�t, au premier aspect, �trang�re aux temps pr�historiques, mais qui correspond au titre du volume, et que nous verrons bient�t �tre d'une importance consid�rable pour l'arch�ologie pr�historique elle-m�me. Qu'�taient-ce que les Gaulois? �taient-ils distincts des Celtes? L'auteur n'a publi� dans son livre qu'un compte rendu analytique de sa dissertation sur cette mati�re; mais on la trouve tout enti�re dans la _Revue Arch�ologique_ de janvier, f�vrier et mars 1876, et il a joint au _tir� � part_ la reproduction _in extenso_, en original, de plus de cinquante des textes anciens auxquels il renvoie. C'est l� que nous trouverons le point de d�part des pr�sentes �tudes sur la race celtique. M. Bertrand �tablit que Polybe reconnaissait parfaitement la diff�rence des deux appellations [Grec: Keltoi] et [Grec: Galatai][5], comme correspondant � une distinction r�elle. Il connaissait la r�partition g�ographique des tribus qu'il comprenait sous ces d�signations et la diff�rence de leurs habitudes. Les mots Celtes, Celtique, Celtie, Galates, Galatie se trouvent, dit M. Bertrand, deux cent vingt-sept fois dans ce que nous poss�dons de cet historien, le plus savant critique de l'ancienne Gr�ce; toutes ces mentions ont �t�, l'une apr�s l'autre, examin�es par notre compatriote, et _pas une seule_ n'indique que l'auteur ait confondu les deux peuples. Les Celtes sont pour lui les peuples du bassin du P� et ceux du Sud-Est de notre Gaule, sauf les Bo�ens parmi les premiers et les Allobroges parmi les seconds, qu'il range au nombre des Galates. Au contraire, tous les peuples appel�s Gaulois, comme les premiers, par les traducteurs, et qui habitaient le bassin du Danube, ainsi que les tribus ou bandes �tablies en Orient, sont _constamment_ nomm�s Galates par Polybe, dans les _tr�s-nombreux passages_ o� il a occasion d'en parler[6]. C'est aux bassins de la Sa�ne et de la Marne que, selon M. Bertrand[7], on peut porter l'extr�me limite Nord-Ouest des Galates ou Galli, dans le sens o� l'entendait Polybe, l'arch�ologie compar�e permettant d'�tendre leur domination � des contr�es que Polybe ne leur attribuait pas encore, et sur la topographie desquelles il se d�clarait incomp�tent. Cette conclusion, l'auteur fran�ais la tire de _milliers_ de r�sultats partiels, fournis par plus de _trois cents_ correspondants, isol�ment consult�s pour la carte des antiquit�s de la Gaule[8]. La r�partition des antiquit�s qui caract�risent les pays gaulois comme distincts des pays celtes, dans le sens le plus restreint de ce dernier mot, n'est pas moins accentu�e dans les autres contr�es de l'Europe[9]. L'auteur constate en outre[10] que le druidisme, dont l'organisation puissante et la profonde influence prouvent certainement l'origine tr�s-ancienne dans la race celtique, para�t avoir �t�, sinon toujours inconnu des tribus galates, ou, comme il les appelle, des tribus _gauloises_, du moins totalement oubli� chez elles, sans doute � cause de leur caract�re moins s�dentaire et bien plus exclusivement belliqueux. Il est vrai, M. Bertrand signale quelques exceptions apparentes au classement qu'il a fait d'apr�s les textes de Polybe concernant ces peuples, pour l'�poque la plus ancienne, celle qui nous int�resse le plus en ce moment. Le nom de Galates est quelquefois donn� � tous les Celtes de la Cisalpine, et particuli�rement � l'arm�e qui prit la ville de Rome vers 390. Mais l'auteur fran�ais explique cette anomalie, en faisant observer que certaines tribus ou bandes de v�ritables Gaulois avaient pris � cette guerre une part consid�rable, dominante m�me, et que leur caract�re essentiellement guerrier, leur armure distincte avaient sp�cialement attir� l'attention des Romains[11]. Les Bo�ens d'ailleurs, nous l'avons vu, �taient, selon lui, de v�ritables Gaulois; et ce furent eux qui, en Cisalpine, firent aux Romains la r�sistance la plus acharn�e: elle dura jusqu'� la douzi�me ann�e apr�s la bataille de Zama, et elle contribua peut-�tre � faire donner le nom _administratif_ de Gaule � la Cisalpine tout enti�re, quand elle fut r�duite en province romaine, autre cause d'�quivoque et d'erreur, quand on ne regarde pas de pr�s � l'usage fait de ce terme dans chacun des cas o� il est employ� par l'historien grec; il l'emploie �galement toujours quand il rappelle les _coutumes militaires_ ou les armures import�es au-del� des monts par ces hardis aventuriers[12]. Mais leur venue dans cette r�gion n'�tait pas fort ancienne, tandis que bien auparavant, nous le verrons, des populations celtiques avaient disput� victorieusement le bassin du P� � des colonies �trusques. Peut-�tre m�me, du moins M. Bertrand incline � le croire[13], faut-il rattacher au m�me groupe les Ombriens, qui s'�tendaient le long de l'�trurie, jusqu'� une faible distance de Rome, et auxquels les �trusques avaient disput� le bassin du P�. Strabon affirme que, m�me apr�s la conqu�te romaine, on pouvait distinguer, dans cette contr�e, des Ombriens et des �trusques, comme des Ligures et des Celtes[14]. La distinction des Galates et des Celtes, �nonc�e aussi par Diodore de Sicile, ne doit pas d'ailleurs, M. Bertrand le reconna�t, emp�cher d'admettre leur commune origine affirm�e par Plutarque, apparemment d'apr�s une tradition ancienne. Quelque peu avanc�s que les anciens fussent en ethnographie, ils ont parfois, comme les modernes, donn� le nom de Celtes � la race tout enti�re; et la linguistique a proclam� de nos jours la tr�s-�troite parent� de presque tous les peuples anciens de notre Gaule aussi bien que des Iles Britanniques, bien que l'arch�ologie seule la confirme en ce qui concerne le bassin du Danube. Je reviendrai, avant de terminer ce travail, sur la question ethnographique dans ses rapports avec celle de l'�ge de la pierre. Je me borne pour le moment � signaler la question historique �claircie par le savant directeur du Mus�e de Saint-Germain, comme �tant la clef de toute l'histoire des r�gions qui s'�tendent de la mer Noire au golfe de Gascogne, durant plusieurs si�cles avant la conqu�te romaine, et des questions que doit se poser la science, si elle veut rattacher par des liens solides l'arch�ologie pr�historique � l'histoire elle-m�me. Comment l'auteur de l'_Arch�ologie celtique et gauloise_ est parvenu � rejoindre les termes extr�mes de la s�rie, c'est ce qu'il faut lire dans son ouvrage. Je ne pr�tends ici qu'en donner une id�e exacte mais sommaire, et la confirmer par un ensemble de faits emprunt�s � d'autres travaux. Rappelons-nous d'abord que les tribus _gauloises_ se trouvaient en g�n�ral, d'apr�s Polybe, fix�es en Europe plus � l'Est que les peuples celtes proprement dits. Or, ce sont elles qui, selon M. Bertrand, ont _apport�_ dans l'Europe centrale et occidentale, sinon la premi�re connaissance, du moins l'usage habituel du fer, et particuli�rement des armes en fer. C'est ce qui r�sulte des observations innombrables faites en France et ailleurs et bri�vement signal�es plus haut; c'est ce que l'auteur met directement en lumi�re dans les paragraphes I, II et V de la IIIe partie de son livre. Dans le premier[15] de ces morceaux, il se borne � constater en peu de mots les caract�res distincts, limit�s, dans notre Gaule, � la _r�gion orientale_, qui d�terminent l'�ge dit pr�historique du fer; 1� Pr�dominance de ce m�tal, qui fait dispara�tre l'�p�e de bronze; 2� inhumation sous tumulus ou en pleine terre, rempla�ant l'inhumation sous les dolmens; 3� premi�re apparition de la _fibule_ ou agrafe; 4� changement dans le style de la c�ramique; 5� premi�re apparition d'une monnaie plus ou moins nationale[16]. Les d�tails sur les types de cet �ge gaulois du fer abondent dans le M�moire de M. Bertrand sur les _Tumulus gaulois de la commune de Magny-Lambert_[17] (C�te-d'Or), situ�s pr�cis�ment � la limite de la r�gion gauloise proprement dite. On voit nettement r�sulter de cette �tude, non-seulement le caract�re distinct de ces nombreuses antiquit�s, si on les compare � celles de la Gaule occidentale, mais les analogies fr�quentes qu'elles offrent avec celles de contr�es plus orientales et m�me de certains peuples appartenant � l'histoire classique. �Nous avons devant nous, dit l'auteur[18], � c�t� de l'�p�e, du bracelet et du vase en argile gaulois, une ciste ou seau et une coupe de bronze, pour ne parler que de ces objets, d'une industrie et d'un art qui forcent imm�diatement � tourner les regards du c�t� de la vall�e du Danube ou de la Haute-Italie. La mince feuille d'or repouss� du tumulus de la Combe-Bernard et la perle �maill�e nous rappellent les �les de la Gr�ce, Chypre, Rhodes ou la Crim�e. L'anneau de jambe � enroulements trouve ses analogues en Hongrie, en Mecklembourg et en Danemark. La Gaule, � l'�poque o� nos tertres ont �t� �lev�s, �tait donc en relation avec des contr�es tr�s-diverses, et particuli�rement avec le monde grec et �trusque, c'est-�-dire avec une civilisation qui n'est pas envelopp�e, comme celle de la Gaule, d'un voile �pais, mais qui au contraire est de bonne heure, et plus de cinq cents ans avant notre pays, en pleine lumi�re.� Les �p�es de Magny-Lambert ne doivent pas �tre signal�es seulement pour la mati�re qui les compose, le fer, mati�re qu'on ne rencontre pas dans les s�pultures tr�s-anciennes de la Gaule occidentale, non plus que du Nord de l'Europe[19], mais aussi pour leur longueur et pour les _d�tails_ de leur forme[20], d�tails qui se retrouvent dans d'autres tumulus du m�me d�partement[21], neuf en tout, sans parler de quelques autres �p�es provenant d'autres contr�es, mais appartenant presque toutes � la _Gaule orientale_[22]; les rares exceptions peuvent s'expliquer ais�ment par des imitations, des exportations ou des voyages. Les analogies, ou plut�t les ressemblances, ce n'est presque jamais en France qu'il faut les chercher; c'est dans les �tats autrichiens, dans le bassin du Danube et aussi en Suisse[23]; en un mot, c'est dans les r�gions indiqu�es par Polybe comme habit�es par des Galates ou Gaulois que se retrouve le type des �p�es gauloises et non pas proprement celtiques. Les tumulus de Magny-Lambert ont aussi fourni des rasoirs presque tous de bronze, ceux de fer �tant faciles � d�truire par l'oxydation, puisque la lame de ces instruments ne peut �tre que fort mince. Ils sont nombreux, quoique _non universellement r�pandus_, dans les tombes de caract�re gaulois; ce qui, comme le fait observer M. Bertrand[24], rappelle un passage o� Diodore signale l'usage de cet instrument comme appartenant, dans la race gauloise, � la seule aristocratie. Parmi les nombreux objets d'arch�ologie galate trouv�s dans la France orientale, le casque ne figure que par un sp�cimen unique, le _casque de Berru_, � la forme tr�s-allong�e, qui a �t� d�couvert dans le d�partement de la Marne. On conna�t d'ailleurs, dans le m�me d�partement, un certain nombre de cimeti�res gaulois, d'�poque comparativement r�cente, puisque la longue �p�e � pointe mousse avait alors disparu pour faire place � une autre �p�e, �galement en fer aussi bien que les lances, mais de forme diff�rente et de dimension beaucoup moindre[25]. Le casque de Berru, formant exception, ne peut servir par lui-m�me � caract�riser le monument fun�raire o� il a �t� d�couvert; mais il n'en offre pas moins un int�r�t tr�s-r�el, non-seulement parce qu'il a �t� fabriqu� au _martelage_, ainsi que des centaines de vases m�talliques fournis par les cimeti�res gaulois dans les vall�es du Danube et du Rhin[26], non-seulement aussi parce que son ornementation nous reporte dans la m�me direction[27], mais encore et surtout, parce qu'il ressemble aux _casques assyriens_ sculpt�s � Khorsabad, et usit�s encore aujourd'hui dans le Kourdistan[28]. Or ceci concorde, accessoirement, j'en conviens, avec un fait capital, celui de l'importation tardive du fer, en dehors du bassin de la M�diterran�e, par un peuple _arriv� de l'Orient, longtemps apr�s_ le gros de la race celtique, et communiquant � _ses fr�res de l'Europe centrale et occidentale l'usage de ce pr�cieux m�tal_. Ce moyen de progr�s dans la civilisation mat�rielle a donc �t� d�, chez les Celtes, � une colonisation nouvelle, et non � l'action spontan�e d'un progr�s indig�ne. Ceci ne veut pas dire que les Celtes, d�j� en possession du bronze, et _qui n'�taient point des sauvages_, n'auraient _pu_ accomplir ce progr�s par leurs propres efforts; mais qu'_en fait_, dans les contr�es qui fournissent � l'arch�ologie pr�historique la plupart des objets de ses recherches[29], la succession des deux �ges du bronze et du fer ne s'est pas op�r�e de la fa�on qu'on l'avait con�ue, quand on a formul� les principes hypoth�tiques de cette science. Tel est le fait que nous avons maintenant � �tudier dans ses d�tails et sa chronologie, en nous rendant un compte aussi exact que possible de la distribution et de l'�ge, relatif ou absolu, des stations dans lesquelles on reconna�t la substitution graduelle du fer au bronze; seulement, ne perdons jamais de vue cette loi physique trop souvent oubli�e et que M. de Longp�rier a si nettement rappel�e au Congr�s de Paris[30], que, si quelques localit�s de l'Europe ont _conserv� parfaitement_ des _armes_ ou des _ustensiles en fer_, �elles doivent ce _privil�ge_ � la nature de leur sol. Mais il ne serait pas prudent, ajoute-t-il, de croire que ce m�tal n'a pas �t� employ� du tout dans les contr�es o� l'on n'a pas constat� sa pr�sence d'une mani�re aussi satisfaisante... Le fer se d�truit tr�s-rapidement; en certains terrains, il ne peut pas r�sister un demi-si�cle.� Les d�p�ts oxyd�s ont �t� n�glig�s longtemps, et, parmi ceux qu'on a enfin recueillis, �il en est qui sont de beaucoup ant�rieurs � ce qu'on est _convenu_ d'appeler l'�ge du fer.� C'est donc l'ensemble seulement que j'ai ici en vue, sans nier des importations partielles, d'autre origine que celle des Gaulois. CHAPITRE III TRANSITION DE L'AGE DU BRONZE � CELUI DU FER CHEZ LA RACE CELTIQUE � 1er.--_La Haute-Italie_. La _transition_ du bronze au fer, dans les pays occup�s par les Celtes, et en g�n�ral les _relations_ entre peuples divers, durant la p�riode o� elle s'est produite, sont relativement �claircies aujourd'hui, m�me au point de vue chronologique, par suite des d�couvertes multiples et vari�es de nature et de provenances, qui ont �t� faites, dans ces derni�res ann�es, des deux c�t�s de la cha�ne des Alpes. Dans la Haute-Italie, en effet, Celtes et Gaulois, nous l'avons vu, se sont trouv�s en contact avec la civilisation et la race des �trusques, dont la chronologie est loin d'�tre compl�tement obscure, surtout en ce qui concerne leurs monuments arch�ologiques. De plus, les stations lacustres de la Suisse et de la Savoie[31] nous montrent des vestiges de la m�me p�riode tr�s-vari�s, tr�s-nombreux, et dans un �tat de conservation satisfaisant. Enfin, la magnifique d�couverte de Hallstatt nous a mis sous les yeux un centre de commerce, sinon d'industrie, riche en objets appartenant aussi � la p�riode de transition. Une observation tr�s-curieuse d'arch�ologie compar�e, faite par M. de Longp�rier, peut �galement avoir une importance consid�rable pour la chronologie des d�p�ts dits pr�historiques. �Dans quelques tombes de Hallstatt, dit-il, ont �t� recueillies des �p�es � poign�es d'ivoire d'une forte dimension. Or, les peintures de vases � figures noires, appartenant au Ve si�cle avant notre �re, nous montrent des �p�es dont la lourde poign�e � gros pommeau est peinte en blanc. Cette couleur n'est employ�e par les artistes de cette �poque que suivant certaines r�gles et avec un grand discernement. Le blanc sert � exprimer l'ivoire, quand il est appliqu� aux lyres[32].� Les tombes o� ces armes ont �t� trouv�es ne sont donc probablement pas ant�rieures au Ve si�cle ou m�me au IVe, temps des invasions gauloises dans la p�ninsule. Et comme, d'autre part, il n'y a l� aucune trace de monnaie, bien que le num�raire ait commenc� dans le IIIe si�cle � circuler et m�me � �tre fabriqu� dans le bassin du Danube[33], nous avons peut-�tre une indication approximative du temps o� le canton de Hallstatt fut t�moin de ce mouvement commercial. Sans doute, comme le dit au m�me lieu le savant arch�ologue, �en Italie, dans la Gaule, en Gr�ce, on a souvent ouvert, sans y rencontrer une seule monnaie, des tombes appartenant notoirement � des �poques o� le num�raire �tait abondant.� Mais autre chose est une tombe, autre chose est une station. Commen�ons par l'Italie, qui nous servira de raccordement pour la chronologie de ces diff�rentes stations entre elles et avec l'histoire des peuples classiques, puisque nous trouvons l� des objets dont la date est susceptible d'un _maximum_ parfaitement historique. La station de Marzabotto[34], � 27 kilom�tres de Bologne, a �t� l'objet d'un rapport d�taill�, fait au Congr�s de cette ville en 1871, par un arch�ologue c�l�bre, M. le comte Conestabile, l'un des hommes assur�ment qui connaissent le mieux l'�trurie antique. Il a constat� que ce riche d�p�t d'objets qu'on a l'habitude d'appeler _pr�historiques_, appartient � une �poque _tr�s-post�rieure � l'�tablissement du gouvernement r�publicain dans Rome_. On y trouve, en effet, l'_oes rude_, dont on n'a rencontr�, en �trurie, aucun exemplaire plus ancien que le Ve si�cle de Rome, c'est-�-dire que le temps des guerres contre les Samnites et la Conf�d�ration �trusque elle-m�me; or, les objets d'art de Marzabotto appartiennent incontestablement � la civilisation de l'�trurie; trois d'entre eux portent m�me des inscriptions �trusques[35]. Il est � peine besoin d'ajouter que le fer n'est pas rare dans ce d�p�t[36]. Il pouvait y provenir indistinctement, soit du Sud par les �trusques, soit du Nord par les Gaulois; car M. Bertrand signale avec assurance[37] le m�lange d'objets franchement gaulois, et sp�cialement d'�p�es et de lances, rappelant les formes trouv�es dans les cimeti�res de la Marne, avec les antiquit�s �trusques de Marzabotto; et le fait se con�oit � merveille, puisque, d�s le IVe si�cle de Rome, les Bo�ens avaient op�r� leur invasion au Sud du P�[38]. M. Bertrand signale encore, � Marzabotto, une fibule d'argent de forme tout � fait semblable � celles des fibules qu'on a r�unies au Mus�e national de Saint-Germain[39], ce qui fournit un t�moignage frappant du m�lange des deux peuples op�r� dans le Bolonais; m�lange fort in�gal, para�t-il, car, � Marzabotto, le mode de s�pulture �trusque � cette �poque peu recul�e, c'est-�-dire l'_incin�ration_, domine manifestement; on trouve aussi, au Nord des Alpes, dans des cimeti�res _� inhumation_, et par cons�quent celtiques ou gaulois[40], des objets appartenant � l'art �trusque. L'un et l'autre m�lange constate �galement les relations entre les deux races, fait peu connu jusqu'ici, d'un grand int�r�t par lui-m�me, en ce qu'il nous ouvre une vue nouvelle sur l'histoire de l'Europe centrale aux temps anciens, et qui, dans la question pr�sente, sert de point de d�part � l'�tude d'un �change de produits industriels avec des nations dont l'histoire ne parlait, il y a dix ans, que pour indiquer leurs exploits guerriers. On trouve m�me, � Marzabotto, l'un des types les plus �l�gants des fibules ou agrafes trouv�es � Hallstatt, dans la Basse-Autriche[41], et par cons�quent aussi, selon toute apparence, chez les Galates du Danube. M. Desor avait signal� au m�me Congr�s[42] la trace manifeste, dans ce d�p�t septentrional, de populations opulentes, en relation avec les centres industriels d'alors, mais ne poss�dant pas elles-m�mes les ressources d'une puissante industrie; car l�, comme en Suisse et en Franche-Comt�, on n'a trouv� de moules indiquant la fabrication locale que pour les formes les plus simples. L'industrie des peuples Galates �tait, en effet, � peu pr�s nulle, aussi bien dans la Gaule que dans la vall�e du Danube; et M. Bertrand fait remarquer � ce sujet[43] que la cuiller ou _simpulum_ trouv�e au Monceau-Laurent, dans la commune de Magny-Lambert, avait �t�, apr�s un accident, r�par�e avec une _inhabilet�_ remarquable. Ces tribus presque nomades, qui ne connaissaient d'arts que ceux de la guerre, savaient se procurer, par des exp�ditions de pillage, les produits d'une industrie �trang�re, mais ne savaient pas les imiter et les multiplier chez elles. Telle est l'origine que l'auteur assigne aux vases vraiment �trusques qu'on a d�couverts, non-seulement en Suisse et dans l'Allemagne du Sud, mais dans la Bavi�re-Rh�nane et en Champagne, vases constamment associ�s � des �p�es ou � des fibules en fer, dans des stations qui remontent, para�t-il, � une p�riode s'�tendant du Ve au IIe si�cle avant notre �re, c'est-�-dire � peu pr�s au temps qui s'�coule entre les grandes guerres contre V�ies et la ruine de Carthage. En d'autres termes, cette p�riode est la m�me que celle des invasions gauloises, tant en Orient qu'en Occident, dans l'Italie, la Gr�ce et l'Asie-Mineure, et sp�cialement des luttes diverses de ces peuples contre les Romains, luttes dont le th��tre fut habituellement l'�trurie proprement dite, et celle du P�[44]. M. Bertrand remarque m�me[45] que les vases �trusques trouv�s au Nord des Alpes appartiennent surtout � la vall�e de la Sarre, et que C�sar (I, 31) indiquait le voisinage du Rhin comme la partie la plus riche de la Gaule, enrichie par le pillage, bien entendu. C'�tait, en effet, la r�gion qu'habitaient les v�ritables Gaulois. Ainsi, tous les arguments historiques et arch�ologiques concordent pour �tablir ce fait que, vers le IVe si�cle avant l'�re chr�tienne, vers le temps fort historique de la prise de Rome par les Gaulois, et de la prise de V�ies par les Romains, ou, si l'on veut, de l'arriv�e des pl�b�iens aux grandes dignit�s de la R�publique, des relations tr�s-intimes furent �tablies et g�n�ralement, sinon toujours, impos�es par la force, entre les Gaulois, alors seuls possesseurs du fer dans l'Europe centrale, et les populations de l'Italie sup�rieure; relations qui comprenaient, dans une certaine mesure, les Gaulois du bassin du Rhin comme ceux de la vall�e du Danube. Mais, parmi les traces mat�rielles de ce grand fait, l'un des plus int�ressants � tous �gards est le vase trouv� � Graeckwyl, pr�s de Berne, dans un tumulus renfermant trois couches de d�p�ts, toutes trois contenant des objets en fer. La derni�re, c'est-�-dire celle d'en haut, appartenant � la p�riode carolingienne[46], ne doit pas nous occuper ici; la premi�re ne contient, au milieu d'objets en bronze, qu'un fer de cheval, introduit apparemment par un remaniement du terrain[47]. C'est donc seulement la couche interm�diaire qui doit attirer ici notre attention. Or, on y a d�couvert des fragments d'une coupe en bronze, portant des figures qui, sans nul doute, sont des monuments d'une religion totalement �trang�re � la Gaule, et sont faciles � reconna�tre comme provenant de l'�trurie, probablement des territoires de Clusium ou de P�rouse. M. Bertrand, qui ajoute ce dernier d�tail, incline fort � en rapporter l'importation au-del� des Alpes � la grande exp�dition que je viens de rappeler et qui commen�a, chacun le sait, par le si�ge de Clusium[48]. Ce qui, du moins, ne peut �tre m�connu, au premier coup d'oeil jet� sur le dessin de ce vase, c'est que le type de la divinit� qui s'y trouve repr�sent�e appartient � l'Asie occidentale et aux monuments primitifs de l'�trurie, si fortement empreints d'une influence asiatique, comme les belles �tudes de M. Raoul Rochette[49] l'ont surabondamment d�montr�. La tradition rapport�e par H�rodote (I, 94), touchant l'�migration tyrrh�nienne, explique d'ailleurs ce fait autant au moins que l'extension du commerce ph�nicien. Quant aux imitations de l'art grec, qui se multipli�rent dans de vastes proportions sur les vases fabriqu�s en �trurie, elles ne _commenc�rent_ � s'y produire, d'apr�s toutes les vraisemblances, que vers la fin du IIe si�cle de Rome ou le commencement du IIIe[50]; et l'on ne peut admettre qu'elles se soient de longtemps substitu�es en masse aux productions de l'art v�ritablement national. Celui-ci ne pouvait �tre oubli� � l'�poque du si�ge de Clusium, et surtout les monuments n'avaient pu en dispara�tre. Les miroirs � sc�nes h�ro�co-mythiques ne se rencontrent nulle part � Marzabotto[51]; au contraire, la Minerve ail�e de Marzabotto est un type �trusque bien connu. Mais la d�esse du vase de Graeckwyl, la d�esse aux ailes de cette forme sp�ciale qui caract�rise l'art proto-�trusque, et tenant des animaux dans une attitude propre aux repr�sentations de l'Asie occidentale, n'est pas le seul monument d'origine italique que renferme, avec des objets en fer, la m�me couche du tumulus bernois. On y a trouv� une fibule en bronze, � col de cygne, dont le type appartient aux antiques cimeti�res de Villanova (pr�s de Bologne) et de Golasecca (pr�s du lac Majeur). Il en est de m�me d'une urne fun�raire du m�me d�p�t[52]. Des fibules semblables ont �t� trouv�es en Alsace, en Franche-Comt�, en Souabe, pays qui �taient �minemment gaulois dans les derniers si�cles avant l'�re chr�tienne[53]. Or, des types de Villanova se retrouvent encore � Marzabotto, dont la c�ramique descend jusqu'au IIIe si�cle[54], c'est-�-dire jusqu'au temps des premi�res guerres puniques, tandis que, nous venons de le voir, les armes gauloises trouv�es dans le d�partement de la Marne ont une forme identique � celles de la m�me n�cropole, et par cons�quent n� doivent pas appartenir � une p�riode bien �loign�e. Et ce qui est plus frappant encore, la m�me forme se retrouve, d'une part dans le d�p�t de notre Alise, le dernier boulevard de l'ind�pendance gauloise contre C�sar; de l'autre, dans la _station lacustre_ de la T�ne (lac de Neuch�tel), et dans celle de Tiefenau, �galement en Suisse[55]. Tout cet ensemble caract�rise donc une p�riode comprenant � la fois la dur�e du Ve au IIIe si�cle avant notre �re, dans une partie de l'Italie, et la p�riode gauloise dans la Gaule orientale, _en y comprenant_ la derni�re station lacustre du lac de Neuch�tel. La n�cropole de Marzabotto n'appartient pas d'ailleurs, du moins en totalit�, � l'�poque la plus r�cente de cette p�riode, car, selon M. Conestabile[56], les statuettes mythologiques qu'il renfermait ont un caract�re archa�que bien prononc�, et l'absence de miroirs � mythes hell�niques nous reporte au-del� du IIIe si�cle, � en juger par les rapprochements avec les d�p�ts de l'�trurie et du Latium[57]. L'_oes rude_ � 36% de plomb y est peu abondant encore; on n'y a trouv� qu'un seul morceau d'_oes signatum_, et pas une seule monnaie r�guli�re[58]. Mais cette circonstance ne d�range point les limites chronologiques indiqu�es � la formation de ce d�p�t, puisque l'_oes rude_ lui-m�me ne para�t s'�tre r�pandu en �trurie qu'au Ve si�cle de Rome[59]. La persistance � Marzabotto d'un type ant�rieur trouv� � Villanova confirme donc la conclusion facile � tirer de ces diverses donn�es, savoir: que le d�p�t italique �tudi� dans les pages pr�c�dentes appartient � un �ge de transition. Nous aurons � examiner en d�tail ce qu'�taient les d�p�ts de Villanova et de Golasecca. Mais auparavant, et afin de ne n�gliger aucun �l�ment de cette histoire, si nouvelle pour la science, disons, d'apr�s M. Conestabile, quelques mots d'un d�p�t moins ancien, celui de la Certosa, � un kilom�tre et demi de Bologne, d�p�t �tudi� par ce savant arch�ologue dans la deuxi�me partie de son rapport au Congr�s de 1871. L� on trouve des cistes fun�raires en bronze presque semblables � celles de Marzabotto[60], et une autre semblable � celles de l'�trurie proprement dite[61]; des st�les fun�raires analogues � celles de l'autre cimeti�re, avec un m�lange d'incin�ration et d'inhumation[62]; des vases peints repr�sentant des sc�nes de la vie domestique et sociale, mais aussi des mythes _hell�niques_, avec des poteries d'un tr�s-beau travail et rev�tues de vernis[63]; des fibules d'un go�t �l�gant et d'une grande vari�t� de types, �dont quelques-uns rappellent, de toute �vidence, les bronzes de Hallstatt[64];� enfin et surtout, puisque nous cherchons avec soin des indications de dates relatives, on y a d�couvert une grande abondance d'_oes rude_[65], destin� probablement, selon l'auteur, � payer le passage dans l'autre vie, et, de plus, une monnaie l'_oes grave oncial_, post�rieur, en cons�quence, � l'an 537 de Rome (bataille de Cannes), date de la premi�re fabrication d'une monnaie de cette valeur intrins�que, tandis que le caract�re archa�que d'une _situla_, les animaux fantastiques qui la d�corent et la comparaison de cet objet avec d'autres monuments de l'art �trusque permettent de faire remonter au-del� du IIIe si�cle de Rome, vers l'�poque des Tarquins, l'_ouverture_ de cette n�cropole[66]. L� aussi furent ensevelis, ou plut�t incin�r�s, des t�moins de l'invasion bo�enne. Mais Villanova, qui, comme la Certosa, fut une n�cropole de la Bologne primitive, c'est-�-dire de Felsina, nous reporte beaucoup plus haut dans l'histoire de cette cit�[67], au _commencement_ de l'�ge de _transition_. �� Villanova, dit M. Conestabile, presqu'aucune trace de statuettes ou de figures humaines quelconques, sauf une idole f�minine en bronze, avec un cercle et deux oiseaux sur la t�te et deux autres sur les hanches, et sauf certaines figures symboliques ou de convention, rencontr�es sur une des bandes qui ornent la surface d'un ossuaire en terre cuite. L'_ornementation_ des objets pr�sente g�n�ralement des m�andres, des disques, des cercles concentriques ou remplis par une croix, des animaux de diff�rentes esp�ces, tels que canards, oies, serpents. � Villanova, _aucune_ trace de bas-reliefs en pierre, _aucun_ objet d'orf�vrerie, _aucune_ inscription, _aucun_ stylet � �crire, _pas une_ ciste en bronze... La composition chimique du bronze de l'_oes rude_ para�t plus ancienne qu'� Marzabotto et � la Certosa... Enfin, � Villanova, _aucun_ indice, _aucun_ fragment de vase peint, et le fer _tr�s-rarement_ employ�[68].� En cons�quence de ces preuves n�gatives, et malgr� des points de rapprochement nombreux avec les d�p�ts d�j� mentionn�s, sp�cialement quant � la forme et � l'ornementation des fibules, l'auteur croit pouvoir �tablir[69] que les s�pultures de Villanova, ou du moins les plus anciennes de ces s�pultures, peuvent remonter � neuf ou dix si�cles avant l'�re chr�tienne, environ deux si�cles avant la date commun�ment accept�e pour la fondation de Rome. Ce maximum approximatif, nous verrons tout-�-l'heure sur quoi il peut �tre logiquement fond�. Le savant arch�ologue fait remarquer, au m�me endroit, que, par l'ornementation, les types et la composition chimique de ses bronzes, la station de Villanova se rapproche notablement de celle de Hallstatt, comme certaines fibules de cette station danubienne d'un type de Marzabotto. Faut-il en conclure que le d�p�t de Hallstatt ait commenc� � �tre form� bien avant la fondation de Rome et se soit prolong� jusqu'au temps d'Annibal ou m�me plus loin? La conclusion ne serait pas encore rigoureuse. S'il fut un produit d'importations �trang�res, par suite de pillages ou autrement, il aurait pu recevoir, au IVe si�cle, des objets fabriqu�s dans le VIIIe; les modes de Clusium n'�taient pas suivies jour par jour dans la vall�e du Danube. Nous aurons donc � �tudier Hallstatt en d�tail. Quant � Villanova elle-m�me, quand nous trouvons que l'usage du fer y est tout � fait exceptionnel, dans un temps probablement assez voisin de la fondation de Rome, il est curieux de rapprocher de ce fait les preuves incontestables de l'usage syst�matique du bronze, et m�me de la pierre, dans les rites religieux de l'ancienne Rome[70], rites dont l'origine fut sans doute en partie latine et sabine, mais qui furent coordonn�s, compl�t�s et r�form�s sous l'influence de l'�trurie, et qui en maintinrent s�v�rement la tradition. Il en r�sulte que, m�me dans l'Europe m�ridionale, l'�ge du fer proprement dit n'appartient pas � une �poque bien recul�e, ce que d'ailleurs Hom�re nous apprenait d�j� pour la Gr�ce[71]. L'antiquit� du d�p�t de Villanova, par rapport � l'�ge brillant de la civilisation �trusque, se d�montre encore par une autre voie. On a trouv� � Poggio-Renzo, pr�s de Chiusi (Clusium, et plus anciennement Camars), un certain nombre d'urnes cin�raires, dont la composition et l'ornementation fort simple, form�e surtout, comme � Villanova, de lignes g�om�triques, constitue un groupe distinct parmi les antiquit�s de l'�trurie centrale[72], avec certaines poteries de Coer� (l'ancienne ville p�lasgique d'Agylla), dans l'�trurie du Sud, et d'Albano, dans le Latium[73], c'est-�-dire dans un pays qui para�t avoir �t� aussi habit� par la race p�lasgique. La disposition la plus originale de ces lignes se trouve encore � Cumes, _au-dessous_ des d�bris hell�niques[74], et elle s'est �galement retrouv�e � Hissarlik, sur le terrain de l'ancienne Troie[75]. De plus, comme l'a expos� M. le chanoine Broggi, dans une lettre � l'auteur de l'_Arch�ologie celtique_[76], les urnes de Poggio-Renzo �taient _recouvertes_ par les d�blais de chambres fun�raires �trusques, et par cons�quent leur �taient ant�rieures. Or, ajoute-t-il, tous ces vases _n'ont qu'une anse_; � ceux qui primitivement en avaient deux, l'une a �t�, non pas cass�e par accident, mais _syst�matiquement amput�e_. �Cette _m�me particularit�_, continue-t-il, a �t� remarqu�e � Villanova sur des _vases parfaitement semblables_. Divers objets avaient �t� d�pos�s dans les urnes de Poggio-Renzo; ces objets ont _�galement_ le plus grand rapport avec les objets trouv�s � Villanova.�--�Il faut ajouter, dit en note M. Bertrand: _et_ avec les objets trouv�s dans les urnes cin�raires de Golasecca.� Enfin, selon une communication de M. Conestabile, une forme sp�ciale de rasoirs, trouv�e aussi � Poggio-Renzo, est exclusivement propre aux plus anciens d�p�ts d�couverts en Italie[77]. Ces antiquit�s peuvent donc �tre appel�es pr�-�trusques, comme le dit l'auteur de l'_Arch�ologie celtique_; peut-�tre m�me doit-on les d�signer par l'appellation de p�lasgiques; les constructions p�lasgiques de l'Italie centrale sont d'ailleurs trop reconnaissables et trop nombreuses pour qu'on puisse nier le fait, affirm� par Denys d'Halicarnasse et confirm� par la linguistique, d'anciennes migrations de cette race dans la p�ninsule. Comme d'ailleurs la tradition des Hell�nes n'accordait pas aux P�lasges un bien grand nombre de g�n�rations avant les temps h�ro�ques, et qu'ils ont d� s'�tendre dans la Gr�ce bien avant de passer en Italie, les vases de Poggio-Renzo et de Villanova, ceux de Cumes et le fragment troyen dont j'ai, parl�, ne doivent pas avoir une date fort �loign�e des temps hom�riques, ce que nous ont d�j� induit � penser d'autres faits arch�ologiques concernant les n�cropoles de Villanova et de Golasecca. Or, nous sommes l� en plein �ge de bronze, au temps de la premi�re et rare apparition du fer dans le bassin du P�, o� il ne dominera peut-�tre qu'apr�s l'arriv�e des Gaulois. Ce serait donc, approximativement, du Xe au Ve si�cle avant l'�re chr�tienne que la transition se serait op�r�e dans l'Italie sup�rieure; or, c'est vers le VIIIe que M. Bertrand[78] croit devoir placer la premi�re introduction du fer dans notre Gaule, ainsi que dans la r�gion comprise entre le Danube et les Alpes. Mais, � cette �poque, il est loin d'�tre r�pandu dans toute la Gaule; il para�t encore ignor�, ou peu s'en faut, des Celtes proprement dits. � 2.--_Bassin du Rh�ne;--stations lacustres;--le bronze des Celtes_. Il est un autre fait, dont j'ai dit � peine un mot en passant, et qui pourtant m�rite une tr�s-s�rieuse attention; c'est l'existence d'un �ge du fer dans les stations lacustres ou palafittes. L'existence, bien constat�e en divers lieux, de ces habitations singuli�res semblait donner raison � nos adversaires, en nous montrant les populations de certaines contr�es occidentales r�duites � vivre en quelque sorte comme des castors, pour se mettre � l'abri ou d'animaux dangereux, ou de voisins plus dangereux encore, et par suite, vivant dans une condition analogue � celle qu'a cr��e l'imagination de Lucr�ce. Il est vrai que l'on ne dut pas tarder � modifier ces premi�res impressions, quand, d�s le mois de janvier 1860, M. Troyon signala aux lecteurs de la _Revue Arch�ologique_ les habitations lacustres de la Suisse, �chelonn�es g�ographiquement dans ce pays depuis le lac de Gen�ve jusqu'� celui de Constance, et chronologiquement depuis le temps des instruments de pierre jusqu'� celui de la _domination romaine_. La station de Concise (canton de Vaud), qu'il �tudiait sp�cialement dans cet article, offrait, avec de nombreux instruments de silex et des poteries d'un art peu d�velopp�, un certain nombre d'objets en bronze, et par cons�quent un premier indice de synchronisme entre les instruments form�s de ces mati�res diverses. De plus, loin d'indiquer un plus urgent besoin d'isolement, les stations de l'�ge de la pierre sont moins �loign�es du bord que celles de l'�ge du bronze; celle de Wangen, dans le lac de Constance, offre des traces manifestes de la culture des c�r�ales. D'autre part, Eschyle nous apprend que, _de son temps_, ce mode de construction �tait usit� dans le voisinage de la Thrace[79], et H�rodote le d�crit avec plus de pr�cision, en l'attribuant, pr�cis�ment dans cette r�gion, � une partie des P�oniens[80], _lors de l'invasion de Xerx�s_, c'est-�-dire au temps o� �crivait Eschyle, dans la premi�re moiti� du Ve si�cle avant notre �re. L'existence d'une station lacustre _durant l'�ge du fer_, en Occident, et par cons�quent dans une _p�riode bien peu recul�e_ de l'antiquit� classique (ainsi que nous l'avons reconnu dans les pages pr�c�dentes), a d'ailleurs �t� signal�e avec beaucoup de d�tails, en 1865, par M. Desor dans son �tude sur _Les Palafittes du lac de Neuch�tel_. Il y a constat�, en �tudiant la station de la T�ne, la seule qui contienne _exclusivement_ des objets de l'�ge du fer: 1� que les fers de lance et les javelots trouv�s dans cette station _ressemblent_ aux fers de lance et aux javelots, assur�ment bien gaulois, qu'on a trouv�s dans les foss�s d'Alise[81]; 2� que les lames d'�p�es sont ouvrag�es avec _plus de soin et d'art_ que celles d'Alise[82], qui appartiennent pourtant au dernier si�cle avant l'�re chr�tienne; 3� que �quelques fourreaux sont orn�s de dessins au repoussoir,� dont l'un �repr�sente l'embl�me caract�ristique des _Gaulois_, savoir le cheval cornu, tel qu'il se retrouve aussi sur les _monnaies_ de la T�ne[83];� 4� que la distinction de la _faux_, destin�e � recevoir un manche, et de la _faucille_ � main para�t indiquer l'existence et de la vie agricole et de la possession du b�tail, auquel est destin� le fourrage. Quant aux fibules en fer trouv�es � la T�ne, elles sont de formes tr�s-vari�es; mais toutes appartiennent � la cat�gorie des fibules � ressort en boudin[84], qui est en g�n�ral celui des fibules de l'Europe m�ridionale[85]. Cette station, ces habitations lacustres sont donc contemporaines du temps o� florissait la civilisation gauloise proprement dite, celle des Gaulois-Galates de M. Bertrand, arriv�s dans notre Europe bien apr�s les Celtes de la Gaule occidentale. Rien d'ailleurs n'est plus significatif � cet �gard que les monnaies de la T�ne. Non-seulement on a d�couvert l� _cinq monnaies gauloises_ proprement dites, mais _une de l'empereur Claude_[86]; et d'ailleurs, comme nous l'avons vu plus haut, les monnaies gauloises elles-m�mes sont toutes imit�es de monnaies grecques ou romaines bien connues, en sorte qu'il est impossible de rapporter, pour ce peuple, � une �poque vraiment antique ce signe manifeste d'une civilisation assez avanc�e. Il y a plus encore: les palafittes du lac de Paladin, pr�s de Voiron (Is�re), ont fourni des objets _semblables_ � ceux qu'on trouve �_associ�s � des monnaies carlovingiennes_, dans un tumulus du centre de la France,� ainsi que M. Chantre l'a rapport� au Congr�s de Bologne[87]. Revenant, en 1867, dans le Congr�s de Paris, sur les trouvailles de la T�ne, M. Desor �non�ait la pens�e que cette station, avec ses �p�es � deux tranchants, ses fibules � ressort et ses monnaies gauloises, appartient encore au premier �ge du fer, ainsi que certains _tumuli_ o� le fer se trouve m�l� au bronze, et sp�cialement celui de Tiefenau, pr�s de Berne, qu'il croit, d'apr�s son contenu, tout � fait contemporain de la station lacustre. Il tient l'un et l'autre d�p�ts pour purement gaulois, et par cons�quent ant�rieurs � d'autres antiquit�s dites, en Allemagne, de l'�poque franque, et, en Suisse, de l'�poque helv�to-burgonde, caract�ris�e par le scramasax des Germains; il les tient pour ant�rieurs encore � d'autres s�pultures de l'�ge de fer, avec �p�es � deux tranchants et agrafes incrust�es, situ�es, en Suisse, sur des coteaux[88], bien que, dans celui de Vauroux en particulier, le fer ne paraisse qu'� titre d'exception[89]. L'auteur �tablit[90] la m�me distinction entre les tombelles d'Alaise, dont les antiquit�s sont analogues � celles de Vauroux, et les tombelles d'Alise, qui sont nettement gauloises. Il soup�onne que les premi�res pourraient remonter plus haut que la fondation de Rome; mais il est loin d'en dire autant de l'�ge du fer proprement dit dans la Gaule, m�me orientale. Ceci, on le voit, est parfaitement d'accord avec les conclusions de M. Bertrand, qui admet la _connaissance_ du fer en Gaule d�s une �poque assez ancienne, par suite des relations avec les Ph�niciens, avec les Grecs, puis avec la vall�e du Danube, mais ram�ne � des temps bien post�rieurs � la fondation de Rome _l'emploi dominant_ du fer en de�� du Rhin. Arrivons maintenant aux r�sultats obtenus par l'�tude des d�p�ts contenus dans le bassin du Rh�ne, touchant l'�poque o� l'usage du bronze para�t �tre devenu dominant dans cette partie de la Transalpine, la plus voisine des stations de la Haute-Italie �tudi�es plus haut. Des renseignements nombreux et vari�s ont �t� fournis sur ce point par M. Costa de Beauregard au Congr�s de Paris, il y a d�j� une dizaine d'ann�es, et peu apr�s dans les _M�moires de la Soci�t� fran�aise de Numismatique et d'Arch�ologie_ (1870); M. Chantre a fait de l'�ge du bronze dans le bassin du Rh�ne l'objet d'une �tude sp�ciale et d�taill�e, dans une des s�ances du Congr�s de Bologne; enfin M. Bertrand y est revenu dans plusieurs parties de son volume; on peut d'ailleurs y rattacher la partie relative � l'�ge du bronze dans le travail de M. Desor, puisque le lac de Neuch�tel, bien qu'appartenant au bassin du Rhin, est dans la r�gion comprise entre le Jura et les Alpes[91]. Ce sont les cons�quences logiques du rapprochement de ces travaux que je voudrais surtout mettre en ce moment sous les yeux du lecteur, du moins en ce qui concerne la transition du bronze au fer. M. Chantre appelle, d�s le d�but de son M�moire, notre attention sur ce fait, que la vall�e du Rh�ne �tait le centre naturel des plus anciennes relations commerciales de la Gaule avec le bassin de la M�diterran�e, l'Italie et les r�gions septentrionales[92]; il consid�re les trouvailles faites dans les environs de Lyon, ainsi que dans les plaines du Dauphin�, comme comprenant les plus anciens instruments de bronze d�couverts dans cette contr�e, tandis que les cha�nes secondaires des Alpes et les stations lacustres de la Suisse et de la Savoie offrent, du moins en g�n�ral et sous toute r�serve pour les exceptions, des sp�cimens d'un art plus avanc�, les gisements arch�ologiques du haut Dauphin�, de la Maurienne et de la Tarentaise, nous amenant � l'�ge de l'introduction du fer[93]. Si ce classement chronologique est exact, il indique, pour l'industrie du bronze aussi bien que pour celle du fer, une importation �trang�re, propag�e dans les plaines plus accessibles avant de p�n�trer dans les districts montagneux et chez les populations plus isol�es qui occupaient les habitations lacustres; importation op�r�e l�, qu'on le remarque bien, avant d'atteindre les districts dans lesquels d�bouchent les cols du Petit-Saint-Bernard, du Mont-Cenis et du Pas-de-Suze. Ainsi, cette industrie n'a pas d� p�n�trer d'abord de notre c�t� des Alpes par une extension successive, partie des colonies �trusques de la vall�e du P�; mais ces districts ont pu, les premiers, recevoir par cette voie la connaissance de l'industrie du fer, lorsque celle du bronze dominait encore dans tout le pays. Ainsi encore, le bronze a d� se r�pandre dans le bassin du Rh�ne soit par le commerce ph�nicien ou hell�nique de la M�diterran�e, soit par l'arriv�e des Celtes proprement dits, suivant la classification de M. Bertrand, dans le Sud-Est de la Transalpine; dans tous les cas, ceux-ci, nous le verrons, sont bien distincts par la civilisation, sinon par l'origine, des peuples qui, occupant les contr�es de l'Ouest et au Nord, remplissaient les deux tiers de la Gaule transalpine au temps de C�sar: Mais _le fait de l'importation �trang�re_, m�me pour les types les plus anciens, et par cons�quent la communication de cette industrie par un peuple nouveau, d�j� en possession d'une civilisation assez puissante, c'est-�-dire la grande loi historique sur laquelle j'ai appel� l'attention au commencement de ce travail, ressort ici de la pr�sence d'un art tr�s-accus�, de l'_absence de toute forme_ qu'on puisse appeler _rudimentaire, m�me_ dans les d�p�ts o� l'on ne trouve ni le verre, ni l'ambre, _m�me_ dans ceux o� le bronze est m�l� � des objets de pierre[94], et qui par cons�quent accusent la _transition_ d'un �ge � l'autre. Or, c'est cette transition qu'il nous importe surtout ici de prendre sur le fait. Nulle part non plus on ne trouve, dans ces stations, de moule prouvant une fabrication locale, m�me imit�e de mod�les �trangers[95]. Il existe, ajoute M. Chantre, une ressemblance extr�me entre certains objets de cette cat�gorie (surtout les poignards et les haches � ailerons) et des objets de m�me nature trouv�s dans les Terramares du R�gionais et du Parmesan[96]. Il y a donc lieu de croire � des communications fort anciennes entre ces contr�es; mais rien ne prouve que ces communications fussent alors directes. Les objets des deux groupes peuvent avoir simplement une origine, commune; et d'ailleurs, pour des objets aussi simples, aussi indispensables que la hache et le poignard, la ressemblance des formes n'est pas m�me un indice certain de communaut� d'origine. Il n'en est pas de m�me pour des produits d'un art plus d�licat et plus vari�, qui se rencontrent dans les palafittes helv�tiennes et savoisiennes. M. Chantre[97] y reconna�t un progr�s si consid�rable et si brusque sur ceux dont nous venons de parler qu'il croit � une nouvelle p�riode d'importation, � des communications nouvelles avec d'autres contr�es; d'autant plus qu'on y rencontre, non-seulement l'ambre, n�cessairement venu du Nord[98], et la verroterie, qui appartient au bassin de la M�diterran�e, mais l'emploi isol� de l'�tain, qui certes n'appartient � aucun gisement m�tallique de cette contr�e[99]. Cette importation nouvelle pouvait donner mati�re � la fabrication indig�ne du bronze, et, en effet, la station de R�alon a fourni des pi�ces tr�s-nombreuses, paraissant neuves encore et comme destin�es � la vente, donnant ainsi l'id�e d'un centre non-seulement de commerce, mais peut-�tre m�me de fabrication. Or, R�alon est voisin du mont Gen�vre, et, par cons�quent, de l'un des cols qui �tablissent la communication avec le Pi�mont; la ressemblance est grande entre des objets de notre versant, surtout ceux des palafittes, et d'autres qu'on a trouv�s dans cette derni�re contr�e; de plus, cette ressemblance ne consiste pas seulement dans la forme, mais, ce qui est plus significatif, dans la gravure elle-m�me[100]. Nous pouvons donc y reconna�tre un indice de communications entre des peuples dont l'histoire nous est inconnue, et sp�cialement de relations entre les habitants des palafittes et ceux des cantons voisins. Enfin, des conclusions int�ressantes peuvent ressortir de ce fait, que le troisi�me groupe, propre � la r�gion montagneuse, marque la transition � l'�ge du fer dans des s�pultures de la Maurienne, de l'Is�re orientale et des Hautes-Alpes, o� le fer ne commence pas encore � se montrer, mais o� les types du bronze rappellent en partie ceux des r�gions voisines (Basses-Alpes et Tarentaise), dans lesquelles des fibules et le fer, rare pourtant, font leur apparition ensemble, de m�me qu'� Villanova[101]. Faut-il abandonner cet ensemble de consid�rations, par suite de l'observation de M. Bertrand[102], que M. Chantre a abus� de la classification et transform� � tort en subdivisions chronologiques les groupes d'objets qui pr�sentent des caract�res artistiques et industriels diff�rents. Certes, M. Bertrand a raison de dire qu'il ne suffit pas d'un m�rite sup�rieur dans le travail pour constituer un �ge nouveau. Il fait remarquer avec non moins de raison que l'usage dominant du bronze est loin de d�montrer l'ignorance du fer, surtout quand le contraire est d�montr� par les faits dans la Germanie du Sud et dans l'Italie du Nord[103]. Nous devons nous rappeler d'ailleurs la judicieuse et tr�s-importante observation de M. de Longp�rier, que le fer dispara�t tr�s-facilement de certaines stations par suite de l'oxydation que produit l'humidit� du sol ou du climat; il n'est conserv�, dans les stations dites pr�historiques de notre Europe, que gr�ce � des circonstances exceptionnellement favorables. M. Bertrand signale encore, avec raison, comme fort t�m�raire, l'opinion qui pr�tendrait affirmer que, dans l'industrie m�tallique, la fonte a n�cessairement pr�c�d� le martelage, et que, par suite, l'absence de moules aux temps antiques suppose n�cessairement une importation �trang�re; car, dit-il, les Grecs et les Latins avaient conserv� un souvenir tout oppos� de la pratique de cet art chez leurs anc�tres[104]. Ces consid�rations combattent les cons�quences de d�tail exag�r�es que l'on pourrait tirer des observations si vari�es et si curieuses de M. Chantre; mais lui-m�me avait fait des r�serves formelles � cet �gard, et cette critique n'atteint pas, ce me semble, les conclusions d'ensemble � tirer de ses rapprochements, conclusions dont M. Bertrand soutient lui-m�me la pens�e g�n�rale[105], c'est-�-dire le progr�s de l'industrie par la communication des races, pens�e qui est celle de son livre tout entier. L'observation de M. Chantre, que les formes rudimentaires manquent pour le bronze du Rh�ne, m�me l� o� il se montre m�l� avec les instruments de pierre, subsiste avec toute sa puissance. Quant � la p�riode du bronze celtique, en g�n�ral, M. Desor faisait observer, en 1872[106], que la ressemblance entre les dessins des objets de parure et entre les formes des fibules, dans les galgals de la France, les tombelles de la Suisse et de la Savoie, les cimeti�res de l'Allemagne et de l'Autriche, t�moigne hautement de relations antiques �tablies entre ces contr�es et de l'importation ou de l'art industriel ou des objets manufactur�s eux-m�mes. Il fait remarquer aussi, en ce qui concerne les populations lacustres, pour lesquelles les objets de comparaison sont nombreux et bien conserv�s, que les faucilles � talon de Gorgier (station terrestre du canton de Neuch�tel) ont la m�me composition chimique que celles du lac, en ce sens du moins que nul m�tal ne s'y trouve alli� au cuivre et � l'�tain, quoique la proportion de ceux-ci varie accidentellement dans les lacs de la Suisse[107]. Le m�me fait (bronzes � 10% d'�tain en moyenne, sans plomb ni zinc en quantit�s appr�ciables) a �t� remarqu� par M. Costa de Beauregard[108] pour ce qui concerne les bronzes du lac du Bourget, en Savoie. Les palafittes de ce lac datent d'une �poque o� l'�tain pur et m�me le fer �taient quelquefois employ�s, o� l'on connaissait, en Savoie, une verroterie perfectionn�e[109], o� la fonderie des m�taux �tait pratiqu�e sur place, comme l'attestent des moules en gr�s et en terre r�fractaire trouv�s dans quatre stations diff�rentes, sans parler des preuves d'une agriculture tr�s-vari�e et de l'emploi de nombreux animaux domestiques[110], avec une vannerie tr�s-imparfaite[111] et une c�ramique diverse de forme, de composition et de m�rite[112]. Cet ensemble de faits ne permet pas de prendre � la lettre l'opinion de M. Chantre, quand il reportait au-del� de l'introduction du fer en Savoie les habitations lacustres de ce pays; mais la valeur de cette opinion �tait d�j� bien compromise par le principe qui vient d'�tre rappel�, savoir qu'il est extr�mement difficile de donner une date _maximum_ � l'introduction partielle du fer dans une contr�e humide. Ce qui est fort int�ressant, au contraire, c'est la multiplication des preuves d'une civilisation relativement avanc�e dans des �tablissements lacustres; c'est, par exemple, l'usage que leurs habitants faisaient des animaux domestiques, et plus sp�cialement du cheval de selle, ou du moins du cheval de main, usage attest� par des _mors de bronze_ trouv�s, l'un dans la station de Moeringen (lac de Bienne), l'autre dans celle de Vandrevanges[113]. La premi�re de ces stations a �galement fourni deux �p�es, l'une de bronze, l'autre de fer, fabriqu�es _exactement sur le m�me mod�le_[114], et par cons�quent fixant la date de la fabrication � une _�poque de transition_ o� le fer, quoique bien connu, �tait encore d'un usage exceptionnel, r�serv� sans doute � l'aristocratie locale, peut-�tre m�me � une sorte de f�odalit� _gauloise_, au milieu d'une population _celtique_, ant�rieurement �tablie dans cette r�gion. Disons, pour terminer et pour r�duire � ses v�ritables termes la classification discut�e, que l'industrie la moins avanc�e a pu et d� subsister pour l'usage commun � c�t� d'une industrie plus parfaite, r�serv�e � ceux qui pouvaient en payer les produits; mais qu'on doit pourtant consid�rer comme ant�rieures sinon les stations o� les produits grossiers se rencontrent seuls, du moins celles o� l'absence d'indices d'une industrie locale permettrait de reconna�tre l'usage _exclusif_ d'importations �trang�res, mod�les et mobiles des progr�s que fera ensuite la population du pays. Ajoutons enfin, avec M. Desor[115], que les moules trouv�s dans les palafittes de Suisse et de France ne constituent pas une civilisation perfectionn�e; ils d�notent, au contraire, ou les premiers essais d'imitation, ou les efforts imparfaits de populations indigentes. CHAPITRE IV LE BRONZE & LE FER DANS LE BASSIN DU DANUBE � 1er.--_Le site et les s�pultures de Hallstatt._ Nous avons reconnu plus haut divers rapprochements � faire entre les antiquit�s trouv�es dans l'�trurie du P� et l'�trurie proprement dite, et les antiquit�s de la station de Hallstatt. Il est temps d'aborder l'�tude sp�ciale et d�velopp�e de celle-ci, �tude indispensable � cause de son extr�me importance et rendue facile par le magnifique ouvrage qu'a publi� sur ce sujet M. de Sacken, conservateur du Mus�e des Antiques et membre de l'Acad�mie de Vienne. L'auteur, d�passant de beaucoup son titre, n'a pas seulement d�crit avec d�tail et reproduit dans de riches gravures les objets trouv�s dans ce cimeti�re; il a �tabli les rapports et les diff�rences qui existent entre ces antiquit�s diverses et celles des autres parties de l'Europe, surtout de l'Europe centrale, occup�e dans l'antiquit� par les Celtes et les Germains. Le cimeti�re de Hallstatt et le bourg de ce nom sont situ�s dans la Haute-Autriche, sur la rive occidentale d'un lac d'o� s'�chappe, au Nord, la rivi�re de Traun, pour aller rejoindre le Danube tout pr�s de Lintz. On ne pouvait arriver � Hallstatt qu'en bateau ou � travers les escarpements d'une montagne; dans les temps modernes seulement on a pratiqu� un sentier qui la tourne. Des cha�nes assez �lev�es, qui se rejoignent au Sud, s�parent cette vall�e de la Styrie � l'Est et du pays de Salzbourg � l'Ouest. Les maisons du bourg actuel sont plac�es comme des nids d'hirondelles sur la pente abrupte de la montagne, et plusieurs sont priv�es de soleil pendant trois mois de l'ann�e[116]. On se dira sans doute qu'une semblable localit� n'a gu�re pu �tre habit�e que comme lieu de refuge, dans les temps de pure barbarie ou d'anarchie f�odale; que sa population a d� vivre mis�rable, sans beaucoup de relations au dehors, et cependant il n'en est rien. Hallstatt, mentionn�e dans une charte d'Elisabeth, femme de l'empereur Albert Ier, jouissait, d�s les premi�res ann�es du XIVe si�cle, du droit de march� qu'elle poss�de encore, et, d�s les temps pr�historiques de cette contr�e, elle a �t� le s�jour d'une population florissante par le commerce et l'industrie. C'est que la montagne sur le flanc de laquelle ce bourg est plac� poss�de une mine de sel extr�mement riche, portant des traces incontestables d'une exploitation r�guli�re dans des temps fort recul�s[117]. C'�tait l� un tr�sor pour la contr�e, une source de richesse pour la localit�. Il est donc naturel de penser que l� v�cut, durant des si�cles, une population relativement nombreuse, g�n�ralement paisible, ayant des relations �tendues, et que par cons�quent nous y pourrons suivre, durant une longue s�rie de g�n�rations, l'�tat de la civilisation mat�rielle de cette contr�e, sinon m�me de celles avec qui elle entretint un commerce prolong�. Les tombes d�couvertes � Hallstatt de 1846 � 1864 sont au nombre d'un millier environ[118], et cette station a livr� � la science six � sept mille objets de toute sorte, depuis les vases de terre jusqu'aux armes de fer et de bronze, jusqu'aux parures en or. Une des premi�res remarques � faire dans l'�tude de ce cimeti�re, c'est le m�lange des tombes renfermant des squelettes avec les tombes renfermant les cendres des morts[119], et aussi l'absence compl�te de tumulus[120]. M. de Sacken fait remarquer que g�n�ralement l'inhumation repr�sente, dans l'Allemagne m�ridionale et occidentale, une p�riode chronologique distincte de celle de l'incin�ration et moins ancienne; que, si le m�lange des deux modes de s�pultures se pr�sente quelquefois, c'est dans les cimeti�res � tumulus, et que Hallstatt est, � cet �gard, une exception unique[121]; que, d'ailleurs, les tombes sans tumulus sont presque toujours, dans ces contr�es, des s�pultures germaniques, c'est-�-dire appartenant � la population qui, au Sud du Danube, a remplac� tr�s-tard la race celto-galate; cette origine est constat�e par la forme des armes et quelquefois aussi par le m�lange d'�l�ments romains[122]. Le cimeti�re de Hallstatt, au contraire, bien que d�pourvu de tumulus, contient des antiquit�s semblables � celles que l'on a trouv�es ailleurs dans les tombes qu'ils recouvrent, et l'auteur en conclut qu'il doit appartenir � une p�riode de transition[123]. Il est possible pourtant que l'absence d'�minences fun�raires ait eu pour cause, dans cette localit� exceptionnelle, la n�cessit� d'�pargner le terrain. Mais ce qui est tr�s-digne de remarque, c'est que des objets appartenant � l'arch�ologie d'une m�me �poque sont l� indistinctement r�partis dans les tombes � inhumations et avec les corps incin�r�s[124]. Ne faudrait-il pas y voir la trace de populations diverses, attir�es l� par le commerce, mais apportant chacune la tradition religieuse et fun�raire qu'elle tenait de ses anc�tres? Si donc on voulait chercher � retrouver, dans cette donn�e, une indication ethnographique ou chronologique sur l'origine de cette station, il faudrait d�terminer quel �tait le mode de s�pulture du peuple qui avait les relations les plus fr�quentes avec Hallstatt, et prendre, parmi les deux modes employ�s dans ce cimeti�re, celui que n'employait pas ce peuple �tranger. Mais, comme nous le verrons et comme nous l'avons d�j� entrevu, la contr�e tant soit peu lointaine qui eut avec ce point les relations les plus importantes para�t avoir �t� l'�trurie cisalpine, et peut-�tre m�me l'�trurie centrale; d'autre part, l'extension des Galates dans tout ce pays n'est pas douteuse. Les �trusques ont quelquefois inhum� leurs morts, mais les tr�s-vieux cimeti�res de Villanova et de Golasecca sont form�s de s�pultures � incin�ration[125]. Le dernier rite est aussi le plus antique des deux chez les peuples anciens de l'Allemagne du Sud, tandis que l'inhumation est partout le rite galate[126]. Peut-�tre donc faut-il conclure que les tombes � inhumation sont � Hallstatt, sinon celles de Galates proprement dits, du moins celles de populations celtiques ayant subi leur influence, tandis que les corps incin�r�s seraient ceux des anciennes familles ayant conserv� la tradition du pays, et de marchands �trusques, qui pouvaient, d�s les temps antiques, y faire de fr�quents s�jours. � 2.--_Les armes et les ustensiles de Hallstatt._ Il serait curieux de savoir dans quel genre de s�pulture on a trouv� les dix-neuf �p�es de _fer_ et les six �p�es de bronze. Je n'ai pas aper�u de remarque au sujet de leur r�partition entre les tombes dans l'ouvrage de M. de Sacken; mais il dit que _toutes_ ont des lames de la forme propre � l'�ge du bronze[127]. Cela donne lieu de penser que les artisans du pays travaillaient pour des populations demeur�es s�dentaires, apr�s comme avant l'arriv�e des Gaulois sur le haut Danube, et que, sans changer les types, ils firent seulement usage d'une mati�re meilleure, quand ils l'eurent plus facilement � leur disposition. Un peu plus loin (p. 30), l'auteur dit que les armes courtes, poignards et couteaux, �taient presque toutes dans les tombes � incin�ration, et que presque toutes aussi ont une lame de fer (p. 31). En tout (p. 115), M. de Sacken compte dix-huit armes de bronze et cent soixante-cinq de fer avec les corps inhum�s, quatre-vingt-onze de bronze et trois cent quarante-huit de fer avec les corps br�l�s. Il y a ici un exemple int�ressant de la transition d'un m�tal � l'autre; on a d�j� observ�[128] qu'en th�se g�n�rale les antiquit�s de Hallstatt offrent un m�lange de bronze et de fer, et que ce m�lange est rare dans l'Allemagne du Sud, inconnu dans celle du Nord. Mais la proportion du fer l'emporte de beaucoup, nous venons de le voir, en ce qui concerne les armes, surtout dans les tombes � inhumation. Quant aux pointes de lances ou de javelines en particulier, toutes sont en fer, � l'exception de deux; or on en trouve dans _toutes_ les tombes que la forme du squelette ou la pr�sence de quelque autre objet indique avoir �t� celle d'un homme; on les trouve non-seulement dans les s�pultures des deux rites, mais dans toutes les parties du cimeti�re[129], en sorte qu'il est constant que le fer �tait connu, et m�me fort employ�, dans le bassin sup�rieur du Danube, pendant toute la dur�e de l'exploitation pr�historique de ces ruines. M. de Sacken a m�me remarqu� que, si, dans son ensemble, la forme et l'ornementation des objets trouv�s � Hallstatt nous reportent � l'�ge du bronze, certaines nuances industrielles rappellent les innovations de l'�ge du fer[130]. Il ne se dissimule pas qu'on pourra voir dans cette assertion un paradoxe, mais il soutient que ce paradoxe n'est qu'apparent. En effet, dit-il, l'introduction de l'usage du fer a �t� successive, non pas seulement dans les r�gions diverses, mais dans les localit�s diverses d'une m�me r�gion. Elle a commenc� de bonne heure � se produire dans l'Europe centrale, bien que l'usage dominant du fer n'y ait compl�tement pr�valu que tr�s-tard. L'emploi simultan� des deux m�taux s'est donc produit dans des proportions diff�rentes et n�cessairement tr�s-variables, non-seulement d'un canton � l'autre, mais d'une g�n�ration � l'autre. Il a pu, comme nous le disait plus haut M. de Longp�rier, se produire en beaucoup d'endroits o� le fer n'a pas laiss� de traces, � cause de sa facile oxydation, surtout, ajouterai-je, si ce m�tal, n'�tant pas encore employ� en grande abondance, n'a pas laiss� de grands d�p�ts d'oxydes, difficiles � dissoudre compl�tement. Il y a donc, ajoute le judicieux conservateur du Mus�e de Vienne, une grande imprudence dans ce proc�d� d'arch�ologie pr�historique (si largement employ� pourtant) qui fait reposer principalement sur la mati�re employ�e la classification des �ges. C'est le style de l'ornementation, c'est la forme des objets industriels qui �tablissent surtout la marche des g�n�rations, la succession des races, leurs influences diverses; tels sont les principes que proclame hautement M. de Sacken[131] et qu'il a lui-m�me appliqu�s avec fermet� dans ses conclusions. Il affirme d'ailleurs que, pour trouver _en Allemagne_ (au moins dans le Sud) le v�ritable _�ge du fer_, celui o� l'emploi de ce m�tal a positivement domin�, sans n�anmoins exclure celui du bronze, il faut _sortir des temps pr�historiques_, puisqu'il faut arriver � la p�riode germanique, laquelle commence fort tard, _post�rieurement � l'�re chr�tienne_, dans le bassin du Danube[132]. Ce n'�taient pas sur des Germains, mais sur des Celtes ou plut�t sur des Gaulois que les Romains avaient conquis cette r�gion; c'est la grande invasion des barbares, au IVe et au Ve si�cle, qui a introduit les Germains entre ce fleuve et les Alpes. M. de Sacken, tra�ant, pour ainsi dire, d�s 1866, dans une simple note de la page 131, la voie que M. Al. Bertrand a si largement d�blay�e, reconnaissait nettement comme _interm�diaire_ entre l'�ge du bronze proprement dit et celui du fer, dans cette partie de l'Europe moyenne, le temps de la _fabrication gauloise_, dont les sp�cimens indiscutables se retrouvent � Alise-Sainte-Reine et dans la station lacustre de la T�ne, et qui, dit-il, para�t contemporaine de l'imitation semi-barbare des _Philippes_ mac�doniens et des monnaies de Marseille, avec m�lange accidentel de travail romain. Il en r�sulte que l'�ge du bronze, ant�rieur � la p�riode galatique, pouvait subsister encore au Ve si�cle avant notre �re. Mais quel est ce style de l'�ge du bronze, tel qu'il se pr�sente � Hallstatt, o� tous ses aspects se concentrent en quelque sorte � cause de l'importance commerciale exceptionnelle que cette station poss�dait aux temps barbares, par suite de l'exploitation du sel, du voisinage de la Cisalpine, et aussi de sa communication facile, par la Traun, avec la grande route de l'Europe centrale, c'est-�-dire avec le Danube? Celui-ci lui ouvrait les plaines de la Pannonie et de la Moesie, remplies de tribus celto-gauloises, tandis que Hallstatt elle-m�me se trouvait dans le Norique et par cons�quent chez le peuple celte des Taurisques[133]. D'un autre c�t�, les chemins de la Haute Italie �taient ouverts au commerce du Norique par la vall�e de l'Inn, qui aboutit � cinq cols des Alpes, y compris celui de Brenner, origine de la vall�e de l'Adige, laquelle conduit dans le Bolonais, � Villanova, comme celui de la Malo�a vers le lac de C�me et le lac Majeur, � l'immense d�p�t de Golasecca[134]. Enfin par le haut Danube et le col de Zollhauss, dans les Alpes de Constance, Hallstatt pouvait se mettre en rapport avec l'Helv�tie. Il n'y a donc pas trop d'exag�ration � dire que nous pouvons �tudier, dans l'arch�ologie de ce centre commercial, comme un abr�g� de l'histoire du commerce, durant un long �ge arch�ologique, pour d'assez vastes r�gions. L'�ge du bronze, tel que le d�finit M. de Sacken, est d�termin� par les �p�es en feuilles de roseau et � poign�es en croissant, les poignards de m�me sorte, les palstabs et les celts, l'ornementation compos�e de simples lignes, raies ou rubans, cercles et spirales vari�es, avec absence totale de repr�sentation v�g�tale[135]. Ces r�gles ont �t� rigoureusement observ�es � Hallstatt (sauf un seul vase, V. _infra_), o� d'ailleurs on reconna�t aussi quelques figures tr�s-imparfaites d'animaux parfois fantastiques[136], et des figures humaines[137]; mais leur application s'�tend bien au-del� de l'Europe centrale: on les retrouve en �trurie, et _leur origine est asiatique_. Telle est l'opinion �nonc�e avec assurance par M. de Sacken[138]; elle touche � un fait d'une trop haute importance pour que l'on ne doive pas chercher � en r�unir toutes les preuves; mais, en ce moment, achevons d'examiner les monuments de Hallstatt. Le savant autrichien se prononce, avec non moins de certitude et plus de rigueur encore, en faveur du double fait d'une importation �trusque et d'une fabrication locale, comme origines des nombreux objets d'art et d'industrie rencontr�s dans ce vaste d�p�t. Il y a, dit-il, une connexion manifeste entre plusieurs de nos bronzes et l'industrie des peuples civilis�s du Midi[139]. Sans doute, le dessin des lignes simples dans l'ornementation peut se retrouver partout, � titre de fait naturel et en quelque sorte instinctif; �mais la concordance a une tout autre valeur, quand il s'agit de l'identit� compl�te de productions marqu�es d'un caract�re propre et sp�cifique. Or, plusieurs de ces ustensiles de cuivre trouvent non pas seulement leurs correspondants, mais leurs mod�les dans les s�pultures de l'Italie, et nous pouvons suivre une file de magnifiques d�p�ts d'un travail incontestablement �trusque, � travers le Tyrol (sp�cialement � Matrei), la Suisse (vase de Graeckwyl), la Styrie (casque de Negau, trouvaille de Klein-Glein), la Carniole, le Wurtemberg (t�te de Pallas d'OEringen), la Hesse (� Borsdorf et � D�skheim), le pays du Rhin, la Boh�me et l'Allemagne du Nord jusqu'au Danemark.� Cette route commerciale servait aussi au transport de l'ambre. �Plusieurs objets de parure, particuli�rement des fibules, offrent les m�mes motifs de forme et de d�coration dans les anciennes s�pultures de l'Italie et dans les pays du Nord, seulement plus orn�s et plus �l�gants dans les premi�res, surtout quant aux repr�sentations figur�es, qui manquent presque totalement dans les autres (V. _supra_)... Plusieurs de nos bronzes pr�sentent, quoique isol�ment, des objets caract�ristiques fr�quents dans l'Italie moyenne[140].�--Et plus loin: �Beaucoup d'objets nous indiquent l'Italie moyenne comme leur patrie, aussi bien des armes que des ustensiles, sp�cialement le couvercle d'un vase de bronze avec figures d'animaux, tr�s-diff�rent des autres antiquit�s de la m�me classe; le style en est archa�que et s�v�re, mais classique. En le comparant aux oeuvres �trusques, on peut l'attribuer � la main d'un artiste italien d'une bonne �cole[141]. Ce vase et son couvercle sont reproduits aux planches XX (fig. 4) et XXI (fig. 1). On y trouve par exception quelques �l�ments accessoires de d�coration v�g�tale; mais, � la premi�re vue, on a peu de peine � y reconna�tre le vieux style �trusque[142].� L'auteur signale encore, au m�me lieu[143], comme ayant leurs analogues � Hallstatt, des seaux de Bologne entour�s de cercles (pl. XXII, 1,2) et des vases avec couronne de rivets en forme de c�nes (pl. XXII, 4; XXIII, 1,2), trouv�s dans la n�cropole de Cervetri, et il ajoute que de semblables rapprochements peuvent �tre �tablis avec presque tous, sinon tous les vases de bronze de Hallstatt. Quelques-uns de ces objets sont m�me d�cor�s d'un paillon de plomb, m�tal que les �trusques avaient connu de bonne heure, mais qu'on ne trouve jamais ailleurs parmi les antiquit�s de Hallstatt, ni pur ni � l'�tat d'alliage. L'origine �trang�re se reconna�t encore dans une coupe de terre cuite � peintures (pl. XXVI, 3), oeuvre tout � fait sup�rieure � tout le reste de la c�ramique de Hallstatt et en rapport visible avec les coupes de bronze orn�es; elle se reconna�t aussi dans une figure d'animal cisel�e sur une fibule d'or (pl. XIV, 3) et probablement dans des anneaux de verre avec d�coration en forme de perles et de boutons (pl. XXVI, 9), ainsi que dans la coquille de verre qui reproduit un motif favori des temps classiques et sp�cialement de l'art romain; elle se reconna�t enfin dans des clochettes, qui nous montrent l'art italien jusque dans ces d�tails que l'imitation n'aurait pas reproduits. Des fibules (pl. XIII, 14, 15; XIV, 1, 9), des aiguilles, des bracelets sont au moins imit�s de l'art �trusque[144]. Maintenant, avant de passer aux produits reconnus par M. de Sacken comme �tant, � Hallstatt, des oeuvres de l'industrie nationale, examinons, avec M. Al. Bertrand, la question des seaux de bronze et des puisoirs[145], et aussi celle des fibules. Les seaux de bronze, _riv�s et non soud�s_, qui ont, depuis quelques ann�es seulement, attir� l'attention des arch�ologues, sont aujourd'hui nombreux dans les collections europ�ennes. Les savants qui les ont signal�s ont partag� d'abord l'opinion �mise par M. de Sacken: ils les ont consid�r�s comme des produits industriels particuliers � l'Italie sup�rieure, et sp�cialement � l'�trurie circumpadane. C'est ainsi, fait observer M. Bertrand, que s'exprimaient, au Congr�s de Bologne, MM. Conestabile et Gozzadini. Cependant, l'ann�e suivante, on en trouvait un � Magny-Lambert (Monceau-Laurent), au milieu d'antiquit�s gauloises et non romaines (tombe � inhumation, �p�es de fer, rasoir de bronze); la C�te-d'Or, les environs de Berne, ceux de Mayence, le Hanovre, les environs de L�beck, en fournissaient � leur tour; Hallstatt, enfin, en a donn� six, �dont un, dit M. Bertrand, est la reproduction presque identique de notre seau du Monceau-Laurent, et les autres n'en diff�rent que par des d�tails sans importance[146]. Ces faits doivent �tre not�s avec grand soin, mais ils ne sont pas inconciliables avec l'id�e d'une origine �trusque. Il est certain aujourd'hui[147] qu'� une certaine �poque, le commerce �trusque s'est �tendu loin dans le Nord; � L�beck m�me, des objets de fabrique italienne avaient pu �tre �chang�s contre de l'ambre, et un seau d�couvert pr�s de Tongres a �t� omis tout-�-l'heure dans mon �num�ration, parce qu'il fallait signaler � part, comme indication � peu pr�s certaine de provenance �trang�re, une circonstance tr�s-notable de la trouvaille: �Le m�me tumulus, dit M. Bertrand, contenait une oenocho� en bronze � bec relev�, _du travail �trusque le plus prononc�_.� Enfin, neuf cistes semblables ont �t� trouv�es dans le Bolonais, le Mod�nais et le Parm�san, dont deux � Marzabotto et une autre � la Certosa. Ici, la provenance directe est elle-m�me italienne. De plus, deux portent des caract�res �trusques; deux ou trois contenaient des vases peints, et une autre, des miroirs � figures. Parmi ces faits donc, quelques-uns sont favorables � l'origine �trusque des seaux � rivets et � cercles, d'autres ne le sont pas par eux-m�mes, mais aucun d'eux ne permet d'opposer � cette opinion une v�ritable fin de non-recevoir. L'absence de soudure les reporte d'ailleurs, s'ils sont tous de fabrique italienne, vers une antiquit� assez haute, au moins au Ve si�cle avant l'�re chr�tienne, selon notre savant compatriote. C'est � peu pr�s � la m�me conclusion que s'arr�te, au sujet d'une ciste non soud�e du Parm�san, un arch�ologue italien, M. V. Poggi[148]. D'autre part, des puisoirs analogues aux _simpula_ romains, non soud�s, � anse _riv�e_ et de formes vari�es (pl. XXIII, 1, 2, 3, 5, 6, 7; cf. XXIV, 3, 4, 5, 8; et XXV, 4, 5, 11), ont �t� trouv�s � Hallstatt, ainsi que de petites coupes, pouvant servir au m�me usage, quoique d�pourvues d'anses (pl. XXIII, 4; XXIV, 6, 7, 9; XXV, 1, 2, 3, 12,14, 15), et une v�ritable cuiller (pl. XXV, 6). Ces petits vases sont fort r�pandus dans l'Allemagne, tant du Sud que de l'Ouest et du Nord: Hallstatt seul en a fourni plus de cent; ils sont tr�s-nombreux en Irlande et tr�s-rares en Italie; on en a trouv� � Magny-Lambert. Or, M. Bertrand fait remarquer que �_toute cette vaisselle_ de bronze, � en juger par les d�couvertes sur lesquelles nous avons quelques d�tails, sort de fouilles du m�me ordre que nos fouilles de Magny-Lambert, et est partout associ�e � des objets analogues... Ce qui est peut-�tre encore plus frappant, c'est que, dans les m�mes s�pultures o� sont plac�s les _vases de bronze � rivure_, se fait remarquer l'absence des m�mes ornements, des m�mes bijoux, des m�mes armes, communs dans d'autres cimeti�res de caract�re diff�rent. Les �p�es en bronze, par exemple, y sont excessivement rares et du type le plus voisin des grandes �p�es en fer; les _torques_, si fr�quents dans les cimeti�res gaulois du d�partement de la Marne, n'y apparaissent que par exception. Les fibules y sont rares... Par ce que l'on trouve aussi bien que par ce que l'on ne trouve pas dans ces tombes, on est donc autoris� � dire qu'elles appartiennent � une m�me phase de d�veloppement des pays tant transalpins que cisalpins, plusieurs si�cles avant notre �re[149].� C'est au temps o� l'usage du fer se propageait au Nord et au Sud des Alpes, que ces circonstances nous ram�nent; c'est l� un fait tr�s-utile � noter pour la d�termination de la date relative des s�pultures de Hallstatt et conforme � ce que nous avons vu plus haut, tr�s-utile aussi pour l'histoire g�n�rale de la civilisation mat�rielle en Occident. Les fibules de Hallstatt donneront-elles lieu � des conclusions semblables? On en a trouv� dans presque toutes les tombes de ce cimeti�re, souvent plusieurs dans la m�me tombe, et, l� o� se trouvaient des squelettes, sur leur poitrine ou leur �paule, le d�funt ayant �t� inhum� avec ses v�tements[150]. Les formes en sont vari�es, pourtant avec ce caract�re commun que l'aiguille fait corps avec la pi�ce principale, � laquelle elle est quelquefois reli�e par un ressort[151]; il en est (pl. XIII, 9-10; XIV, 17) qui sont compos�es seulement de spirales et d'une aiguille; il en est aussi (XIV, 15-17: XIV, 1, 2) qui sont d�cor�es de cha�nettes; il en est, enfin (XIV, 3; XV, 4-7), qui affectent des formes d'animaux. Les fibules en spirales sont ici au nombre de plus de quatre cents[152]; on les retrouve en divers lieux de l'Allemagne, en Suisse, et, _par exception_, en Italie[153]; � Marzabotto, c'est dans une tombe � inhumation qu'on en a trouv�, et la forme en est exactement la m�me que celle d'une fibule de la Marne[154]; l'origine �trusque est donc ici beaucoup moins vraisemblable que pour les cistes. Comme pour les coupes � rivure, on est amen� � la pens�e d'une fabrication transalpine, et, pour Hallstatt au moins, � l'�poque de l'usage habituel du bronze, puisque _pas un seul_ des objets de parure, trouv�s par milliers dans cette station, n'est en fer[155]. En d'autres termes, l'influence galatique s'y est exerc�e, mais le fond de la population _industrielle et commer�ante_ para�t avoir appartenu � la pr�c�dente immigration de la race celtique. Oui, _industrielle_, car le moment est venu de p�n�trer plus avant, � la suite de M. de Sacken, dans les habitudes domestiques de cette tribu celtique et de mesurer de plus pr�s son �tat de civilisation. Avant tout, il a soin d'�carter nettement l'hypoth�se d'une grossi�re barbarie, d'une incapacit� intellectuelle � travailler les m�taux, barbarie que l'on pourrait avoir l'id�e d'attribuer � ce pays, un certain nombre de si�cles avant la conqu�te romaine. L'exploitation des mines en grand est d�j� une oeuvre de civilisation; or, outre l'exploitation des salines de Hallstatt m�me, on a des preuves que des usines de cuivre voisines de l�, dans la Styrie et dans le Tyrol, ont �t� tr�s-anciennement en action[156]. Le cuivre est l'�l�ment principal du bronze; mais l'�tain �tait-il aussi � la disposition des Noriques? Selon M. de Rougemont, les mines d'�tain les plus voisines, celles de Boh�me et de Saxe, n'ont �t� ouvertes qu'au moyen �ge[157], et les auteurs anciens ne parlent jamais de l'�tain gaulois[158], bien que dans le d�partement de la Creuse il existe, selon cet auteur, des traces de travail minier _pouvant_ remonter jusqu'� l'�ge gaulois. On a trouv� des outils de pierre et de bronze dans les galeries primitives des usines de cuivre _ou d'�tain_ de la France et des pays voisins[159]; au Congr�s de Bude, on a indiqu� une exploitation de cassit�rite op�r�e � Massa par les �trusques[160]; mais nulle part les t�moignages de l'antiquit� ne permettent d'accorder une importance consid�rable � ces exploitations. Il est donc peu probable que les Celtes du Danube aient pu tirer leur �tain de l�[161]; moins probablement encore de la Lusitanie ou de la Galloecie[162], que l'on ne supposera pas reli�es � Hallstatt par des routes commerciales avant la conqu�te romaine. Il n'existe pas du tout de mines d'�tain dans l'Illyrie, ni dans l'Italie[163], ni dans la Gr�ce, ni dans la Thrace. Restent les mines fameuses des �les Sorlingues ou de la Cornouaille britannique, dont l'�tain a �t� si longtemps mati�re d'un grand commerce pour les Ph�niciens. Mais, comme M. de Rougemont le faisait observer d�j� en 1866, le nom ph�nicien de l'�tain, _kasdir_ (que l'on retrouve dans le [Grec: Kassiteroz] des Grecs), n'avait pas franchi l'Adriatique, et par cons�quent l'�tain des bronzes fabriqu�s aupr�s du massif des Alpes n'�tait pas apport� par les Ph�niciens; il arrivait plut�t de la Cornouaille par la Seine, c'est-�-dire par l'interm�diaire des peuples de la Gaule; et par cons�quent les routes fluviales de la Gaule s'ouvrirent de bonne heure au commerce des peuples occidentaux. �La Suisse occidentale, dit le m�me auteur, abonde en monnaies des Santons et des Cal�tes[164];� un commerce actif exista donc entre elle et les bords de la Manche et de l'Oc�an, au temps des monnaies autonomes de la Transalpine. M. Fran�ois Lenormant va plus loin encore[165]: il croit que l'�tain de Cornouaille vint longtemps par la Seine, la Sa�ne et le Rh�ne aux mains des Ph�niciens eux-m�mes, avant qu'ils eussent la hardiesse de se lancer dans l'Oc�an. Ce n'est l� qu'une conjecture; mais ce qui n'en est pas une, c'est l'observation emprunt�e par cet �crivain � M. Pictet[166] que l'ancien allemand, le lithuanien, le polonais et m�me le latin ont re�u le nom donn� par eux � l'�tain des Celtes, qui le poss�daient dans tous leurs dialectes (cymrique, _ystaen_; cornique, _st�an_; armoricain, _st�an, sten, stin_; erse _staouin_); mot explicable dans ces langues, puisque, comme le dit M. Pictet, le cymrique _ystaen_ signifie _extension_, nom qui convient � un m�tal ductile, tandis que _stannum_ n'a pas d'�tymologie en latin. Les Romains ont donc d� recevoir l'�tain par l'interm�diaire de la Gaule, comme les riverains du Weser, de la Vistule et du Ni�men le recevaient par la mer du Nord et la Baltique. Dans tous les cas, Hallstatt a pu recevoir de bonne heure l'�tain de Cornouaille, et par cons�quent non-seulement forger le bronze, mais encore le fabriquer. Elle recevait aussi l'ambre[167] de la Baltique, qui n'est gu�re moins �loign�e. Peu importerait d'ailleurs, dit avec raison M. de Sacken[168], en ce qui concerne la constatation d'une civilisation assez avanc�e, que les objets d'art fussent import�s ou ex�cut�s dans le pays; ni ceux qui les fabriquaient, ni ceux pour le go�t desquels le commerce demandait des oeuvres d�licates et co�teuses ne peuvent avoir �t� des sauvages. Et les formes rudimentaires de certains objets trouv�s � Hallstatt ne prouvent rien en sens contraire, non-seulement parce qu'� des fortunes diverses il fallait alors, comme aujourd'hui, des produits diff�rents, mais parce que, dans tous les temps aussi, la ciselure ach�ve ce que la fonte a grossi�rement �bauch�, et qu'il ne faut pas juger d'une industrie par des oeuvres inachev�es[169]. D'ailleurs, l'emploi des fibules semble indiquer des v�tements compliqu�s, et, autant qu'on en peut juger par leurs d�bris, les �toffes de Hallstatt n'�taient pas trop grossi�res. Le grand nombre de faucilles qu'on y a trouv�es indique un usage �tendu de l'agriculture; des lingots de bronze et _des scories_, des limes et une petite enclume constatent positivement l'existence locale de l'industrie m�tallique; et la fabrication locale du bronze lui-m�me r�sulte d'abord d'une galette de _cuivre_ fondu, avec patine tr�s-ancienne, tandis qu'on n'a trouv� l� _aucun_ objet _manufactur� de cuivre_, puis de la composition chimique de certains bronzes de cette station. Les proportions du cuivre et de l'�tain varient, bien qu'en g�n�ral elles soient les m�mes que dans les autres pays (c'est-�-dire 90 % de cuivre); mais un nombre consid�rable d'objets de parure, reconnaissables � leur couleur p�le et � leur patine grise, contiennent une fraction importante de nickel, 2 � 8 %, destin� � remplacer l'�tain. Or, ce m�tal, dont les gisements sont rares, se trouve en grande abondance dans celui de Schladming, en Styrie, _� quelques heures de Hallstatt_, o� il est encore exploit�, et d'o� l'on tire aussi du cuivre. De plus, le nickel, qui se retrouve dans certains bronzes de la Suisse occidentale, parce qu'on le tire du Valais, ne se rencontre _jamais_ dans ceux d'�trurie[170]. Enfin, la forme et l'ornementation d'objets d'argile, sans doute fabriqu�s sur place, sont exactement les m�mes que ceux des objets de bronze de m�me nature. Pour le fer aussi, la Styrie fournit la mati�re en abondance, et celui des forges _noriques_ �tait fort estim� des Romains[171]. L'industrie des Celtes Noriques ne peut donc pas plus �tre ni�e que leur commerce, pour des temps ant�rieurs � la conqu�te romaine, car celle-ci, qui a laiss� des traces dans le bassin de la Traun, n'en a gu�re � Hallstatt m�me[172], dont le sel put trouver une concurrence redoutable dans celui de la mer, quand les grandes routes de l'Empire furent �tablies partout. Nous avons vu que les inductions � tirer de faits divers nous reportent, pour �tablir une chronologie approximative de cette station, vers le IIIe, le IVe et le Ve si�cle avant notre �re. M. de Sacken examine s�par�ment ce point avec sa rigueur ordinaire. Le cimeti�re de Hallstatt est nettement distingu�, dit-il, des cimeti�res alamans du IIe au Ve si�cle (apr�s notre �re) par l'absence totale de bijoux en fer et du style germanique, ainsi que par l'usage des inhumations; il tient m�me, par un grand nombre de monuments, � la p�riode florissante de l'art �trusque, et, par le couvercle � figures d'animaux, au style archa�que de l'Italie moyenne, c'est-�-dire aux Ve et VIe si�cles[173]; par les seaux, au temps de la n�cropole bolonaise, p�riode des l�cythes � figures noires (du VIe au IVe)[174]. M. de Sacken, d'ailleurs, se refuse � fixer m�me au IVe si�cle la limite inf�rieure de ces monuments, comme on l'a voulu faire � cause de l'absence de l'argent, ce qu'il ne tient pas pour indication suffisante, et � cause de l'absence de monnaies imit�es des philippes, l'usage de mettre des monnaies dans les tombes paraissant n'avoir �t� introduit dans ces contr�es que par les Romains. Sans doute, ajoute-t-il, l'usage de ce cimeti�re a dur� longtemps: plusieurs types, surtout pour les bijoux, appartiennent � des temps divers; il y a l� des pointes de lances qui ressemblent � celles des d�fenseurs d'Alesia, des vases de verre � c�tes comme les Romains en ont eu. En s'arr�tant � la p�riode de cinq si�cles qui pr�c�de l'�tablissement de la domination romaine dans ce pays, on aura l'approximation la plus juste � laquelle il soit possible de se fixer[175]. CHAPITRE V L'INTRODUCTION DU BRONZE DANS L'EUROPE MOYENNE Revenons maintenant � la question plus g�n�rale de l'introduction du bronze dans l'Europe moyenne, c'est-�-dire dans celle qui n'appartient ni au bassin de la M�diterran�e proprement dite, ni aux r�gions Scandinaves, ni au versant de l'Oc�an glacial. Disons-le d'abord: les anciens n'ont peut-�tre pas compl�tement ignor� l'action exerc�e par la civilisation orientale sur les r�gions illyriennes. Ils nous ont transmis � cet �gard des renseignements rares sans doute, mais int�ressants, sinon � l'abri de toute critique, qui sont rappel�s par M. de Sacken[176]. H�rodien (VIII, 3, 19), dit-il, nomme _Bel_ le dieu ou un dieu des Illyriens; et Tertullien (_Apol._, 24) dit que les Noriques adoraient Belen. Un autel de Bellenus, ou Bellinus, a �t� trouv� pr�s de Klagenfurth avec une inscription constatant sa d�dicace: or, Bel est un dieu asiatique. M. de Sacken rapporte d'ailleurs avec toute apparence au culte ancien du soleil l'usage d'allumer, au solstice d'�t�, les feux dits de la Saint-Jean, retrouvant � la fois cet usage dans l'Irlande, la France[177], la Haute-Autriche, la Carniole, l'Istrie, toute l'Allemagne du Sud, et, enfin, la Petite-Russie (entre le Pripet et le Donetz). Il nie, contre M. Nillson, que le s�jour de quelques marchands ph�niciens ait pu imprimer des traces vastes et profondes dans les croyances et les habitudes religieuses de grandes populations; il ajoute qu'il s'en faut de beaucoup que ces traces soient born�es aux r�gions maritimes, et il attribue cette communaut� de coutumes � la communaut� d'origine et de croyance des populations elles-m�mes, �migr�es d'Asie dans l'Europe moyenne[178]. Il est vrai, deux objections peuvent ici �tre oppos�es: le nom de Bel n'appartient point � la famille aryenne, � laquelle pourtant appartiennent les populations celtiques, germaniques, scandinaves, lithuaniennes et slaves, et, d'autre part, le culte du soleil se retrouve chez tous les peuples pa�ens. � celle-ci, la r�ponse est facile: ce qui nous frappe ici, ce n'est pas la propagation du culte solaire en lui-m�me, c'est l'identit� du rite accompli, � une m�me date solaire, chez des peuples de m�me race, depuis la mer d'Azof jusqu'au golfe de Galway. Ce n'est l�, d'ailleurs, qu'un des mille et mille faits, linguistiques ou autres, qui d�montrent d'une mani�re absolue que la race celtique, aussi bien que les Germains et les Slaves, avait apport� d'Orient et qu'elle _n'a jamais perdu_ la connaissance des �l�ments de la civilisation mat�rielle et morale: c'est la conclusion incontestable du livre entier de M. Pictet. Quant au nom de _Belen_, retrouv� aussi en Gaule, mais qui peut n'�tre qu'une �pith�te, le _dor�_, pour signifier le soleil[179], ce n'est point au Bel assyrien que le rapporte M. de Belloguet, mais bien au _Bh�la_ sanscrit, un des noms de cet astre dans le plus ancien idiome connu[180] de la race aryenne. M. Pictet, auquel il renvoie, ajoute ici un d�tail curieux: c'est que l'irlandais a, seul de toutes les langues europ�ennes, conserv� plusieurs des noms sanscrits du soleil[181], et parmi eux _B�al_, reproduction exacte et sans nul suffixe du _Bh�la_ oriental. Mais, sans aller si loin, nous pouvons reconna�tre la _marche continue de la m�me race_, emportant les traces d'une _m�me civilisation_, depuis le bassin du Dni�per jusqu'aux rivages de l'Oc�an[182]. Rien d'invraisemblable en soi � ce que des usages de la vie mat�rielle se soient conserv�s chez elle, d'�tape en �tape, aussi bien que des croyances et des rites. En fait, ces demi-barbares du Centre et de l'Ouest ont-ils constamment _pratiqu�_ la m�tallurgie, l'ont-ils _re�ue_ des �trusques, ou bien encore l'ont-ils _retrouv�e_ depuis leur arriv�e en Europe? Ce sont l� des questions aussi d�licates qu'int�ressantes que soul�ve le docte conservateur du Mus�e des Antiques de Vienne. Engag�s, sur ses pas dans cette voie pleine d'attrait et de myst�re, nous avons reconnu, � l'aide de preuves certaines, le double fait d'une importation m�ridionale et d'une fabrication locale dans le bassin du Danube sup�rieur, mais sans �tre amen�s peut-�tre jusqu'au temps o� la race celtique s'y �tablit: seulement nous allons voir bient�t et nous avons d�j� entrevu des motifs solides de croire que l'usage du bronze a �t� directement apport� dans l'Europe moyenne par des Celtes sinon par eux seuls. Nous avons �tudi� aussi les plus anciens bronzes de la vall�e du Rh�ne. Voyons maintenant � quelles conclusions il est possible d'arriver en ce qui concerne l'ensemble de la Gaule. M. Bertrand a intitul� deux des fragments qui composent son livre: _Le bronze dans les pays transalpins_[183].--_La Gaule et l'Italie ont-elles eu leur �ge de bronze[184]?_ La contradiction entre ces deux titres n'est qu'apparente. L'auteur conna�t l'introduction tr�s-ancienne, mais exceptionnelle, du fer parmi les bronzes italiens, et il ne met point en doute la d�couverte de bronzes �trusques en Bourgogne, en Suisse, en Alsace, en Prusse rh�nane, en Belgique[185]: dans le Wurtemberg, la Bavi�re, l'Istrie, la Croatie, la Styrie, la Moravie et la Hongrie, M. Bertrand n'ose affirmer qu'une certaine _analogie_ avec le style �trusque; il �tend d'ailleurs cette observation � des _pays �loign�s_ du parcours de l'�migration celtique: la Lithuanie, le Mecklembourg, la Scandinavie[186]. Il reconna�t, d'autre part, qu'il existe, dans les collections arch�ologiques, des bronzes gaulois de travail barbare, et il combat la pens�e du docteur Lindenschmidt et de son �cole qui attribue au commerce �trusque, ph�nicien ou grec, l'importation de _tous_ les objets de cette nature[187]. M. Bertrand ne pense pas que l'influence grecque ait jamais d�pass�, chez les Gaulois, le bassin du Rh�ne, et il appuie son opinion sur le plus s�r des arguments, le style des objets nombreux qu'on a rencontr�s dans les fouilles. � plus forte raison, ajoute-t-il, les Ph�niciens et les �trusques, moins avantageusement plac�s que les Ioniens de Marseille pour exercer cette influence, n'ont-ils pas d� avoir une grande action sur le d�veloppement artistique et industriel de la Gaule centrale ou septentrionale[188]. Il croit donc � une industrie du bronze vraiment nationale chez nous; seulement, nous le verrons bient�t, il en restreint beaucoup l'importance dans l'histoire g�n�rale de notre pays. � bien plus forte raison encore rejette-t-il la pens�e d'une action antique, puissante et continue du commerce ph�nicien � l'�gard des peuples du haut et du moyen Danube, de la Boh�me, du Mecklembourg, de la Lithuanie et des presqu'�les Scandinaves, mais il est bien loin de nier toute influence orientale. Sa pens�e � cet �gard m'avait d�j� singuli�rement frapp� quand je l'avais entendu lire cette note � l'Acad�mie des Inscriptions (3 octobre 1873). Elle n'est rien moins, � mon avis, qu'une des id�es les plus f�condes de la science moderne; c'est la r�ponse � la grande question pos�e par M. de Sacken et que je rappelais tout-�-l'heure. �Il s'agit, dit M. Bertrand, dans la pr�face de ce morceau[189], de savoir si, _en dehors du monde classique_, il a exist�, oui ou non, _d�s l'antiquit� la plus recul�e_, une _civilisation_, autre sans doute, mais � bien des �gards tr�s-d�velopp�e, qui a fait sentir son influence sur une _�tendue de pays presque �gale au monde connu des anciens_. Or, l'existence de ce monde nouveau, _civilis� � sa mani�re, ne para�t plus contestable_. La civilisation qu'il repr�sente, bien que plongeant, comme la civilisation classique; ses _principales racines_ en Orient, n'a que de tr�s-lointains rapports avec l'art hell�nique ou �trusque, et tout au plus dans la mesure de parent�, qui unit entre eux les divers idiomes indo-germaniques.� Et dans la pr�face de son livre[190], l'auteur, indiquant � l'avance l'_unit�_ de cette civilisation �trang�re aux donn�es classiques, �crivait ces mots: �Les palafittes des lacs de Gen�ve, de Neuch�tel, de Bienne et du Bourget semblent, � consid�rer la similitude seule des objets, une colonie scandinave. Les armes ont la m�me dimension, la m�me forme, les m�mes poign�es �troites et souvent � antennes. Les bijoux ont les m�mes motifs de d�coration, les couteaux la m�me forme. La Suisse est m�me, sous ce rapport, beaucoup plus pr�s du Danemark que la Hongrie. L'or y est seulement moins, abondant; on s'aper�oit que ces populations ne sont plus � port�e de l'Oural.� En pr�sence de cette immense et magnifique question, le devoir du critique est tout trac�. Il r�sulte manifestement de l'importance et de la nouveaut� des aper�us une n�cessit� pour la science de les r�pandre le plus promptement et le plus largement possible, avec les moyens d'en mesurer la valeur; il nous faut, par cons�quent, analyser scrupuleusement ce court travail, en citer fr�quemment le texte, puis rechercher tout ce qui permettra d'en critiquer ou d'en confirmer les aper�us. �Un des grands arguments des partisans de la th�se _phoenico_ ou _gr�co-tyrrh�nienne_, dit l'auteur, est la perfection de quelques-uns des bronzes recueillis dans les stations ou sous les monuments les plus incontestablement anciens des contr�es dont il s'agit. Ce n'est donc pas, dit-on, chez ces peuples que cette industrie est n�e... Or..., d'o� ces objets viendraient-ils, sinon du foyer de toute civilisation, du bassin de la M�diterran�e, de Sidon, de Tyr, de Chypre, d'Adria, de Populonia ou de Marseille... Mais... soutenir que le probl�me n'a que deux solutions possibles, la solution du bronze indig�ne et la solution phoenico-�trusque, est une erreur �vidente. En dehors de la Ph�nicie, de la Gr�ce et de l'�trurie, existaient, dans l'antiquit�, plusieurs grands centres de civilisation qu'il est plus que permis d'interroger, qu'il faut interroger avant tout... Je veux parler des vastes contr�es dont le Caucase est comme la t�te[191].� L'auteur rappelle, alors que les Grecs attribuaient aux peuples de l'Asie-Mineure la premi�re exploitation du fer et du bronze; que �Strabon indique comme un des centres m�tallurgiques les plus anciens le pays des Chalybes, dont Hom�re vantait d�j� les mines d'argent;� qu'�z�chiel signale le commerce des vases d'airain envoy�s � Tyr par Tubal et Mosoch, c'est-�-dire par des peuples voisins du Caucase[192], et il ajoute: �Jetez maintenant un regard sur une carte du monde connu des anciens. Demandez-vous quelle est la route la plus courte, la plus naturelle, du pays des Chalybes ou des montagnes de la Phrygie, soit aux bords de la Baltique, soit au pied des Alpes; vous reconna�trez sans peine que c'est la vall�e du Danube d'un c�t�, les vall�es du Dni�per et de la Vistule de l'autre. M. A. Maury a signal� depuis longtemps, dans un cours malheureusement non publi�, ces deux grandes voies de commerce entre l'Asie et l'Europe, suivies par toutes les migrations de peuples depuis les temps les plus recul�s. De nouvelles d�couvertes confirment chaque jour l'exactitude de ces id�es[193].� La date du _Xe si�cle au moins_ avant notre �re, que l'auteur indique sommairement comme �tant celle de la premi�re introduction dans diverses r�gions de l'Europe occidentale des armes, bijoux et ustensiles de bronze[194], n'est pas contradictoire avec le r�sultat auquel nous ont conduit les fouilles de Hallstatt; l'id�e g�n�rale de M. Bertrand est d'ailleurs en parfait accord avec celle de M. de Sacken, qui reconna�t l'origine asiatique de l'industrie du bronze et m�me des motifs d'ornementation adopt�s par les peuples de l'Europe moyenne; seulement, l'auteur allemand incline � croire que leurs relations avec les peuples de la M�diterran�e ne furent jamais compl�tement interrompues[195]. Mais M. Bertrand, mettant � part les objets d'importation m�ridionale et probablement moins ancienne, s'attache � suivre la trace de l'ornementation sp�ciale aux r�gions indiqu�es par lui, et il ajoute: �Ces divers objets ont un cachet �vident d'origine commune, � c�t� de diff�rences �galement sensibles, comme seraient les vari�t�s d'une m�me plante acclimat�e dans des contr�es diverses;--l'ornementation de ces objets, qui n'admet que des lignes g�om�triques, � l'exclusion de toute repr�sentation d'�tre anim� ou m�me de plante, indique qu'ils venaient tous d'un m�me centre, ou que les pays o� on les trouve pratiquaient des religions analogues... Cette situation est tout � fait analogue � celle qu'offre l'ensemble des langues indo-europ�ennes, qui se montrent de m�me � nous, en Europe, avec tant de vari�t�s ressortant sur un fond g�n�ral uniforme[196].� L'auteur fait ensuite ressortir aux yeux m�mes du lecteur, par des rapprochements de dessins, la ressemblance d'ornementation entre des colliers trouv�s en Lithuanie et en Suisse, entre des �p�es de Suisse et de Su�de, comme de France et d'Irlande, entre des poignards de France et du Mecklembourg[197]. Or, ajoute-t-il, �de m�me que les dialectes les plus anciens sont ceux qui ont entre eux le plus d'�l�ments communs, on entrevoit que ce sont les bronzes des �poques les plus recul�es qui nous montrent les plus frappantes ressemblances et aux distances les plus grandes, comme �tant plus rapproch�s de la source commune;� tandis que l'art �trusque, soit hell�nis�, soit romanis�, ne ressemble en rien aux antiquit�s irlandaises, scandinaves ou lithuaniennes; et l� m�me o� l'on peut reconna�tre une analogie avec l'art �trusque, dans le bassin du Danube et le voisinage de l'Adriatique, elle est d'autant moins sensible que l'�poque est moins ancienne[198]. Il invoque m�me, � l'appui de ce sentiment sur l'existence de l'art transalpin et son origine orientale, l'opinion de M. Conestabile, l'arch�ologue �minent de l'�trurie[199]. En m�me temps que M. Bertrand lisait cette note � l'Institut, M. Fran�ois Lenormant achevait la r�daction ou commen�ait l'impression de ses _Premi�res civilisations, �tudes d'histoire et d'arch�ologie_, ouvrage dans lequel il fait ressortir[200] une pens�e du baron d'Eckstein, dont le rapprochement avec les lignes pr�c�dentes est digne d'un vif int�r�t. Tous les peuples aryens, disait le savant danois, depuis les Hindous jusqu'aux Celtes, en passant par les Germains, ont attribu� l'invention de la m�tallurgie � des �tres surnaturels, diff�rents de leurs divinit�s nationales et quelquefois m�me consid�r�s comme malfaisants, tandis que ces deux derniers caract�res ne se retrouvent plus, quant aux g�nies inventeurs de cet art, dans les traditions des peuples appel�s Touraniens. Il y a l� une indication aussi vague que l'on voudra, mais probable, d'un emprunt de cette industrie fait ou renouvel� par les Aryens � une race �trang�re. Mais, en ce qui concerne sp�cialement le bronze, la g�ographie est bien autrement d�cisive. La fabrication de cet alliage exigeait, nous l'avons vu, des relations directes ou indirectes, mais permanentes, avec une contr�e renfermant des mines d'�tain, puisque l'emploi du zinc pour cet usage n'existait pas durant ces temps recul�s, ainsi que le d�montre l'analyse des bronzes antiques[201]. Mais, comme les gisements d'�tain sont fort rares en Europe et ne s'y trouvent gu�re que dans l'extr�me Occident, comme des relations avec les �les Sorlingues ne peuvent pas �tre suppos�es, lors de l'arriv�e des migrations aryennes dans les bassins du Dni�per et du Danube, il faut admettre que Celtes, Lithuaniens et Scandinaves avaient conserv� des relations commerciales avec une r�gion asiatique, au temps de leurs plus anciens bronzes, et qu'ils �taient encore, comme le t�moigne d'ailleurs l'identit� d'ornementation, sous l'influence d'une commune impulsion dans l'exercice de cette m�tallurgie; il fallait donc que cet exercice e�t subsist� sans interruption depuis leur s�paration. C'�tait donc la civilisation de l'�ge du bronze qu'ils _apportaient_ avec eux. Seulement, il est tr�s-douteux que la fabrication m�me de cet alliage f�t alors l'oeuvre des peuples europ�ens; ils le tiraient plut�t d'Asie tout fait, soit ouvr�, soit en lingots; les _noms_ germaniques, celtiques, lithuaniens et polonais de l'_�tain_ n'ont rien de commun avec ses d�nominations asiatiques[202], tandis qu'un nom sanscrit de l'_airain_ se retrouve en irlandais, et qu'une m�me racine verbale (_bhr�s_, luire) a pour d�riv�s des noms de l'airain, en Scandinave, en anglo-saxon, en anglais, en irlandais, en cymrique et m�me en fran�ais, M. Pictet pensant, avec toute vraisemblance, que _bronze_ vient du cymrique _pr�s_[203]. Quel �tait ce centre asiatique de la fabrication du bronze, pour les anciens peuples de l'Europe moyenne et septentrionale? M. de Rougemont[204] signale l'existence d'un gisement d'�tain dans le district de Bamian, au milieu de l'Hindou-Kosch, l'ancien Paropamisus; et il rappelle que Strabon (XVI, 2) constate l'existence de ce m�tal dans la m�me contr�e. L� fut sans doute exploit� l'�tain servant � fabriquer le bronze dans la patrie commune des vieux Aryas, dans la r�gion voisine du plateau de Pamir. Il serait bien t�m�raire de dire qu'il f�t export� de si loin vers le Dni�per et le Danube; mais il n'y a rien que de vraisemblable � penser, comme M. Bertrand, que le centre de cette exportation �tait au pied du Caucase, quand M. de Rougemont nous assure[205] que la G�orgie contient des mines d'_�tain_, ainsi que d'or, d'argent, de fer et de _cuivre_. Il pense m�me (p. 171) trouver une trace du s�jour d'�migr�s aryens dans ce pays, une preuve de ce fait qu'une de leurs tribus s'y serait arr�t�e pendant la marche, quand il dit que les descendants de Tubal parlent, dans le Lazistan, une langue voisine du g�orgien, qui est, dit-il, une langue aryenne. Il est vrai que le Tubal et le Mosoch bibliques sont issus de Japhet, comme les Aryens; il est vrai encore que la langue caucasique nomm�e _oss�the_ est reconnue pour aryenne. C'est donc sur un fait r�el et important pour la pr�sente question que M. de Rougemont appelle ici l'attention du lecteur; seulement il en exag�re les termes. Le g�orgien proprement dit est une langue � part, quoique son vocabulaire contienne beaucoup de mots d'origine aryenne, et tel �tait d�j� le cas de la langue parl�e en Arm�nie, avant l'arriv�e peu ancienne des Arm�niens proprement dits, par la population que M. Fran�ois Lenormant nomme Alarodienne, et que l'arriv�e des nouveaux envahisseurs refoula vers la G�orgie et le Lazistan. C'est ce qu'il expose dans la deuxi�me de ses _Lettres assyriologiques_[206], et ce qui peut nous suffire ici. Nous en conclurons, en effet, que cette r�gion a �t� r�ellement le s�jour antique de populations aryennes, dont les soeurs, connues sous les noms de tribus moschienne et tibar�nienne, y ont, comme nous l'avons vu, fix� leur demeure et se sont appliqu�es � l'exploitation des m�taux, peut-�tre d'apr�s les le�ons donn�es par les premiers habitants du pays, tandis que la chasse, la guerre, l'amour des aventures entra�naient vers l'Occident Slaves et Lithuaniens, Germains et Celtes; mais ils conservaient avec ceux-l�, gr�ce � la communaut� originaire du langage, et � une parent� non encore oubli�e, les relations commerciales dont les �migrants ne pouvaient m�conna�tre la n�cessit�, puisqu'ils �taient accoutum�s � l'usage du bronze, et qu'il leur �tait alors _impossible_ de le fabriquer dans leurs nouvelles patries, o� l'�tain n'existait pas[207]. Graduellement �chelonn�s le long des grands fleuves de l'Europe occidentale, qui leur offraient une route facile, non-seulement de migration, mais de commerce, les nouveaux habitants du continent europ�en entretenaient avec la c�te Sud de la mer Noire des relations permanentes, directes pour les habitants des bouches du Danube et du Dni�per, indirectes pour les autres, mais par l'interm�diaire de peuples d'une m�me race et d'idiomes voisins. Ce commerce des m�taux �tait incomparablement plus utile que celui de l'ambre, dont pourtant l'existence aux temps pr�historiques de l'Europe centrale a laiss� des traces incontest�es; et qui sait si des relations incessantes de cette nature n'ont pas contribu� grandement � maintenir, dans le cours des si�cles, la parent� si prochaine des idiomes slaves avec le lithuanien, pour le bassin du Dni�per, et, pour les bassins du Danube, de l'Oder et de la Baltique, la parent� non moins �troite des idiomes germaniques et Scandinaves. CHAPITRE VI L'�GE DU BRONZE & DE LA PIERRE POLIE DANS LA GAULE OCCIDENTALE, CENTRALE & SEPTENTRIONALE. L'assemblage des deux parties de ce titre devra para�tre un paradoxe � ceux qui n'ont encore appris � conna�tre l'arch�ologie pr�historique que par les assertions gratuites admises � circuler dans le monde sous le nom de principes de cette science. Pourtant, je n'ai fait, en l'�crivant, qu'indiquer les conclusions de M. Bertrand dans son fragment intitul�: _De l'expression: �ge de bronze, appliqu�e � la Gaule_, communication au Congr�s de Stockholm, qui forme les pages 206-14 de l'_Arch�ologie celtique et gauloise_. J'ai d�j� parl� des premi�res pages de cette note en rendant compte d'une �tude de M. Chantre sur les bronzes de la vall�e du Rh�ne; je me bornerai donc ici � la question capitale de l'union ou de la s�paration, chez nos anc�tres, de l'emploi de la pierre et de l'emploi du m�tal. La pens�e de l'auteur, dans le paragraphe en question, est, en effet, surtout de combattre un pr�jug� tr�s-r�pandu et tr�s-funeste au progr�s de la v�ritable science, le pr�jug� qui suppose que les �ges de la pierre, du bronze et du fer se sont produits spontan�ment et suivant un ordre fatal, dans le genre humain en g�n�ral et dans chaque pays en particulier. Bien au contraire, en Gr�ce, en Italie, et, nous l'avons vu, dans la vall�e du Danube, l'usage du fer a �t� successivement r�pandu par des migrations venues de l'Orient[208]; nulle part, au Sud du Danube, on n'a trouv� la _preuve_ qu'une contr�e tant soit peu �tendue ait jamais connu et g�n�ralement employ� le bronze � l'exclusion _absolue_ du fer[209], tandis que dans les contr�es du Nord et de l'Ouest de l'Europe l'usage du fer a �t� inconnu ou repouss� jusqu'� des temps tr�s-voisins de l'�re chr�tienne[210]. Qu'un �ge du bronze proprement dit ait exist� chez les Scandinaves, cela n'est pas contest�; mais il n'en est pas de m�me pour la Gaule, o�, malgr� la connaissance et l'usage du bronze, l'usage des instruments de pierre a subsist� jusqu'� l'�poque, peu ant�rieure � notre �re, o� le fer y a _supplant�_ le bronze, sinon m�me encore par-del�. �La p�riode du bronze, � supposer qu'il y en ait eu une, disait M. Bertrand dans sa pr�face[211], n'a donc �t� ni longue ni g�n�rale en Gaule... Une couche indig�ne d'origine inconnue, au-dessus de laquelle se sont superpos�es les tribus, de type septentrional, selon toute probabilit�[212], qui enterraient leurs chefs sous les dolmens, tel para�t avoir �t�, en Gaule, jusqu'� l'arriv�e des bandes arm�es de l'�p�e de fer, le _substratum_ humain. Il ne faut faire exception que pour les contr�es qui furent plus tard l'Helv�tie et la Narbonnaise, o� des groupes plus civilis�s s'�taient �tablis de bonne heure. Ces groupes paraissent avoir fourni, en France, une aristocratie restreinte... En somme, l'_�poque de transition_ s�parant, en Gaule, l'�ge de la pierre polie de l'�ge d�finitif du fer, deux �ges tr�s-nettement caract�ris�s par un ensemble de faits arch�ologiques incontestable, est � la fois _tr�s-obscure_, mal d�finie, mal limit�e.� Quelle �tait cette civilisation antique de la Gaule, civilisation ant�rieure � l'arriv�e dans le Sud-Est des tribus auxquelles M. Bertrand r�serve sp�cialement le nom de celtiques, et qui, durant des si�cles, y ont v�cu, � c�t� des anciens habitants? La r�ponse tr�s-incompl�te, il est vrai, mais non pas incertaine et confuse, � cette question d'un si vif int�r�t pour nous, puisqu'il s'agit de nos anc�tres, sera fournie surtout par une cinquantaine de pages[213] du livre de M. Bertrand, intitul�es: _Monuments dits celtiques_. Elles contiennent les conclusions d'un M�moire couronn� en 1862 par l'Acad�mie des Inscriptions, et entr� presque tout entier[214] dans divers articles du _Dictionnaire d'Arch�ologie_ (�poque celtique), que publie la _Commission de la topographie des Gaules_. Il convient d'ajouter � ce paragraphe ceux qui ont pour titres: _De la distribution des dolmens sur la surface de la France_[215], et: _Un mot sur l'origine des dolmens et all�es couvertes_[216]. La question qui nous occupe en ce moment est l� en partie r�solue par le r�sum� de faits positifs presque innombrables, qui ont enfin permis � la science de sortir du domaine des conjectures, d'�carter d�finitivement des hypoth�ses t�m�raires ou m�me insoutenables, qui avaient usurp� son nom pour cr�er de toutes pi�ces une _arch�ologie celtique imaginaire_. D�blayer un pareil terrain, c'�tait certes beaucoup d�j�, mais M. Bertrand a commenc� � y construire. Il y a trac� les grandes lignes d'une _arch�ologie v�ritable_, m�ritant le nom d'histoire dans le sens large qu'on attribue maintenant � ce mot. N�anmoins, il n'y a pas lieu pour nous, du moins en ce moment, d'�tudier l'ensemble de ce travail. Ce que nous nous proposons dans le pr�sent paragraphe, c'est de reconnaitre, sur notre territoire, la transition de la pierre au bronze: les s�pultures seules doivent nous fournir ici les �l�ments d'une r�ponse. Nous ne parlerons donc pas des menhirs isol�s, puisqu'on n'a jusqu'ici trouv� � leurs pieds ni d�bris humains ni instruments de m�tal ou de pierre. Si quelques-uns, comme il est probable, furent �lev�s en m�moire de morts illustres, on ne peut, en g�n�ral, les distinguer des bornes de propri�t�s ou des blocs erratiques[217]; Mais, au contraire, _les dolmens_, auxquels d'ailleurs sont quelquefois associ�s des menhirs, furent g�n�ralement, sinon universellement des _tombeaux_, et ces tombeaux caract�risent par leur contenu la civilisation de leur �poque. �Sous les dolmens non viol�s autrefois et demeur�s intacts jusqu'� nos jours, disait l'auteur[218], les instruments de _pierre_ dominent; le _bronze_ est tr�s-rare; le _fer_ n'appara�t jamais.� Il ajoute, il est vrai, en note (1er f�vrier 1876): �Depuis cette �poque, _quelques_ faits nouveaux portent � croire que cette affirmation est _trop absolue_.� Mais ceci n'a point d'importance pour la question de l'ensemble. Que cinq ou six s�pultures de l'�ge des dolmens aient ou non contenu des objets en fer, cela ne peut indiquer que des actes isol�s de volont� individuelle, puisqu'il est certain que le fer �tait _connu_ dans la vall�e du Rh�ne � l'�poque o� l'usage habituel du bronze se r�pandit sur cette fronti�re. Plus loin[219], M. Bertrand disait encore: �Les objets d�pos�s sous les dolmens _avec les squelettes_[220] sont, en grande majorit�, des armes et ustensiles en silex; le bronze y appara�t rarement, l'or � peine, le fer jamais. C'est l'indice d'un �tat social tout � fait primitif et bien inf�rieur � celui que nous d�peignent les r�cits des Grecs et des Romains, en nous parlant des Celtes et des Gaulois.� Aussi regarde-t-il l'�ge des dolmens comme ant�rieur aux temps celtiques, du moins dans le sens qu'il donne � ce dernier mot, mais cette conclusion ne signifie pas du tout qu'il les reporte � une antiquit� bien haute. Les _tumulus_ isol�s ou agglom�r�s sont aussi, le plus souvent, des s�pultures, mais avec cette distinction que les tumulus isol�s, aussi bien que les dolmens qu'ils recouvrent quelquefois, sont rencontr�s surtout dans la r�gion Ouest et Nord-Ouest de la Gaule, celle qui nous occupe en ce moment. Ils contiennent g�n�ralement des galeries et des chambres, et la proportion des substances composant les objets qui s'y trouvent enfouis diff�re tr�s-notablement de celles que nous pr�sentaient les dolmens apparents. Les tumulus contiennent plus d'objets en bronze que d'instruments de pierre (2/5 seulement pour ceux-ci); le fer s'y montre, quoique dans une faible proportion[221]. Dans l'Ouest comme dans l'Est, l'incin�ration est l'exception et l'inhumation la r�gle pour les s�pultures recouvertes par des tumulus[222]. Trois conclusions d'une importance extr�me r�sultent directement de ces faits: 1� la connaissance et m�me l'usage du bronze coexistent, au temps des dolmens, avec l'usage dominant des instruments de pierre; 2� le m�me fait existe au temps des s�pultures sous tumulus, mais avec des proportions tout autres, quoique ce ne soit pas une proportion inverse, puisque les tumulus contiennent encore 40 % d'objets en pierre, et que ce chiffre est fort loin d'�tre atteint par le bronze des dolmens; 3� de cette diff�rence r�sultent logiquement une diff�rence de temps et m�me une distinction ethnographique, puisqu'on ne remarque pas de transition insensible entre l'une et l'autre esp�ce de d�p�ts, comme elle aurait d� se produire dans le cas d'un simple progr�s. C'est ce que l'auteur exprime en disant: �Les dolmens sont pr�-celtiques; les tumulus sont celtiques[223].� En d'autres termes, le genre de civilisation qui dominait � Villanova, � Golasecca, dans la vall�e du Rh�ne et dans certaines habitations lacustres de cette derni�re r�gion a p�n�tr� tardivement, p�niblement, imparfaitement dans la Gaule centrale et occidentale, o� se trouvait une population compacte, en possession d'une civilisation tout � fait distincte et appuy�e sur un ensemble de graves enseignements religieux, le syst�me des druides, reconnu pour imm�morial par les habitants du pays, et profond�ment enracin� dans leurs moeurs publiques et priv�es, tandis qu'il �tait ignor� des Gaulois � l'Est du Rhin. Les Celtes de M. Bertrand ont pu dominer la Gaule enti�re et y former cette classe des nobles que d�crit C�sar, mais ils n'en ont certainement pas renouvel� la population, qui leur a, para�t-il, communiqu� ses croyances; ils lui ont apport� l'usage, mais non pas � beaucoup pr�s l'usage exclusif du bronze (le fer, ou tout au moins l'usage commun du fer, n'�tant arriv� que par les Gaulois proprement dits). Cet usage du bronze, les Celtes nouveaux venus semblent l'avoir plus encore conserv� que communiqu� � l'ancienne population, puisque les _tumulus_, sous lesquels on le rencontre en proportions consid�rables, ne peuvent avoir �t� que des s�pultures aristocratiques. De tout ceci il r�sulte que, jusqu'� un temps voisin de Jules C�sar, les instruments de pierre furent d'un usage habituel dans la moiti� occidentale de la Gaule, sinon dans les deux tiers; je pourrais et devrais m�me dire que l'usage en �tait dominant, car si le bronze l'emporte dans une _faible proportion_ seulement, en ce qui concerne le _mobilier des chefs_ ensevelis sous les tumulus, la cons�quence naturelle est que _l'usage des m�taux_ �tait _exceptionnel_ encore pour la masse de la population, pour les descendants des anciens indig�nes, lesquels, d'ailleurs, ont sans nul doute conserv� pour eux-m�mes l'usage des s�pultures sous dolmens[224]. La simultan�it� des dolmens et des tumulus isol�s de l'Ouest r�sulte d'ailleurs, ce semble, du fait signal� plus haut que, si ces tumulus renferment souvent des galeries et chambres fun�raires, ils recouvrent quelquefois de simples dolmens. Ce seront, si l'on veut, les tombeaux des membres d'une seconde aristocratie, appartenant � la race vaincue. � ce point de vue, nulle partie de la France peut-�tre n'offre plus d'int�r�t � l'arch�ologue que celle qui a form� les d�partements du Lot, de l'Aveyron et de la Loz�re. Ces d�partements ne contiennent pas, � eux trois, moins d'un millier de dolmens[225], et, pour l'_Aveyron_ en particulier, des faits d'un extr�me int�r�t ont �t� produits aux Congr�s de Paris et de Norwich, entre la r�daction du M�moire de M. Bertrand (1861) et la publication de son volume. Dans le Congr�s de 1867, en effet, M. E. de Cartailhac, en signalant le nombre consid�rable de monuments en pierre brute que pr�sentent ce d�partement et les d�partements voisins[226], ajoutait d'abord, pour en faire conna�tre le caract�re, que les dolmens de l'Aveyron, quelquefois, mais non toujours recouverts d'un tumulus, paraissent avoir �t� des s�pultures de famille, puisqu'on a souvent trouv�, sous un seul d'entre eux, une vingtaine de squelettes, hommes, femmes et enfants; que les haches en pierre polie, bien que fr�quemment rencontr�es dans ce pays, et sp�cialement dans les cavernes, n'y sont presque jamais d�couvertes dans les s�pultures, mais bien des pointes en silex finement taill�es et barbel�es; que des corps incin�r�s s'y trouvent, quoique � l'�tat d'exception; que les ossements d'esp�ces �migr�es y manquent absolument, et que le _m�tal_ constitue la mati�re de pr�s d'un cinqui�me des objets trouv�s sous ces _dolmens_. Puis il insistait avec grande raison sur ce fait, si grave pour l'�tude des temps de transition auxquels nous ramenaient assez manifestement les observations pr�c�dentes: �Ce m�tal est du bronze, dit-il. Encore rare et pr�cieux, il n'est employ� que pour des bijoux � peu pr�s exclusivement, et la plupart de ces pi�ces copient exactement les perles rondes et longues des pendeloques en pierre, � un point qui ne peut laisser aucun doute sur le fait que les _hommes des dolmens_, � l'apog�e de l'industrie de la pierre polie, font pour la premi�re fois usage du bronze, qu'ils n'avaient pas d'ailleurs invent�. Si l'on veut tenir compte de l'impossibilit� de trouver du premier coup l'alliage; si l'on remarque la _perfection_ de certains anneaux, bracelets orn�s de spirales et double h�lice... on ne peut douter que la multitude n'ait, � ce moment, _re�u_ le bronze d'un peuple qui lui _envoyait_ des lingots et ses propres produits... Tout semble attester la lenteur avec laquelle la pierre a fait place au m�tal[227].� C'est � la race aryenne que l'auteur attribue la transmission du bronze � nos contr�es occidentales; il ne para�t pas croire que les hommes des dolmens lui aient eux-m�mes appartenu[228]. Un an plus tard, � Norwich, M. E. de Cartailhac revenait sur ce sujet avec des preuves nouvelles. Un dolmen sous tumulus de l'Aveyron, fouill� par M. l'abb� C�r�s, avait donn� des ossements br�l�s, des fragments d'anneaux en bronze et des grains de collier en fer, pos�s sur la table m�me, tandis que, dans l'int�rieur du dolmen, tous les objets �taient en pierre[229]. Dans un autre tombeau, fouill� aussi par M. C�r�s, �on trouva _p�le-m�le_ des _pointes en silex_, quelques morceaux de bois de cerf, travaill�s au moyen d'un instrument tranchant, des tessons de poterie grossi�re, quatre _morceaux de fer_... et une centaine de grains de collier en calcaire, jais, coquille, os, bronze et fer... Ce fait est fort important, ajoute M. de Cartailhac, et, s'il �tait admis sans contestation[230], il faudrait presque renoncer � l'�ge du bronze dans notre Aveyron, puisque les hommes des _dolmens_ y auraient vu l'aurore, non-seulement de l'�ge du bronze, mais encore, peu de temps apr�s, de l'�ge du fer. Il est de fait que les objets en bronze sont extr�mement rares chez nous, et que les mus�es en poss�dent bien peu[231].� On le voit, des observations faites dans une des r�gions les plus abondantes en dolmens pr�ludaient par des conclusions locales � celles de M. Bertrand. Mais est-il possible d'aller plus loin et d'atteindre ici, au moins comme limites, des dates chronologiques absolues? Ni M. de Cartailhac, ni M. Bertrand ne l'auraient os� encore au printemps de 1876; nous paraissons devoir �tre plus heureux aujourd'hui, gr�ce � la d�couverte de M. Kerviler, que l'auteur de l'_Arch�ologie celtique_ me signalait un mois ou deux apr�s la publication de son volume, et dont l'importance le frappa davantage encore quand il se fut rendu sur les lieux, d�couvertes que je vais analyser bri�vement ici. Je r�sume les trois articles dans lesquels M. Kerviler lui-m�me a d�crit et interpr�t� cette d�couverte[232]. Elle a soulev� de vifs d�bats, dont il est indispensable de bien conna�tre le point de d�part. Le bassin � flot de Saint-Nazaire, qui fut cr�� il y a vingt-cinq ans, enferme par une digue une anse de la Loire, imm�diatement au-dessus de la ville. Les travaux faits en cet endroit pour enlever les alluvions vaseuses n'avaient donn� lieu � aucune d�couverte int�ressante; mais pour le bassin de Porho�t, compris entre la pointe de ce nom et celle de la Ville-Halluard, qui termine le premier bassin, il n'en a point �t� de m�me: des sondages r�cemment op�r�s y ont fait reconna�tre une ancienne vall�e tr�s-profonde � versants rocheux. �En �tudiant la direction g�n�rale de ces versants rocheux, dit M. Kerviler, je fus bient�t tr�s-frapp� de voir qu'elle correspondait � peu pr�s exactement avec celle de la petite rivi�re du Brivet... qui, par un caprice bizarre, se d�tourne brusquement � quelques kilom�tres de Saint-Nazaire, pour revenir presque sur ses pas et se jeter en Loire pr�s du village de M�ans. J'eus aussit�t la pens�e que cette brusque d�viation du Brivet ne devait �tre qu'un accident... Les sondages minutieux n�cessaires aux travaux ne tard�rent pas � venir confirmer mes pr�visions. Je reconnus, en effet, que les deux versants rocheux ne se rencontrent qu'� un niveau inf�rieur de 30 m�tres � celui des basses mers... tandis que le Brivet actuel coule aujourd'hui � M�ans sur un lit rocheux dont le niveau est � peu pr�s celui des basses mers.� Les eaux de la rivi�re n'ont donc, selon toute apparence, �t� report�es par dessus cette esp�ce de seuil que par un long envasement. Toute esp�ce de doute a disparu, d'ailleurs, quand, par le forage d'un puits art�sien, on a retrouv�, dans son lit aujourd'hui combl�, les eaux de l'ancien Brivet, le niveau de ce puits �tant sup�rieur � celui des hautes mers et se trouvant ainsi form� par la pression d'eaux sup�rieures[233]. C'�tait � cette embouchure que se trouvait le _Brivates portus_ des anciens[234]. C'est dans cet ancien lit, au fond du nouveau bassin de Porho�t, qu'on a trouv� des d�bris du plus puissant int�r�t, et qu'on les a trouv�s, circonstance _capitale_ en ce qui concerne la _chronologie_ soit absolue, soit relative des antiquit�s, dans des _d�p�ts si parfaitement r�guliers_ qu'il est impossible de supposer un remaniement, un �boulement, un d�placement quelconque des couches d'alluvion et des antiquit�s elles-m�mes. Voici maintenant quelles sont, avec quelques cr�nes trouv�s � la fin de 1874 et pr�sentant des caract�res analogues � ceux des cr�nes trouv�s dans les dolmens de la France septentrionale[235], les antiquit�s trouv�es � quatre m�tres en contre-bas de la basse mer: 1� Deux _�p�es de bronze_ � deux tranchants et � l�ger renflement, ressemblant beaucoup � celles des cit�s lacustres de la Suisse et � celles qu'on a trouv�es dans quelques rivi�res de la Gaule et dans quelques tumulus; 2� un poignard, �galement en bronze; 3� une aiguille en os; 4� une douille de hache en _corne de cerf_, avec son manche en bois[236]; �5� un grand nombre d'andouillers de bois de cerf, tous d�tach�s de la m�me fa�on du tronc principal (et par cons�quent � dessein) et paraissant avoir servi, les uns de bouts de lance, les autres d'instruments aratoires, socs de petites charrues ou sarcloirs:� comme ils sont fort us�s � la pointe, la destination _agricole_ est la plus vraisemblable; 6� des poteries fort grossi�res, avec un tr�s-petit nombre d'objets en p�te plus fine, noire et verniss�e en noir; 7� des pierres de mouillage, rempla�ant les ancres chez des peuples demi-barbares, les unes cylindriques, en granit du pays, les autres triangulaires, form�es d'une roche �trang�re � la localit�, ayant sans doute appartenu � des navires �trangers, en sorte que cet usage devait �tre alors r�pandu sur la c�te de l'Oc�an; 8� des ossements d'animaux, appartenant tous � la _faune actuelle_ de la Gaule, sauf l'_aurochs_, qui vivait encore dans nos for�ts _sous les Romains_ et m�me depuis; 9� enfin, des troncs d'arbres grossi�rement �quarris[237]. �De tout cela, ajoute M. Kerviler, r�sulte la pr�sence incontestable, dans ces parages, alors que le fond de la baie �tait � quatre m�tres au-dessous de la basse mer, de peuplades se servant d'objets absolument semblables � ceux qu'on d�signe sous le nom de contemporains de l'�ge du bronze[238].� Ajoutons qu'il s'agit bien, on nous le dit ici, du temps des _tumulus_ gaulois et du bronze des _cit�s lacustres_, en d'autres termes, de l'�tablissement en Gaule du peuple celte proprement dit. C'est donc, l'extension de sa domination ou de son influence jusqu'aux bords de l'Atlantique qui est constat�e ici; mais l'usage des douilles non m�talliques pour les b�ches, des instruments aratoires en corne de cerf, et celui des ancres de pierre avait continu� � pr�valoir. Le m�tal est connu, il est employ�, mais l'usage n'en domine pas: c'est la conclusion que nous ont d�j� fournie les fouilles faites dans les dolmens. Maintenant, peut-on savoir � quelle p�riode de la _chronologie historique_ appartient cet �tat de choses, dans notre pays? La masse argileuse comprise entre les versants rocheux de cet ancien lit du Brivet est form�e, nous l'avons vu, de couches d'alluvions parfaitement stratifi�es. Des divisions, distantes de 10 � 20 centim�tres l'une de l'autre, et form�es par des files de coquilles, paraissent au savant ing�nieur correspondre aux p�riodes irr�guli�res des grandes crues de la Loire, et des couches de sable de 1 � 10 centim�tres d'�paisseur, assez �loign�es l'une de l'autre, � de grandes et rares perturbations de m�me nature. �C'est, ajoute-t-il, dans une de ces couches, situ�e � 2 m 50 de hauteur _maxima_ au-dessus de la pr�c�dente (c'est-�-dire de celle o� ont �t� trouv�s les vestiges d'un �ge du bronze), et par cons�quent � 1 m 50 au-dessous des basses mers, que les ouvriers trouv�rent, au mois d'ao�t dernier (1876), des fragments de _poterie rouge_ pr�sentant les caract�res incontestables de l'_industrie gallo-romaine_. Des _anses d'amphores_ suivirent bient�t, puis de la _poterie brune_ � filets creux r�guliers, et enfin, pour _fixer exactement la date_ de cette couche, un petit bronze assez fruste, mais encore _tr�s-lisible_, de l'_empereur Tetricus_.� D'o� il r�sulte que, dans la seconde moiti� du III e si�cle _apr�s_ J�sus-Christ, le fond de la baie �tait encore � plus d'un m�tre en contre-bas des basses mers[239]. Les 6 m�tres de vase _r�guli�rement stratifi�e_ qui recouvrent ces d�bris ont donc mis 1,600 ans � se former, ce qui donnerait 37 centim�tres et demi par si�cle, si la formation avait �t� uniforme jusqu'� nos jours. En fait, il para�t impossible de nier que le d�p�t ait �t� plus rapide, puisqu'il n'y a plus l� de courant et m�me depuis un temps assez long; mais l'importance de ces calculs r�side uniquement dans la mesure du temps �coul� entre le d�p�t d�taill� ci-dessus et le d�p�t gallo-romain, mesure qui, comme le dit l'auteur, permet de trouver enfin un de ces chronom�tres naturels dont M. de Quatrefages avouait que l'appr�ciation avait toujours jusqu'ici �chapp� � la v�ritable science. Si l'on admet le _maximum_ extr�me de seize si�cles pour le d�p�t de 6 m�tres d'alluvions et la proportionnalit� du temps pour la distance entre les deux couches, on devra reporter la plus ancienne � une date de _six � sept_ si�cles avant Tetricus, c'est-�-dire � peu pr�s au commencement du IVe si�cle avant notre �re, au temps, pour l'Italie, de la prise de Rome par les Gaulois, et, pour la Gr�ce, de la premi�re jeunesse de D�mosth�nes, �poque nullement pr�historique, comme on le voit. Mais faut-il admettre cette _proportionnalit�_? �coutons les raisons all�gu�es par M. Kerviler: �Au-dessus du niveau des basses mers, les eaux charg�es de vase n'ont plus �t� en permanence � la m�me �l�vation.� Mais cette objection perd son importance �devant un examen attentif des envasements dans les petits golfes �chelonn�s le long de nos rivi�res.�--�On conna�t cette loi d'hydraulique g�n�rale qui veut que, dans tout liquide en mouvement, contenant des mati�res solides en suspension, s'il y a diminution de vitesse, il y ait aussit�t d�p�t.� C'est l�, ajoute-t-il, la cause des barres qui se forment l� o� le courant des rivi�res rencontre la mar�e, et le d�p�t s'op�re surtout dans les anfractuosit�s des rivi�res, o� la vitesse de l'eau n'est pas comparable � celle du chenal. L'observation constate que l'�l�vation de la mar�e n'est presque pour rien dans les d�p�ts de cette derni�re esp�ce. �Il est vrai, dit encore M. Kerviler, que plus l'alluvion augmente de hauteur, moins longtemps elle reste soumise � l'action des eaux vaseuses; mais aussi la compression par tassement devient �videmment beaucoup moindre.� Des calculs que l'on devra rechercher dans l'original, et o� l'auteur fait entrer le nombre des heures de flot et la pes�e des cubes d'un m�me volume de vase, pris dans la partie sup�rieure du d�p�t et � 9 m�tres au-dessous, l'am�nent � affirmer que le calcul direct par la proportionnalit� des �paisseurs conduit � un r�sultat voisin de la v�rit� absolue. Mais il a trouv� une d�monstration plus saisissante dans l'observation d'une coupure verticale de la vasi�re et de ses _stratifications_, faite par lui-m�me en compagnie de M. Paul du Chastellier. �Sur 2 m�tres de hauteur, dit-il, o� nous les observ�mes au-dessus de la couche sableuse des d�bris de l'�ge de bronze, elles paraissaient avoir 3 millim�tres d'�paisseur; entre la plupart on apercevait tr�s-nettement de minces couches noires, qui se d�composaient au toucher en _d�bris v�g�taux_ tr�s-aplatis.� L'ordre r�gulier et presque invariable des couches est sable, argile, d�bris v�g�taux, ceux-ci repr�sentant le d�tritus annuel de l'automne. L'�paisseur de chaque couche varie sensiblement; mais, _en prenant les moyennes_ entre les chiffres extr�mes donn�s par M. Kerviler, on arrive � un peu plus de 4 millim�tres pour les trois d�p�ts d'une m�me ann�e, ou de 40 centim�tres par si�cle, qui, pour 2 m�tres et demi (distance entre les deux d�p�ts historiques), donneraient six si�cles environ. L'auteur, qui avait le d�p�t sous les yeux, et qui par cons�quent pouvait mieux juger dans quel sens il devait forcer la moyenne, s'arr�te � 35 centim�tres pour l'�paisseur d'un d�p�t s�culaire, �y compris l'�paisseur suppl�mentaire des grosses couches de gravier,� ce qui donne sept si�cles pour le total, c'est-�-dire � peu pr�s le r�sultat du premier calcul, avec quelque chose en plus, et nous reporte seulement � une �poque contemporaine de la l�gislation d�cemvirale pour les Romains, au _si�cle de P�ricl�s_ pour l'histoire de la grande civilisation hell�nique. Si les prises de moyennes laissent toujours dans l'esprit un certain degr� d'incertitude sur les conclusions g�n�rales, l'accord de ce r�sultat avec le pr�c�dent doit produire une forte impression. Du reste, il faut le dire une bonne fois, l'usage des _instruments de pierre_ n'est pas par lui-m�me une preuve de la haute antiquit� d'une station. Cet usage _existe encore_ aujourd'hui, _dans la Gr�ce_ elle-m�me, pour les instruments d'agriculture appel�s _alostra_, signal�s par M. Emile Burnouf � l'Acad�mie des Inscriptions. Le cimeti�re _m�rovingien_ de Caranda, dans l'Aisne, a pr�sent� un m�lange consid�rable d'objets de pierre et de m�tal. Si leur r�partition entre les tombes est mal connue[240], ce sont l� pourtant des faits qu'il faut rappeler pour arr�ter l'arch�ologie dite pr�historique dans la voie t�m�raire o� elle s'�tait engag�e. Il n'en est pas moins vrai que l'�ge des dolmens, identique en Gaule � celui de la pierre polie habituellement employ�e, a pr�c�d�, chez nos a�eux, l'emploi ordinaire ou m�me fr�quent des m�taux quels qu'ils soient. Mais l'existence, mais la nature m�me des monuments m�galithiques suppose une _soci�t� r�guli�re_, employant des forces r�unies consid�rables pour les honneurs religieux � rendre � ses morts, et plus particuli�rement, semble-t-il, aux morts des familles qui les gouvernaient et qui s'�taient illustr�es chez elles. La domestication des animaux, l'agriculture, l'horticulture, le tissage de lin, une c�ramique assez avanc�e �taient d'ailleurs, au temps de la pierre polie, des arts commun�ment pratiqu�s en Gaule[241]. �On ne construit pas, dit encore M. Bertrand, on n'entretient pas des stations sur pilotis, sans une forte institution communale... La pr�sence du jade, de la jad�ite, de la calais, de l'ambre, dans des pays qui ne produisent aucune de ces mati�res, prouve l'�tendue du commerce... La force des traditions �clate dans l'homog�n�it� des monuments et dans la constance de certains d�tails... On a cru que l'�ge de la pierre polie repr�sentait une des phases normales et n�cessaires du d�veloppement de l'humanit� dans la voie du progr�s, quelque chose d'analogue � ce qu'est, en g�ologie, un �tage bien tranch� dans la succession des terrains ant�rieurs � l'�re r�cente. Ce point de vue ne peut qu'�garer. Le perfectionnement du travail de la pierre chez les populations septentrionales et occidentales de l'Europe tient uniquement � leur isolement. Il est synchronique et m�me post�rieur au d�veloppement bien sup�rieur de populations du Midi qui n'ont point travers� d'�tapes semblables[242].� Ces lignes, consign�es par M. Bertrand dans la Pr�face o� il r�sume les r�sultats de ses longues ann�es d'investigations, devraient �tre d�sormais l'�pigraphe de tous les travaux relatifs � ce qu'on appelle l'�ge ou les �ges de la pierre. � quelle race appartenaient les hommes des dolmens? N'avaient-ils pas �t� pr�c�d�s sur notre sol par une race diff�rente? Ce sont l� deux questions soulev�es par l'�tude du livre de M. Bertrand et que lui-m�me n'a pas n�glig�es, mais qui n'appartiennent pas compl�tement peut-�tre � l'objet de la pr�sente �tude. Cependant elles y tiennent de trop pr�s et sont trop int�ressantes en elles-m�mes pour ne pas attirer notre examen. CHAPITRE VII (APPENDICE) � QUELLE RACE APPARTENAIENT LES HOMMES DES DOLMENS?--QUE SAIT-ON DES PREMIERS HABITANTS DE LA GAULE? La question ethnographique concernant les hommes des dolmens, cette question que nos p�res avaient � peine pos�e, tant alors elle paraissait simple, a �t� vivement agit�e dans ces derni�res ann�es, o� des documents nouveaux ont �t� produits en nombre consid�rable. On a m�me soulev� hardiment la question de l'antiquit� r�elle des dolmens, au-del� ou en de�� de la limite des temps classiques, dans notre Occident lui-m�me. R�sumons d'abord les opinions r�cemment produites, et nous chercherons ensuite ce que chacune peut contenir de v�rit�. Avant tout, voyons ce qu'a dit M. Bertrand, dans le volume qui a �t� l'occasion de ce M�moire. �1.--_Opinions diverses sur l'ethnographie et l'�poque des constructeurs de dolmens_. M. Bertrand a fait remarquer, non-seulement que les dolmens se trouvent presque tous en dehors du territoire gaulois proprement dit[243], mais encore qu'ils se trouvent en dehors des contr�es d�sign�es comme celtiques par les anciens (avant C�sar), et sp�cialement en dehors des routes commerciales, indiqu�es par Strabon comme traversant la France actuelle[244]. Il fait aussi observer que, contrairement � ce qui s'est pass� dans les contr�es Scandinaves, l'inhumation �tait le mode habituel de s�pulture dans notre pays, aussi bien sous les tumulus que sous les dolmens[245]. D'autre part, nos dolmens sont quelquefois recouverts par des tumulus[246], ce qui peut indiquer la p�n�tration r�ciproque des deux civilisations; et la transition d'une p�riode historique � une autre est l� d'autant mieux marqu�e que le fer, le bronze et la pierre se trouvent tous les trois sous les tumulus, quoique dans des proportions fort in�gales, signalant d'une part la pr�dominance des Celtes, _plus nouveaux venus_, sur les anciens habitants, de l'autre des relations encore tr�s-limit�es avec les _derniers arriv�s_, les Gaulois arm�s de fer. M. Bertrand est d'ailleurs dispos� � croire que, l� o� les tumulus sont isol�s dans les r�gions � dolmens, la civilisation celtique a plut�t �t� apport�e par le contact que par l'invasion[247]. Il s'agirait ainsi du simple ascendant d'une civilisation sup�rieure, exerc� par les Celtes du Sud-Est sur les populations de la Transalpine occidentale. �Les dolmens, ajoute M. Bertrand[248], se trouvent dans les �les, sur les c�tes septentrionales et occidentales de la Gaule, � partir de l'embouchure de l'Orne jusqu'� l'embouchure de la Gironde. Ils se groupent surtout sur les points et caps s'avan�ant dans la mer. Dans l'int�rieur, on les rencontre en majorit� � proximit� des cours d'eau navigables; et l'on remarque qu'ils sont plus nombreux g�n�ralement � mesure que l'on s'approche de nos principales rivi�res et de leurs affluents. Les populations qui ont �lev� les dolmens doivent donc, ajoute-t-il, avoir remont� les fleuves sur des radeaux ou des barques, ou suivi leurs rives. Cette loi est g�n�rale, ou du moins les exceptions sont si rares qu'elles peuvent �tre n�glig�es.� L'auteur �num�re, un peu plus loin[249], les contr�es septentrionales, �trang�res � la Gaule, o� l'on trouve des dolmens _nombreux_, appartenant en cons�quence � une civilisation _indig�ne_. Cette �num�ration nous pr�sente deux groupes assez bien li�s: Hollande, Hanovre, Oldenbourg, Holstein, Sleswig, Jutland, Mecklembourg, province de Magdebourg, Prusse occidentale, Su�de m�ridionale, �le de S�eland; puis: �les de l'Ecosse occidentale, �le d'Anglesey, pays de Galles, partie Sud de l'Angleterre et c�te, surtout orientale, de l'Irlande. L'auteur indique rapidement les dolmens trouv�s en Asie[250] et consacre un paragraphe sp�cial � ceux de la province de Constantine[251]; mais il regarde tous ceux-l� comme en dehors de ses conclusions, en ce qui concerne la race qui a �lev� les n�tres. Sa conclusion, du moins celle qu'il adoptait en 1861, lorsqu'il r�digeait son M�moire sur les _Monuments dits Celtiques_, �tait que les dolmens de l'Occident sont l'oeuvre de populations de race incertaine, nomm�e par lui hyperbor�enne[252], populations arriv�es de la Baltique dans les �les Britanniques; de l� elles ��taient venues s'abattre sur l'Armorique et avaient p�n�tr� dans l'int�rieur du pays, en remontant le cours des rivi�res qui s'y jettent[253].� Mais il ajoutait en note, au 1er f�vrier 1876: �Nous croyons aujourd'hui que la civilisation de la pierre polie a bien suivi cette route; mais nous serions moins affirmatifs sur la migration des populations. Nous ne croyons plus � une race des dolmens.� Et quelques mois plus tard (7 novembre 1876) il �crivait � l'auteur du pr�sent M�moire, qui lui avouait se sentir enclin � reconna�tre, dans les auteurs des dolmens, des tribus appartenant � la race celtique: �Tu as raison pour les Hyperbor�ens. Le Hu�rou disait d�j� qu'il prouverait quelque jour que les Celtes et les Hyperbor�ens se confondaient sous bien des rapports. Tu vois aussi que, sur ma carte, ils sont tous repr�sent�s par une m�me teinte jaune. Mon article _Celtes_[254] ne porte que sur les premi�res tribus celtiques connues des Grecs de Marseille. Tu peux donc d�velopper ton id�e: tu ne feras que tirer les cons�quences l�gitimes contenues dans les faits. Je suis bien aise de te voir � ce point de vue.� J'ai d� citer cette communication d'Alexandre Bertrand pour _prendre date en son nom_, et constater ainsi qu'il avait d'avance donn� en quelque sorte satisfaction � notre confr�re, M. l'abb� Hamard, lequel, dans la _Pr�face_ de sa traduction de J. Fergusson[255], s'attache � revendiquer nos dolmens pour la race celtique. Voyons rapidement comment M. Hamard appuie sa pens�e. Il accorde sans peine au savant directeur du Mus�e de Saint-Germain que les dolmens n'appartiennent nullement aux tribus gauloises proprement dites, et que l'on doit expliquer ainsi leur absence presque totale des d�partements orientaux de la France. Mais il fait observer avec raison que l'on en trouve partout dans le reste de la Celtique de C�sar, et sp�cialement un grand nombre dans le coeur de cette Celtique, dans le centre religieux de la Gaule druidique, c'est-�-dire dans le pays des Carnutes, et cela malgr� les progr�s consid�rables de l'agriculture, qui a d� en d�truire beaucoup. L'auteur ajoute que, les Celtes de la Transalpine centrale et occidentale n'ayant �t� connus des Romains que fort tard, on ne peut pas juger d'apr�s les historiens de Rome de ce qu'�tait la civilisation celtique durant les premiers si�cles de son �tablissement dans nos contr�es. Il ajoute m�me, _� l'encontre_ de la construction des dolmens par une race qui serait _venue du Nord s'�tablir chez nous en remontant les fleuves_: 1� que toutes les populations, toutes les races ont une inclination bien naturelle � se grouper le long des cours d'eau; 2� que la r�gion montagneuse de la Celtique contient beaucoup de ces monuments. Puis, quittant le terrain des objections et arrivant aux preuves directes, M. Hamard �nonce ce fait, que les dolmens se trouvent (en Europe) surtout l� o� les langues celtiques se sont conserv�es jusqu'� nos jours; que la tradition les rapporte aux Celtes; que les figures grav�es sur la c�ramique des dolmens sont analogues � celles des plus anciennes _monnaies_ trouv�es dans le m�me pays et sp�cialement _dans les dolmens d'Arzon_. Il dit encore, sur le t�moignage de M. H. Martin, que des _inscriptions_ en caract�res _ogham_ ont �t� trouv�es en Irlande dans l'int�rieur de certains dolmens, et que, pour l'une d'elles, les lignes de caract�res se trouvant engag�es entre les pierres du monument, il est impossible de la supposer post�rieure au monument lui-m�me. Enfin, ajoute M. Hamard, si les dolmens ne sont pas celtiques, que sont-ils? Avant les Celtes, les Ib�res, que l'on croit de race finnoise, ont occup� une partie de nos contr�es; or, ni les Ib�res, ni les Finnois, n'ont �lev� de dolmens dans les contr�es qu'ils continuent d'occuper. M. Fergusson, l'auteur anglais que M. l'abb� Hamard a traduit, va plus loin et cherche � �tablir les dates, approximatives sans doute, mais non pas seulement relatives, de la construction des dolmens, tant armoricains que britanniques: il les croit post�rieurs � l'�tablissement de l'Empire romain. Comment est-il parvenu � une conclusion si radicalement oppos�e � tous les sentiments qui avaient �t� con�us jusqu'ici? Une observation importante, plus frappante selon moi que tout son syst�me, l'a conduit � penser, ind�pendamment de tout calcul de si�cles, que l'�rection de ces dolmens n'occupe pas une place recul�e dans l'ordre des migrations successives des populations europ�ennes. Il dit, en effet, qu'un seul groupe de 'monuments m�galithiques existe, en Angleterre (dans le Kent), � l'Est d'une ligne qui serait trac�e de l'embouchure de l'Humber � la baie de Southampton, c'est-�-dire dans les pays jadis peupl�s par les Belges[256], et que pas un seul monument de cette nature n'existe dans le pays des anciens Belges continentaux[257]. Comme les dolmens sont tr�s-nombreux � l'Est et au Sud-Ouest de cette derni�re r�gion, l'auteur conclut que les constructeurs de dolmens furent _coup�s en deux_ par l'invasion des Belges avant l'�poque o� ils se livr�rent � ce genre de constructions, puisque, dit-il, s'il en �tait autrement, il serait demeur�, dans le territoire occup� par les nouveaux arrivants[258], des monuments de cette esp�ce, ant�rieurs � l'occupation belge. C'est dans le m�me ordre d'id�es que s'est plac� le traducteur quand il a dit[259]: �Selon toute apparence, les Celtes ne construisaient pas encore de dolmens lorsque les Gaulois les expuls�rent de l'Est de la Gaule; autrement on e�t trouv�, dans ces r�gions, des restes de ces monuments.� R�duites � ces termes, les observations des deux arch�ologues doivent �tre prises en s�rieuse consid�ration. Mais l'auteur anglais ne s'en tient pas l�. Il croit que le contact et l'exemple des Romains ont seuls donn� aux habitants de l'Armorique l'id�e d'�lever des monuments de pierre, au lieu d'employer seulement la terre ou le bois, les Armoricains n'ayant eu d'ailleurs aucun penchant � imiter le style architectural des conqu�rants, avec lesquels leur contact ne fut jamais bien intime, pas plus que les Indiens d'aujourd'hui n'ont l'id�e d'imiter l'architecture anglaise[260]. Le silence complet de C�sar et de Pline sur les monuments m�galithiques lui persuade qu'il n'en existait pas de leur temps, dans nos contr�es[261]; et, selon lui encore, la pr�sence d'une croix sur le demi-dolmen de Kerland, en Bretagne, est une preuve que le monument lui-m�me fut �lev� apr�s la pr�dication du christianisme[262]. Ce qui est plus frappant, c'est la trouvaille de _tuiles gallo-romaines_ et de produits de la cr�mation, _avec des t�tes de fl�ches en pierre, sans nulle trace de m�tal_, dans un dolmen sous tumulus, � Crubelz[263]; c'est encore la trouvaille, faite dans un tumulus peu �loign� de ce dolmen, de deux statuettes de Latone, en terre cuite, et de _monnaies_ de Constantin II (347-40), � 30 centim�tres _au-dessous_ du d�p�t ordinaire d'objets en pierre[264]. �_Beaucoup_ d'autres _monnaies romaines_, ajoute l'auteur[265], ont �t� d�couvertes dans les monuments fran�ais; mais on ne tient aucun compte de leur t�moignage. Dans celui de _Mann� er Hro�k_,... � 800 m�tres environ de Locmariaker, l'on a trouv�, pr�s de la surface, onze m�dailles romaines, depuis Tib�re jusqu'� Trajan, et cela sans aucune trace de s�pulture secondaire.� Cet usage se rapportait sans doute � des rites superstitieux, et l'auteur fait observer � ce sujet qu'on ne trouve, parmi les monnaies ainsi enfouies, aucun type appartenant ni aux peuplades gauloises ou bretonnes, ni � l'�poque purement chr�tienne, �ce qui e�t d� arriver, semble-t-il, si leur pr�sence (celle des monnaies) �tait vraiment accidentelle[266].� La date de ces monnaies, appartenant toutes au temps de l'Empire romain, est certainement un indice pr�cieux. Enfin, il existe � Saint-Germain-sur-Vienne, pr�s de Confolens (Charente), un dolmen de grande dimension, reposant sur des colonnes de style roman, compos�es chacune de trois parties s�par�es et appartenant manifestement, d'apr�s leur ornementation, au XIe et au XIIe si�cle. Alors encore les habitants de cette contr�e avaient donc eu l'id�e ou d'�lever ou tout au moins de d�corer un dolmen[267]. Il est vrai et m�me manifeste que c'est l� une exception. Mais l'auteur croit pouvoir g�n�raliser sa pens�e et attribuer les dolmens � l'�re chr�tienne, en comparant ceux de notre Bretagne avec ceux des �les Britanniques et surtout de l'Irlande. Il y a, selon lui, une ressemblance frappante entre les s�pultures du Mann�-Lud et de Gavr'innis (Morbihan) et celles de certains monuments irlandais[268]. Et comme �il est certain, ajoute-t-il, que les monuments de la Boyne ont �t� �rig�s dans les quatre premiers si�cles de l'�re actuelle, il s'ensuit que ceux de Locmariaker ne peuvent pas appartenir � une �poque notablement diff�rente[269].� Il semble qu'on doive conclure de ces observations que M. Fergusson attribue les dolmens aux Celtes. Il n'en est rien cependant, parce qu'il croit reconna�tre la trace d'une rac� diff�rente dans la co�ncidence fr�quente entre la pr�sence des dolmens et la finale _ac_ des noms topographiques, tant dans la France occidentale que dans l'Ouest de l'Angleterre[270], Il dit que, dans ce dernier pays, les dolmens, presque tous r�unis dans le Cornouailles, le pays de Galles et les �les d'Anglesey et de Man, appartiennent � la race des anciens Silures, qu'il consid�re comme ib�rienne[271]; en Irlande aussi, il croit � l'existence d'une ancienne, migration espagnole[272]; et, quant � la France, il pense qu'entre la basse Loire et les C�vennes cette race, �trang�re aux Celtes, a conserv�, pendant tout le moyen-�ge, un go�t artistique d'un caract�re sp�cial, d'apr�s le style de ses �glises[273]. �2.--_Examen de ces opinions_. Il est clair que la question serait grandement simplifi�e dans son ensemble, s'il fallait accepter les conclusions chronologiques qui viennent d'�tre expos�es; mais il s'en faut bien qu'elles soient d�montr�es. Si, en effet, on �tudie les divers passages o� l'auteur cherche � d�couvrir la date approximative des monuments irlandais[274], on reconna�tra le vague singulier de ses raisonnements, l'incertitude extr�me de ses hypoth�ses, plus ou moins directement �tablies sur ce que le traducteur appelle l'�inextricable fouillis� des annales de l'Irlande[275]. Reste, il est vrai, le fait, mentionn� plus haut, d'une inscription en caract�res ogham engag�e dans un monument m�galithique de ce pays. M. Fergusson dit, en effet[276], que cette �criture alphab�tique, bien rudimentaire, ne peut gu�re �tre regard�e comme ayant exist� beaucoup avant l'�re chr�tienne, au IIIe si�cle de laquelle l'�criture alphab�tique proprement dite a p�n�tr� dans ce pays, bien que, jusqu'au VIe au moins, elle y ait �t� fort peu usit�e[277]. Tout cela est encore assez vague; puis M. Fergusson, qui s'int�resse beaucoup aux monuments irlandais et parle avec d�tail de ceux du Nord-Ouest, ne dit pas un mot du fait rapport� par M. H. Martin; et M. Brash, auteur d'une dissertation sp�ciale sur les inscriptions en ogham au Congr�s de Norwich, n'en avait pas parl� davantage. Il semble donc qu'il convienne d'apporter ici une certaine r�serve, en consid�rant que la nature m�me de ces caract�res peut quelquefois faire illusion � l'aspect de capricieuses entailles ou d'in�galit�s naturelles dans les pierres en question. Je suis aussi tr�s-in�galement frapp� des ressemblances entre certaines sculptures rudimentaires, bretonnes et irlandaises, qui ont �t� mentionn�es par M. Fergusson; nulle part cette ressemblance n'est manifeste et d�cisive. Peu importe, d'ailleurs, tel ou tel fait particulier, puisqu'il est bien constat�, nous l'avons vu tout-�-l'heure, que le dolmen de Crubelz a �t� �rig� au temps de l'Empire romain. Je n'en dirai pas autant du demi-dolmen de Kerland: la pr�sence d'une croix ne signifie tr�s-probablement pas autre chose que la prise de possession par le christianisme d'un monument pa�en; c'est au XIXe si�cle, si je ne me trompe, qu'une croix a �t� plac�e sur le grand menhir du Champ-Dolent, pr�s de Dol. Le fait du dolmen de Confolens est plus significatif en lui-m�me; mais, encore une fois, il est tellement exceptionnel dans l'�ge f�odal, qu'on n'en peut tirer aucune conclusion g�n�rale. Le silence de C�sar et de Pline, outre que c'est un argument purement n�gatif, appartient � des temps incomparablement moins curieux que le n�tre de ce qui concernait les races alors appel�es barbares. Celles-ci n'int�ressaient C�sar qu'au point de vue politique; Pline avait une vraie curiosit� d'�rudit, mais il n'avait pas, que je sache, voyag� lui-m�me dans les pays � monuments m�galithiques; or ses compatriotes s'en pr�occupaient fort peu. On doit donc conclure de tout ceci que, si l'usage d'�riger des dolmens n'avait pas disparu sous la domination romaine, rien ne prouve qu'il n'ait pas exist� avant elle et m�me longtemps avant elle. Rien absolument ne permet de donner une date au commencement de cet usage; mais �tait-il celtique, et quel �tat social supposait-il? Voil� ce qu'il s'agit maintenant d'examiner. _Divide, defini, concede, negato, probato_, disait la logique des �coles. Ces cinq �l�ments essentiels d'une discussion serr�e seront tous n�cessaires dans la _d�monstration_ � faire; car il faut s'entendre sur ce qu'on doit _appeler_ des Celtes, bien _distinguer_ � quels Celtes on veut attribuer des dolmens, afin d'�viter tout malentendu sur la concession que l'on r�clame et l'_erreur_ qu'on veut �carter. Personne ne le conteste, en effet: les tribus celtiques que M. Bertrand nous montre apportant l'usage du bronze dans la Transalpine, vers le temps de la fondation de Rome, ont trouv� ce pays peupl�; mais rien ne prouve que des _tribus de m�me race_ ne les aient pas pr�c�d�es dans cette r�gion, comme elles-m�mes y pr�c�d�rent les Gaulois, qui �taient aussi [Grec: Keltichou ganous], dit Plutarque[278], et que les anciens finirent par confondre avec les Celtes proprement dits. Ce qui donne lieu de penser qu'il y eut effectivement, en Gaule, plusieurs migrations successives de diverses tribus d'une m�me race, c'est que les Celtes se sont conserv�s purs jusqu'� nos jours, pr�cis�ment dans les contr�es o� durent subsister en grand nombre les anciens habitants du pays, les invasions ult�rieures ne pouvant les refouler plus loin: _Sistimus hic tandem_ NOBIS _ubi defuit orbis_, c'est-�-dire dans la presqu'�le de Bretagne, dans la partie occidentale de la Grande-Bretagne, qu'on appelle tr�s-improprement pays de Galles, puisqu'elle n'a jamais �t� peupl�e de Galli, et dans l'Irlande (sauf les colons anglo-�cossais des temps modernes); ajoutons-y l'Ecosse du Nord-Ouest et du Nord, o� les Scots d'Irlande ont �migr� en grand nombre dans le commencement du moyen-�ge, et dont on ne reconna�t plus les anciens habitants, les Pictes. L'�troite communaut� de langage entre les habitants de l'Irlande et ceux des Highlands, la fraternit� certaine de langage entre eux et les indig�nes des deux Bretagnes, l'invraisemblance extr�me d'une invasion _ult�rieure_ de tous ces pays par une _m�me_ population qui aurait _partout_ �tabli l'usage _exclusif_ de sa langue, ne permettent pas de d�nier � tous ces peuples l'appellation de Celtes, dans le sens non-seulement linguistique, mais ethnographique du mot. Pour rejeter cette conclusion, il faudrait refuser le nom de Celtes aux Irlandais et aux Bretons eux-m�mes, en d'autres termes nier leur communaut� de race avec les populations celtiques de la Cisalpine et du bassin du Rh�ne; il faudrait, par cons�quent, nier que les noms g�ographiques de ces derni�res contr�es et les mots conserv�s de leur ancien langage doivent s'expliquer par ce que nous appelons aujourd'hui les langues celtiques[279], si non m�me exclure de la famille ainsi appel�e tous les noms qui indiquent la pr�sence des Gaulois proprement dits, depuis la mer Noire jusqu'� la Marne. Il n'est pas un linguiste qui ne recule devant des cons�quences telles que celles-l�. Chez nous donc, � l'Ouest de la Seine et des. C�vennes, on peut admettre que, depuis les premiers temps de la pierre polie en Occident, le _fond_ de la population n'a pas �t� renouvel�. Les hommes du bronze y purent obtenir, par la sup�riorit� de leurs armes, de leurs connaissances ou de leurs croyances, une pr�dominance incontest�e; mais ils se fondirent plus ou moins avec des hommes issus de la m�me race et dont la langue ne diff�rait pas compl�tement de la leur. C'est cet ordre de rapports que nous avons cru reconna�tre dans la distinction entre les tombes aristocratiques et pl�b�iennes de la Gaule occidentale. C'�tait probablement des rites de l'ancienne race que provenait l'usage d'ensevelir, avec les morts, des _armes de pierre_, usage dont nous avons cru reconna�tre encore la trace _vers la fin de l'Empire romain_. De m�me, l'usage de l'ensevelissement sous les dolmens subsista dans cette r�gion; s'il est tr�s-exceptionnel en �cosse et dans l'Angleterre proprement dite, o� il ne se rencontre d'ailleurs que dans les comt�s occidentaux[280], c'est que les Scots �migr�s, devenus chr�tiens, chang�rent leur mode de s�pulture, et que les plus anciens habitants de l'Angleterre avaient �t� de bonne heure refoul�s vers l'Ouest par les Belges, qui n'�levaient pas de dolmens, pas plus que n'en avaient �lev� les Pictes. Que des coutumes consid�r�es comme sacr�es aient subsist�, malgr� les modifications successives apport�es par des �v�nements politiques � la condition du pays, depuis des temps inconnus jusqu'au commencement du Bas-Empire, il n'y a l� rien de surprenant[281]. Le changement complet des rites fun�raires par suite de la pr�dication de l'�vangile y a seul mis fin; ainsi s'expliquent � la fois la tr�s-longue dur�e possible de l'�rection des dolmens et le caract�re primitif de la plupart des objets qu'ils recouvrent. Mais la d�couverte de Saint-Nazaire ne permet pas d'�tendre cette remarque jusqu'� nier la prolongation de l'usage commun d'instruments non m�talliques, jusqu'� un temps peu �loign� de l'arriv�e des Romains en de�� des monts. Maintenant faut-il admettre que la race celtique a occup� tous les pays � dolmens? C'est une question bien diff�rente de la premi�re, bien plus compliqu�e et dont l'affirmative est beaucoup moins vraisemblable. Ce n'est pas, en effet, seulement dans l'Europe occidentale et dans le Nord de l'Europe centrale que se trouvent ces monuments. C'est _par milliers_ qu'on les rencontre en Alg�rie[282]; ils se retrouvent en Asie[283], et _jusque dans l'Inde_, o� l'on en construit _encore aujourd'hui_[284]. Ne faut-il pas d�s lors renoncer � soutenir que des races diverses n'ont pu se rencontrer, sans le savoir, pour imaginer et employer une telle forme de s�pulture, bien simple apr�s tout, bien peu difficile � imaginer, provenant du type naturel de la chambre s�pulcrale, imitation rudimentaire de l'habitation des vivants[285], et qui fut souvent recouverte d'un tumulus[286]? De m�me, les cercles de pierre se retrouvent � la fois dans l'Afrique fran�aise et dans les �les Britanniques[287], bien qu'on n'en voie � peu pr�s nulle part dans les contr�es interm�diaires. Il y a plus: on trouve � la fois en Danemark et en Alg�rie des _ensembles_ de monuments m�galithiques singuli�rement semblables entre eux[288]. La question _g�n�rale_ de l'origine des dolmens para�t donc �tre insoluble et � jamais insoluble, si l'on veut en faire une question d'ethnographie sp�ciale. Il n'est pas m�me d�montr� que ceux de l'Allemagne du Nord et ceux de l'Europe occidentale appartiennent � une m�me race; aussi l'opinion que l'arriv�e des Belges a coup� cette race en deux avant qu'elle ait commenc� � �lever de tels monuments[289] n'est-elle rien moins que d�montr�e. Il serait �trange qu'apr�s avoir �t� d�finitivement s�par�es les unes des autres, les populations voisines de la Baltique et de la mer du Nord et celles des bords de l'Oc�an eussent s�par�ment con�u de semblables cr�ations, uniquement parce qu'elles formaient, quelques g�n�rations auparavant, une population de m�me race et contigu�. Mais, d'autre part, rien ne prouve que les Celtes arriv�s les premiers dans l'extr�me Occident, les populations _proto-celtiques_, si l'on veut employer ce mot, de pr�f�rence � celui de _pr�celtiques_, ne soient pas venues d'Orient par le versant de la Baltique et de la mer du Nord, comme ceux qui nous apport�rent le bronze vinrent par le bassin du Danube. Peut-�tre aussi furent-elles r�ellement s�par�es en deux groupes au temps o� l'usage des dolmens _commen�ait_ � se r�pandre chez elles; de l� les dolmens trouv�s dans les montagnes du Luxembourg, au coeur du pays belge. Dans tous les cas, une grande r�serve nous est prescrite par la saine critique. Gardons-nous des erreurs, si nous ne pouvons, avec certitude, arriver ici � la pleine v�rit�. �3.--_Les pr�d�cesseurs des hommes des dolmens, en Gaule_. Dans tous les cas, la p�riode des plus anciens dolmens ne peut remonter, dans nos contr�es, plus loin que l'usage de la pierre polie, et M. Al. Bertrand d�montre qu'il y a eu solution de continuit�, tout au moins en Gaule, entre cet �ge et celui de la pierre taill�e[290]. Nulle part, en effet, le m�lange ou la ressemblance des instruments de l'une et de l'autre cat�gorie ne correspond au m�lange ou � la ressemblance des instruments de bronze avec ceux de pierre polie; nulle part on ne trouve un indice de la transition suppos�e[291]. D'autre part, l'instinct de l'art, le talent merveilleux avec lequel les hommes de la pierre taill�e reproduisaient, sur des os ou des bois de renne, des figures du r�gne organique, la figure du renne lui-m�me, comme l'auteur en met sous nos yeux des exemples saisissants, montrent chez eux l'existence d'une civilisation r�elle, quoique tr�s-diff�rente de celle qui existait dans la Gaule au temps des guerres puniques[292]. Peut-�tre est-ce par le fait d'une tradition doctrinale, comme l'a pens� M. Bertrand, que les Celtes de la pierre polie n'ont laiss� aucun monument des arts repr�sentant la vie organique[293]; d'autre part, les contemporains de l'�ge du renne[294] dans nos contr�es ne paraissent avoir connu ni l'agriculture, ni l'usage de nos animaux domestiques. Sans doute, ces conditions d'existence, applicables seulement � des populations errantes et peu nombreuses, puisqu'elles vivaient de chasse, ont amen�, bien plus facilement que pour des populations compactes, o� leur disparition, ou leur compl�te et rapide absorption par les proto-Celtes,--si m�me on ne doit les consid�rer comme ant�diluviennes. Nous ne chercherons donc pas ici � reconna�tre une transition que tout indique n'avoir point exist�. Il y a eu assur�ment un progr�s accompli d'une �poque � l'autre, mais non pas un progr�s r�sultant du d�veloppement spontan� d'une m�me race. Alors, comme aux temps post�rieurs, une population plus civilis�e a apport�, par voie de migration, un �tat meilleur; seulement, elle ne l'a probablement cette fois apport� que pour elle-m�me, tandis que la civilisation du bronze a �t� communiqu�e � une population ant�rieurement existante au lieu d'arriv�e de l'�migration. Mais, dans l'un et l'autre cas, la lumi�re est venue d'un foyer toujours allum� et situ� vers l'Orient; nulle part nous ne pouvons apercevoir des hommes de l'�ge de pierre passant par leurs propres efforts � l'�ge des m�taux, et ce r�sultat n�gatif, mais si important, est en effet la conclusion supr�me du livre entier de M. Bertrand. Nous ne voyons, d'ailleurs, aucun moyen de d�terminer l'�poque o� l'une des civilisations de la pierre s'est substitu�e � l'autre; rien m�me ne d�montre que l'usage de la pierre polie ait exclu chez une m�me population celui de la pierre habilement taill�e, pour les instruments dont l'emploi ne r�clamait pas l'une plut�t que l'autre, pas plus que la connaissance du bronze n'a subitement exclu l'usage de la pierre. Si la pierre polie se trouve seule dans les dolmens, c'est que les dolmens �taient la s�pulture de personnages d'une certaine importance, et qu'on y enterrait avec les morts des objets d'une destination sacr�e[295]. Terminons enfin par un dernier appel � la prudence, puisque nous avons vu combien est fausse la voie dans laquelle on s'est longtemps obstin�, et dans laquelle plusieurs s'obstinent encore � maintenir les investigations de la science. � l'exemple de M. Al. Bertrand, je m'imposerai une extr�me r�serve sur tout ce qui touche aux relations qu'on a voulu �tablir entre l'arch�ologie pr�historique et la g�ologie; comme lui, plus que lui peut-�tre, je serais trop peu comp�tent pour m'�tendre sur une pareille mati�re, me bornant � rappeler que les savants sont encore assez loin de s'entendre tous sur les �volutions climatologiques de la p�riode pr�sente, sur les conditions de la pr�sence du rhinoc�ros et du renne dans nos contr�es. M. Bertrand incline m�me � croire, d'apr�s des observations modernes faites dans la grande presqu'�le scandinave, que le d�part de ce dernier animal pourrait bien avoir eu pour cause la propagation de la race bovine[296]; et M. l'abb� Hamard a cit� un passage de C�sar qui constate l'existence du renne, dans le bassin du Rhin, au temps de la conqu�te des Gaules[297]. Ceci ne veut pas dire que les glaciers n'aient pas eu en Europe, depuis m�me qu'elle est peupl�e[298], beaucoup plus d'extension qu'aujourd'hui, mais seulement qu'il faut se garder avec soin de conclusions qui ne d�rivent pas _rigoureusement_ des faits observ�s. Qu'on me permette donc d'�noncer ici quelques principes auxquels il est n�cessaire d'�tre fid�le. Le premier et le plus important peut-�tre, c'est d'exclure de toute argumentation arch�ologique tout objet qui peut absolument sans doute �tre consid�r� comme un caillou fa�onn� par l'homme, mais qui peut tout aussi bien, sinon mieux, avoir conserv� sa forme naturelle ou avoir �clat� par suite de causes purement physiques. Le second c'est que, reconn�t-on pour des pierres taill�es � �clats non-seulement quelques-uns des types, mais tous les types propos�s, il faudrait encore refuser nettement d'en tirer la cons�quence qu'on a voulu induire du rapprochement de ces types, savoir qu'ils se seraient succ�d� l'un � l'autre dans un ordre invariable, et cela dans tous les pays. Il n'y a l� ni un fait acquis (bien au contraire), ni m�me, disons-le bien haut, une hypoth�se vraisemblable. Il faudrait soumettre l'homme � un instinct de d�veloppement rigoureusement fatal, analogue � l'instinct permanent des animaux, pour admettre _� priori_ que les diff�rentes familles humaines ont successivement et parall�lement donn� � la pierre chacune des formes signal�es, sans franchir d'intervalle, ou sans admettre une transition en sens contraire, parfois au moins aussi naturelle que l'autre, ou enfin sans arriver de plein saut � une forme moins grossi�re. Et pour entrer plus avant dans la question, f�t-on, ce qui n'est pas, d�pourvu de toute donn�e historique sur l'origine du genre humain, de tout souvenir de son premier �ge; f�t-on r�duit � raisonner sur de simples analogies, il faudrait encore reconna�tre cette v�rit�: Si les populations atteintes par les t�moignages de l'histoire ou accessibles dans leurs migrations � ceux de l'arch�ologie ont march� d'Orient en Occident, pourvues d�j� d'une civilisation r�elle, quoique imparfaite; si la connaissance et le go�t de l'imitation de la nature par l'art sont manifestes chez celle m�me que nulle tradition historique ne nous laissait entrevoir, il n'existe aucune raison de croire qu'un �tat compl�tement diff�rent, d�pourvu des lumi�res de l'intelligence et des conditions de la soci�t�, ait jamais �t� celui des premiers habitants de nos contr�es ou de toute autre. Si un type d'instruments est parfaitement grossier, j'allais dire informe, il n'existe aucune raison d'affirmer qu'il soit l'oeuvre d'�tres humains; s'il porte des traces certaines d'une industrie intelligente, on n'a pas le droit de le rapporter � un �tat bestial. Ce qu'on peut et doit admettre, c'est que les premiers �migr�s en Europe trouv�rent, dans un climat relativement s�v�re et probablement beaucoup plus s�v�re qu'aujourd'hui, � cause des for�ts qui la couvraient, des _obstacles_ consid�rables � la _conservation_ de la civilisation mat�rielle qu'ils apportaient avec eux. Ils furent, en cons�quence, oblig�s d'employer � lutter contre ces obstacles et � conserver leur vie la presque totalit� de leur intelligence et de leur activit�. Leur course aventureuse, rapide peut-�tre, peut bien n'avoir pas laiss� d'�tablissements derri�re elle; on n'a pas ici des stations �chelonn�es comme celles du bronze; ces hommes avaient perdu toute communication avec la m�re-patrie orientale, toute tradition m�tallurgique aussi, car, nous l'avons vu, la fabrication du bronze fut longtemps li�e par une n�cessit� rigoureuse � des communications directes ou indirectes, mais incessantes avec l'Asie, qui contient les seules mines d'�tain alors connues: l'exploitation de celles de Cornouailles ne put exister qu'apr�s la d�couverte de l'art si difficile, si laborieux � conqu�rir, de la navigation maritime. Une fois perdue, l'industrie du m�tal ne fut jamais retrouv�e dans l'Europe occidentale par cette premi�re race, ni m�me par celle qui la suivit, jusqu'� l'arriv�e des Ph�niciens et des �trusques d'un c�t�, des Celtes proprement dits de l'autre. Les Ph�niciens furent peut-�tre les premiers auteurs de l'exploitation des mines d'�tain britanniques; les Celtes introduisirent l'�tain asiatique dans la vall�e du Danube et peut-�tre aussi dans celle de l'Oder. Ainsi deux mots r�sument, en ce qui concerne l'histoire g�n�rale des origines, les conclusions qu'on peut raisonnablement tirer des faits �tablis. L'homme est un �tre social: c'est la maxime d'Aristote; l'homme est un �tre enseign�: c'est une maxime plus moderne, mais non moins g�n�rale dans son application. Si nos �tudes, bien dirig�es, apportent un solide appui � ces deux grands principes d'observation philosophique, les esprits les plus s�v�res ne pourront d�sormais les consid�rer comme des amusements frivoles. Qu'il me soit permis, en terminant, de leur adresser un appel, pour qu'ils apportent en plus grand nombre un concours actif � nos �tudes d'observation et � nos efforts pour en tirer de solides cons�quences. NOTES [1: M. Alexandre Bertrand, directeur du Mus�e de Saint-Germain.] [2: _Revue des Questions historiques_, avril 1875.] [3: D�s 1877, la premi�re �dition �tait �puis�e.] [4: Sauf l'ordre respectif des deux premiers; mais cette anomalie apparente r�sulte des questions d'ensemble trait�es dans le premier et qui en font une sorte d'introduction � tout l'ouvrage.] [5: Forme grecque du nom des _Galli_.] [6: _De la valeur des expressions_ [Grec: Keltoi] _et_ [Grec: Galatai], _dans Polybe_, p. 10-20.] [7: Voyez _Arch. celt. et gaul._, p. 288, 298, 332-3, 393-4.] [8: Ibid., p. 414, 417.] [9: Ibid., p. 418.] [10: Ibid., p. 407-12.] [11: _De la valeur des expressions_, etc., p. 21-3; cf. _Arch. celt. et gaul._, p. 396-7.] [12: _De la valeur des expressions_, etc., p. 24-8.] [13: Ibid., p. 23.] [14: Strabon, V, 1 (t. I, p. 342, 349-50 de l'�dition Tauchnitz); cf. Scylax, cit� par Kaempf, _Umbricorum specimen_, p. 30.] [15: Pages 267-71.] [16: Je dis _plus_ ou _moins_ nationale, parce que l'auteur fait observer plus loin (p. 401-2) que _toutes_ les monnaies gauloises sont de grossi�res imitations de types connus, grecs ou romains. C'est ce que M. Charles Lenormant avait d�j� signal�, du moins pour certaines d'entre elles.] [17: Tumulus de Monceau-Laurent, de la Vie-de-Bagneux, de la Combe-Bernard, de la Combe-�-la-Boiteuse. Le tumulus du bois de Langres, pr�c�demment fouill�, est dans le m�me d�partement.] [18: _Arch. celt. et gaul._, p. 283; cf. 284.] [19: Ibid., p. 418-9.] [20: Ibid., p. 286, 288-9.] [21: Ibid., p. 390-91.] [22: Ibid., p. 291-2.] [23: Ibid., p. 293-7.] [24: Ibid., p. 398-301, 304-5.] [25: Ibid., p. 369, cf. 332.--La Marne est en dehors des premi�res limites de l'occupation galate.] [26: Ibid., p. 381.] [27: Ibid., p. 382.] [28: Ibid., p. 381.] [29: L'introduction de l'usage du fer dans les pays scandinaves ne remontant qu'� l'�re chr�tienne ou environ, nous n'avons pas � nous en occuper ici.] [30: Pages 296-7.] [31: C'est-�-dire les d�bris de la civilisation des tribus ou des familles qui vivaient dans des habitations �lev�es sur des pilotis plongeant dans l'eau de ces lacs, � peu de distance de la rive.] [32: _Congr�s de Paris_, p. 307.] [33: Ibid., p. 305-6.] [34: Le comte Gozzadini la consid�re comme un cimeti�re, et M. l'abb� Chierici comme une ville; le comte Conestabile h�site entre les deux opinions, faisant observer qu'on y a trouv� des traces d'inhumation, mais en nombre fort restreint.--Voyez _Congr�s de Bologne_, p. 260-2, 278-80, 281-7.] [35: _Congr�s de Bologne_, p. 250-1, 253, 258.] [36: Ibid., p. 253.] [37: _Arch. celt. et gaul._, p. 359, 362-3; cf. Conestabile, _Rapport au Congr�s de Bologne_, p. 250.] [38: _Congr�s de Bologne_, p. 249.] [39: _Arch. celt. et gaul._, p. 363.] [40: Ibid., p. 360 et 364-5; cf. _Congr�s de Bologne_, p. 255.] [41: _Congr�s de Bologne_, p. 245.--Nous reviendrons plus loin sur l'importance de cette station.] [42: Page 198.] [43: _Arch. celt. et gaul._, p. 335; cf. note de la page 275.] [44: Ibid., p. 334-5, 340.] [45: Ibid., p. 335-6.] [46: Ibid., p. 338 et 351.] [47: Ibid., p. 339 et 351.] [48: Ibid., p. 335; cf. 350.] [49: _Journal des Savants_, mars 1829 (o� l'auteur t�tonnait encore), avril 1830, mars et mai 1834, juin 1836, Juin 1841, mai, juillet et septembre 1843, octobre 1844.--Voyez aussi Longp�rier, _Journal Asiatique_ d'octobre-novembre 1855, sur l'art de l'Asie occidentale, et surtout la deuxi�me partie de l'article de M. de Vogu�, dans le m�me recueil, ao�t 1867. N'oublions pas non plus le type tout asiatique de l'homme combattant un monstre debout, signal� � Marzabotto, _Congr�s de Bologne_, p. 252.] [50: Voyez Ch. Lenormant, _Introduction � l'�tude des vases peints_, pages 60-63.] [51: _Congr�s de Bologne_, p. 244.] [52: _Arch. celt. et gaul._, p. 339, 351; cf. 229.] [53: Ibid., p. 342.] [54: Ibid., p. 364-5.] [55: Desor, _Discussion au Congr�s de Bologne_, p. 278 des M�moires du Congr�s.] [56: _Rapport au Congr�s de Bologne, ibid_., p. 246-7.] [57: Ibid., p. 244] [58: Ibid., p. 251] [59: Desor, _Rapport au Congr�s de Bologne, ibid._, p. 251.] [60: Conestabile, _Rapp. au Cong. de Bologne_, p. 264 des M�m. du Congr�s.] [61: Ibid., p. 267.] [62: Ibid., p. 264-5; cf. p. 265, 268-72.] [63: Ibid., p. 266; cf. 268.] [64: Ibid., p. 267.] [65: Ibid., p. 265.] [66: Ibid., p. 272-4 du Congr�s.] [67: Ibid., p. 190 et 274-5.] [68: Ibid., p.275.] [69: Ibid., p. 275-6.] [70: La charrue � soc d'_airain_, servant � tracer l'enceinte sacr�e des villes (Plut., _Quest. rom._, 27); cf. Varron, _De lingua lat._, V, 143, et Tite-Live, I, 50-1; II, 14); usage d'un instrument de _pierre_, dans les rites des f�ciaux (T.-L., I, 24); horreur du fer, dans ceux des fr�res Arvales (Marini, _Gli atti e monumenti de' fratelli Arvali_, proemio, p. XXXI-II, et Tav. XXIII, XXXII, XXXIX, XLIII.] [71: Dans les po�mes hom�riques, le fer est connu, mais fort rarement employ�: le bronze le remplace, m�me � la guerre. Ces po�mes portent d'ailleurs, dans leur contexte, des preuves d'une tradition scrupuleusement conserv�e; et, si l'on rapportait au temps de leur r�daction l'�tat de choses qu'ils repr�sentent, on ferait descendre _bien plus bas_ encore que le XIIe si�cle l'�ge du bronze parmi les Grecs. Sur l'antiquit� du d�p�t de Villanova (Xe si�cle), la valeur artistique et industrielle de ses bronzes et la transition � l'�ge de fer, on peut lire, dans _Les Mat�riaux pour l'Histoire de l'Homme_, 1876 (p. 321-339), l'analyse d'un ouvrage de M. Gozzadini.] [72: _Arch. celt. et gaul._, p. 231-5, 241.] [73: Ibid., p. 242-4.] [74: Ibid., p. 245.] [75: Ibid., p. 246.] [76: Ibid., p. 232-5.] [77: Ibid., p. 236-8.] [78: Ibid., p. 209; cf. 220.] [79: _Les Perses_, vers 850-5.] [80: Livre V, ch. 16.--Cit� par M. Weil dans son �dition d'_Eschyle_.] [81: _Les Palafittes ou Constructions lacustres du lac de Neuch�tel_, p. 79-80, 86-7, 105, 127.] [82: Ibid., p. 81-4.--M. Gozzadini dit au sujet des _mors_ italiques: �En g�n�ral, plus l'ornementation des montants est ouvrag�e, plus les mors sont anciens.� (_Mat�riaux_, etc., 1876, p. 334.)] [83: Ibid., p. 85 et 98-9.] [84: Ibid., p. 93-4.] [85: _Congr�s de Bologne_, p. 215.] [86: _Les Palafittes_, etc., p. 99-100.] [87: _Congr�s de Bologne_, p. 356.] [88: _Congr�s de Paris_, p. 292-3.] [89: Ibid., p. 293.] [90: Ibid., p. 295, note.] [91: M. Desor est revenu bri�vement, mais nettement, sur cette question au Congr�s de Bruxelles, p. 506-9. Je n'ai malheureusement pu consulter son r�cent ouvrage, intitul�: _Le bel �ge du Bronze_.] [92: _Congr�s de Bologne_, p. 343-4.] [93: Ibid., p. 345; cf. 352.] [94: Ibid., p. 345-6.] [95: Ibid., p. 346.] [96: On appelle Terramares, dit M. Desor (_Palafittes_, etc, p. 116), �de petites collines... sur les flancs desquelles on exploite une terre ammoniacale m�l�e de cendres, appel�e _terra mara_, qui sert d'engrais pour les pr�s.� Les d�p�ts qu'on y trouve, avec des pilotis supportant des planchers, comme dans les stations lacustres, sont g�n�ralement de l'�ge du bronze.--Voy. aussi _Congr�s de Bologne_, p. 178-80, 197, 284-6.] [97: _Congr�s de Bologne_, p. 348-50.] [98: L'ambre jaune venait de la mer Baltique; mais on a reconnu des gisements d'ambre roussaire et rouge dans des contr�es plus voisines ou plus accessibles de celle-l�, en Sicile, dans le Liban et m�me dans le Bolonais. Voyez les comptes-rendus du Congr�s de Bude dans les _Mat�riaux pour l'Histoire de l'Homme_, nov. 1876 (p. 465-6; cf. 541-2).] [99: On a signal� (_ibid_., p. 445) la d�couverte r�cente, aupr�s de Massa, d'un filon de cassit�rite exploit� par les �trusques, mais sans indication de l'�poque � laquelle cette exploitation serait attribu�e.] [100: Voyez Chantre, _ubi supra_, p. 348-50.] [101: Ibid., p. 350-4.] [102: _Arch. celt. et gaul._, p. 207.] [103: Ibid., p. 209-10.] [104: Ibid., p. 208.] [105: Ibid., p. 210-11.] [106: _Congr�s de Bruxelles_, p. 507.] [107: Desor, _Les Palafittes_, etc., p. 55-7, 118-9; cf. 62-3, 72-3.] [108: _Habitations lacustres du lac du Bourget_, dans les _M�moires de la Soci�t� Fran�aise de Numismatique et d'Arch�ologie_, p. 14 du _tir� � part_.] [109: _Ibid_., p. 21.] [110: Ibid., p. 22 du _tir� � part_.] [111: _Ibid_., p. 21.] [112: _Ibid_., p. 9-10.--Il en est de m�me pour la c�ramique du lac de Neuch�tel. Voyez Desor, p. 30-4.] [113: Voyez _Arch. celt. et gaul_., p. 215-36.--M. Gozzadini consid�re les mors de Moeringen et de Vandrevanges comme une imitation relativement tardive de ceux de la Haute-Italie ou de l'�trurie. (Voy. dans les _Mat�riaux_, etc., ao�t 1876, l'analyse faite par M. Flouest de l'ouvrage du savant italien sur _Quelques mors de cheval italiques_.)] [114: _Ibid_., p. 198, 223.] [115: _Congr�s de Bruxelles_, p. 506.] [116: _Das Grabfeld von Hallstatt_, von Dr Ed. von Sacken, mit xxvi Tafeln (Wien 1866), p. 1.] [117: Ibid., etc., p. 1.] [118: Ibid., p. 3-5.] [119: Ibid., p. 6-13, 128.] [120: Ibid., p. 128.] [121: Ibid., p. 128-9, 132.] [122: Ibid., p. 129.] [123: Ibid., p. 129, 132.] [124: Ibid., p. 128.] [125: V. _supra_,--et Al. Bertrand, _Arch. celt. et gaul._, p. 229.] [126: Al. Bertrand, Ibid., p. 267, 340, 360.] [127: Sauf pourtant la pointe d'un certain nombre, qui se termine brusquement par un angle tr�s-ouvert. De Sacken, _ubi supra_, p. 26.--Quelques-unes ont des lames de fer et des poign�es de bronze; le m�me fait est signal� en Hongrie.] [128: Ibid., p. 129.] [129: De Sacken, _ubi supra_, p. 35-6.] [130: _Ibid_., p. 130-1.] [131: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 130, 134.] [132: _Ibid_., p. 190-1.] [133: Voy. Strabon, l. VII, cit� par M. Conzen (_die Wanderungen der Kelten_), p. 60-1. Cf. Pline et Ptol�m�e, _ibid_. Voy. aussi de Sacken, p. 146-9, et Al. Bertrand, p. 258-9, 294. Ce dernier insiste (p. 293, 295-6, 313-5, 324, 329) sur le caract�re _galatique_ des antiquit�s de Hallstatt. On a vu que je ne le nie pas; je nie seulement qu'il soit exclusif.] [134: Voy. dans la _Revue arch�ologique_ (d�c. 1873, p. 370, p. 8 du _tir� � part_) l'article intitul�: _Note sur quelques bronzes �trusques de la Cisalpine_.] [135: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 130; cf. 138.] [136: Ibid., pl. VIII, IX, XI, XIV, XV, XVIII, XX-XXIV.] [137: Ibid., pl. XI, XVIII.] [138: Ibid., p. 130-1, 137-8.] [139: Ibid., p. 132.] [140: Ibid., p. 138-9.--Pour la Boh�me, figures de bronze avec ornements en plaqu�, licornes coul�es et figure ail�e � l'anse, dans un tumulus pr�s de Hraditscht. (Note 1 de la p. 139.)] [141: Ibid., p. 142-3.] [142: Cf. Micali, _Storia degli antichi popoli italiani_, monumenti, tav. XVII, 6; XX, 10, 16.] [143: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 143.] [144: Ibid., p. 143.] [145: _Revue arch._, juin 1873; article reproduit avec quelque modification dans le choix des d�tails ou des expressions, dans l'_Arch�ologie celtique et gauloise_, p. 309-22.] [146: Voyez dans la _Revue arch�ol., ubi supra_, les pl. XII, XIII, fig. 1 et 8, _Arch. celt. et gaul._, pl. VII, fig. 7, et _Das Grabfeld von Hallstatt_, pl. XXII, fig. 2; le seau de Hallstatt a en plus (et M. Bertrand ne l'a pas oubli�) de petites figures d'oiseaux. Pour les seaux _� c�tes_, voyez fig. 1 de cette planche XXII et toutes les cistes dessin�es dans la _Revue_.] [147: V. _supra_, p. 50-1.] [148: _Bulletino dell'Instituto di Correspond. Archeol._, 1875, p. 144-5.--Sur la correspondance des cistes � cordons avec la premi�re �poque de Villanova, voyez le m�me Bulletin, p. 49, 50, 179, 181; cf. 212-4.] [149: _Arch. celt. et gaul._, p. 320-1.] [150: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 58.] [151: Ibid., pl. XIII, 10-15; XIV, 1-17; XV, 1-7, 17.] [152: Ibid., p. 60.] [153: Ibid., p. 60.] [154: _Arch. celt. et gaul._, p. 360-4.] [155: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 115.] [156: Ibid., p. 141-2.] [157: _L'�ge de bronze_, p. 90.] [158: Ibid., p. 90.] [159: Voy. _Mat�riaux pour l'histoire de l'homme_, 1875, f�vrier, _sub fine_.] [160: M�me recueil, 1876, p. 445.] [161: M. de Sacken (p. 134) parle d'un gisement d'�tain aux environs de Bordeaux; c'est peut-�tre le m�me que celui dont parlait M. de Rougemont.] [162: Sur l'existence de l'�tain dans ce pays, connue au temps de l'Empire romain, voy. Pline, XXXIV, 16, dans Pictet (_Les origines indo-europ�ennes_, � 25); cf. de Sacken, p. 134; et de Rougemont, p. 88.] [163: Ibid., de Rougemont; sauf pourtant � Massa (V. _supra_); mais cette indication est vague et sans d�signation de temps.] [164: Ibid., p. 114, les Cal�tes � l'embouchure de la Seine, les Santons limitrophes des L�movices, chez qui pouvaient avoir �t� ouvertes les mines de la Creuse.] [165: _Les premi�res civilisations_, I, p. 156.] [166: Ibid., note de la page 148.--_Les Orig. indo-eur._, � 25.] [167: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 134.] [168: Ibid., p. 133, 134.] [169: Ibid., p. 133; cf. 141.] [170: Ibid., p. 141-2.] [171: Ibid., p. 142.] [172: Ibid., p. 149-53; cf. 144.] [173: Ibid., p. 144.] [174: Ibid., p. 145.] [175: Ibid., ibid.] [176: _Ubi supra_, note de la p. 137.] [177: Et sp�cialement dans la partie de la France qui a le moins �prouv� le contact des Romains et des Germains.] [178: _Ubi supra_, ibid.] [179: V. Roget de Belloguet, _Ethnog�nie gauloise_, t. II, sect. III, � 22.] [180: Avec le bactrien.] [181: _Les Origines indo-europ�ennes_, � 388.] [182: Remarquons, comme r�serve d'un bon exemple, que M. de Sacken se refuse (p. 137) � reconna�tre des indices d'une religion solaire dans les figures du cercle ou de la roue qui se retrouvent souvent dans l'ornementation de l'�ge du bronze. Ce sont, dit-il avec raison, des formes si simples, qu'elles r�sultent naturellement d'un caprice instinctif du d�corateur.] [183: _Arch. celt. et gaul._, p. 189-202.] [184: Ibid., p. 203-214.] [185: Ibid., p. 190.] [186: Ibid., p. 191--Et aussi le Hanovre, o� des bronzes �trusques pourraient �tre venus par la Gaule.] [187: Ibid., p. 101.] [188: Ibid., p. 192.] [189: Ibid., p. 189.--Voy. aussi les p. XX-XXIV de la pr�face du volume.] [190: Page XX.] [191: Ibid., p. 192-3.] [192: Les Tibar�niens et les Moschiens des Grecs, dans le voisinage des Chalybes. Voyez H�rodote, III, 94, et, pour la topographie, Strabon, XII, 3. Le savant g�ographe, n� lui-m�me dans le Pont, place le peuple tibar�nien dans la r�gion montagneuse qui domine la c�te de Tr�bizonde, et il dit que les monts Moschiques dominent la Colchide, c'est-�-dire qu'il les identifie soit avec la cha�ne du Kolova et du Perenga, soit avec celle du Tholgom et de l'Arsian, un peu au Sud-Est, soit avec toutes les deux ensemble. Mais la grande inscription historique de T�glatphalasar Ier, vers le XIIe si�cle avant notre �re, traduite par M. Oppert dans les _Annales de Philosophie chr�tienne_ (mars et avril 1865), nous apprend que les Muskaya (Mosques) vivaient alors dans un pays peu �loign� des sources du Tigre, probablement dans la Moxo�ne des Grecs, au Sud du lac de Van, pays auquel ils auraient laiss� leur nom avec une l�g�re m�tath�se. Il est � croire qu'� cette �poque ancienne ils s'�tendaient sur un pays assez �tendu, puisque la Gen�se les indique comme une des souches primitives de la population japh�tique.] [193: _Arch. celt. et gaul._, p. 194.] [194: Ibid., p. 195.] [195: _Das Grabfeld von Hallstatt_, p. 140.] [196: _Arch. celt. et gaul._, p. 195.] [197: Ibid., p. 196-9.] [198: Ibid., p. 200.] [199: Ibid., p. 201.--La ressemblance avec les types communs originaires ne para�t pas avoir subsist� longtemps dans la Suisse actuelle. Si, en effet, M. �douard Flouest, analysant, dans les _Mat�riaux pour l'histoire naturelle et primitive de l'homme_ (1875, p. 254), le _Bel �ge du bronze lacustre en Suisse_, de M. Desor, y signale des armes du type primitif qui a pr�valu en Europe pendant des si�cles, il signale aussi (p. 266-7) le d�faut _ordinaire_, quoique non universel, de ressemblance entre les �p�es de ces d�p�ts et celles qui se retrouvent uniform�ment et en Autriche, et en Allemagne, et en Italie, et en Danemark. La fabrication locale fut d'ailleurs restreinte, dans la Suisse lacustre, aux objets les plus simples (p. 254); d'autres paraissent � l'auteur appartenir aux types de Villanova et Golasecca. Dans le fascicule pr�c�dent, M. Montelius, exag�rant peut-�tre la pens�e �nonc�e plus haut, nous dit (Ibid., p. 333) que �les antiquit�s de l'�ge du bronze trouv�es en Hongrie et dans les pays avoisinants _ressemblent � un haut degr�_ � celles du _commencement de l'�ge de bronze dans la Scandinavie_, tandis que ce n'est pas le cas des antiquit�s provenant de l'_Europe occidentale_.�--Cf. 1876, p. 451.] [200: T. I, p. 139-41; cf. 115.--Il mentionne la note de M. Bertrand dans une note de la p. 157.] [201: Voy. Fellenberg, cit� par M. Desor (_ubi supra_, p. 72). M. de Rougemont (_ubi supra_, p. 165) dit que la plus ancienne trace connue de l'emploi du zinc en Gr�ce remonte au VIe si�cle; mais M. de Fellenberg ne reporte qu'au IIIe, post�rieurement � la mort d'Alexandre, le plus ancien usage de la cadmie naturelle (alliage de cadmium avec l'oxyde de zinc) pour la formation d'un compos� du cuivre.] [202: Pictet, � 25.] [203: Ibid., � 24.] [204: _L'�ge du bronze_, p. 86.] [205: Ibid., p. 87; cf. 168 et 170-1.--L'auteur ajoute, un peu plus loin (p. 176): �La _route du Danube_ nous expliquerait comment, pendant l'�ge du bronze, l'art de r�duire le m�tal en lames au moyen de cylindres �tait � _la fois_ connu sur les rives de nos _lacs romands_ et en Crim�e.� Mais je n'ai pu retrouver ni dans Pictet, ni dans Boetticher (_Arica_) ce que M. de Rougemont dit de l'�tain: que son nom ib�rien (_oss�tke?_) s'est r�pandu au loin.] [206: T. I, p. 127-9.] [207: M. de Mortillet (_Origine du bronze_, p. 6) fait observer que, si le minerai d'�tain existe dans la Saxe et la Boh�me, c'est presque toujours � l'�tat de minerai de roche, dont l'exploitation �tait alors presque impossible, tandis que, dans le Cornouaille anglais, on le rencontre souvent d�sagr�g� dans des alluvions. Il est compl�tement favorable � l'origine asiatique des plus vieux bronzes de nos contr�es et va jusqu'� reporter dans l'Inde le centre de cette exploitation, faisant observer que les poign�es indiennes et certaines antiquit�s bouddhistes sont les seuls similaires orientaux des petites poign�es de l'�ge du bronze et d'instruments � anneaux mobiles trouv�s dans des stations lacustres de la Suisse et de la Savoie (p. 8-9, 12-15).] [208: _Arch. celt. et gaul._, p. 209-11.] [209: On ne trouve pas de fer dans la partie inf�rieure des Terramares (Ibid., 210); mais on ne peut tirer d'un si petit nombre de faits n�gatifs une conclusion g�n�rale.] [210: Ibid., p. 211-12.] [211: Page XXIII-IV de l'_Arch. celt. et gaul_.] [212: Nous examinerons ce dernier point dans l'Appendice.] [213: _Arch. celt. et gaul._, p. 82-131.] [214: Ibid., note des pages 82-3.] [215: Ibid., p. 132-64.] [216: Ibid., p. 175-81.] [217: Ibid., p. 84.] [218: Ibid., p. 85.] [219: � la p. 107.] [220: Les corps plac�s sous les dolmens n'�taient pas br�l�s.--_Ibid_.] [221: _Arch. celt. et gaul._, p. 85 et 109.] [222: Ibid., p, 86.] [223: Ibid., p. 88.] [224: Voy. le paragraphe suivant.] [225: Voyez la pl. IV du volume de M. Bertrand.] [226: Ibid., et _Congr�s de Paris_, p. 170-9.--Ceux que j'ai nomm�s, car il y a peu de dolmens dans le Cantal.] [227: _Congr�s de Paris_, p. 185-90.] [228: Ibid., p. 192.] [229: _Congr�s de Norwich_, p. 354.] [230: Je ne sache pas qu'on en ait jamais �lev� aucune.--Voyez d'ailleurs la pr�sence d'armes de bronze et de silex signal�e, dans quelques dolmens du m�me pays, par M. Lalanne (_Mat�riaux_, etc., 1875, p. 375-6). Cependant l'auteur de la note ne dit pas express�ment qu'elles soient m�l�es dans les m�mes s�pultures.] [231: Ibid., ibid.] [232: Dans la _Revue arch�ol_., mars, avril et mai 1877.] [233: Kerviler, _Revue arch�ol._, mars 1877, � I]. [234: Kerviler, _Revue arch�ol._, mai 1877.] [235: Mars 1877.] [236: Plus d'autres manches trouv�s sans leur douille.--Voy. aussi la note 239 ci-dessous.] [237: Avril 1877.] [238: Ibid.] [239: _Revue arch�ol._, mai 1877.--M. Kerviler a trouv� depuis, dans les travaux de Saint-Nazaire, un _celt_ emmanch� dans une douille en bois de cerf, dont le creusement ne s'explique pas sans l'emploi d'un instrument de m�tal. Il a �t� trouv� dans une couche _sup�rieure_ de pr�s d'un m�tre � une autre o� a �t� d�couverte une petite �p�e de bronze. (_Rev. arch_., mars 1878.)] [240: Il est possible et m�me probable que les objets en silex trouv�s dans ce cimeti�re (except� ceux de la chambre fun�raire m�galithique) aient eu une destination superstitieuse. (Voy. _Mat�riaux_, etc., 1875, p. 108-10, 221-3; cf. 291, et 1876, p. 158.) Mais la persistance de ces d�p�ts, avec le maintien du choix de la mati�re commun�ment employ�e quand la coutume s'en �tablit, peut faire h�siter, dans d'autres stations, sur l'antiquit� r�elle de ces objets, surtout quand ils sont trop petits pour avoir eu un emploi dans la vie domestique.--Il y a aussi, � Caranda, quelques d�bris des temps gaulois et gallo-romains. (Voy. _Le Cimeti�re de Caranda_, par M. Millescamps, 1875.) L'auteur cite d'ailleurs d'autres n�cropoles des temps m�rovingiens o� des faits semblables ont �t� signal�s.] [241: Voy. Al. Bertrand, _Arch. celt. et gaul_., pr�face, p. XII et XIII.--Voyez, sur ces derniers faits, les d�tails �tendus et pr�cis que donnent M. Troyon dans la _Revue arch�ologique_ de janvier 1860, touchant la station lacustre de Concise, et M. Desor (_Palafittes du lac de Neuch�tel_, �ge de la pierre, p. 24-5).] [242: _Arch. celt. et gaul_., pr�face, p. XII-XIV.] [243: Il doit y avoir deux ou trois fautes d'impression dans l'�num�ration de la p. 91; voyez la rectification implicite de la p. 108.] [244: _Arch. celt. et gaul_., p. 92, 108.] [245: Ibid., p. 97-8, 103.] [246: Ibid., p. 85, 103.] [247: Ibid., p. 109.] [248: Ibid., p. 107-8.] [249: Ibid., p. 116-21.] [250: Ibid., p. 123-7.] [251: Ibid., p. 148-64.] [252: Terme classique qui ne d�signait rien autre chose que le s�jour dans le Nord de l'Europe.] [253: _Arch. celt. et gaul._, p. 128.] [254: Ibid., p. 248-64.] [255: _Les Monuments m�galithiques de tous pays_, p. XXII-XXXII.] [256: Ainsi qu'il r�sulte de l'identit� de plusieurs noms de tribus.] [257: _Les Monum. m�galith._, p. 129, et 337-8, 341.--On trouve pourtant quelques dolmens dans la partie montagneuse du Luxembourg, mais ils peuvent appartenir � une autre race. (Ibid.)] [258: _Les Monum. m�galith._, p. 338; cf. 317, 333-7, 358.] [259: Note de la p. 347.] [260: _Les Monum. m�galith._, p. 388-9.] [261: Ibid., p. 392.] [262: Ibid., p. 363.] [263: Ibid., p. 353.] [264: Ibid., p. 355.] [265: Ibid., p. 355-6.] [266: Ibid., p. 356.] [267: Ibid., p. 352-4.] [268: Ibid., p. 379, 381.] [269: Ibid., p. 388.] [270: Ibid., p. 345-7.] [271: Ibid., p. 174, 403.] [272: Ibid., p. 402-4.] [273: Ibid., p. 348.] [274: Ibid., p. 240, 243-5, 246.] [275: Ibid., p. 187, note.] [276: Ibid., p. 208.] [277: Ibid., p. 209.] [278: V. supra, chap. II.] [279: Voyez, dans la _Revue arch�ologique_, avril, mai, juin, juillet 1867, les articles de MM. d'Artois de Jubainville et Adolphe Pictet.--Voyez aussi les pages 1-7, 9, 16-18 de l'article sur les Ligures, ins�r� par M. Alfred Maury en t�te du trente-cinqui�me fascicule de la _Biblioth�que de l'�cole des hautes �tudes_ (1878).] [280: _Les Monum. m�galith._, p. 129-30, 134-5, 153-4, 159-61, 173, 253-4, 287.] [281: Voyez Rosenzweig, _Notice sur les monuments fun�raires du Morbihan_, p. 3 et 6, o� l'on voit l'incin�ration introduite en Bretagne et la pr�sence d'�l�ments gallo-romains sous plusieurs dolmens.] [282: Voy. _Congr�s de Norwich_, p. 194-99, 304-15; _Arch. celt. et gaul_., p. 148-164; _Les Monum. m�galith._, p. 417-434.] [283: _Arch. celt. et gaul_., p. 133-4; _Les Monum. m�galith._, p. 462-479.] [284: Ibid., p. 125-6; ibid., p. 480, 489-90, 493-96, 499.] [285: Cf. Michel de Rossi, _Congr�s de Bologne_, p. 450, 459-60, et _Arch. celt. et gaul._, p. 175-81.] [286: Voy. supra.] [287: _Congr�s de Norwich_., p. 30-83; _Arch. celt. et gaul._, p. 150-51; _Les Monum. m�galith._, p. 55-58, 69-125, 134-9, 165-72, 189-90, 422-4.] [288: _Arch. celt. et gaul._, p. 150-53.] [289: _Les Monum. m�galith._, p. 337-8; cf. 315.] [290: _Arch. celt. et gaul._, p. 71-73.] [291: Si ce n'est peut-�tre � Caranda; mais l� le m�lange s'�tend � des objets de fabrication manifestement m�rovingienne, et s'est le cas de dire que qui prouve trop ne prouve rien. Il faudrait avant tout savoir au juste comment les objets �taient r�partis entre les s�pultures et les couches de terrain.] [292: _Ubi supra_, p. 63-71.] [293: Sauf deux monuments irlandais, peut-�tre des temps chr�tiens. (_Les Monum. m�galith._ p. 220, 224.)] [294: Je dis de l'�ge du renne et non de l'existence du renne, car il para�t qu'il en est demeur� tr�s-longtemps quelques individus sons nos climats.] [295: Voyez ce que dit sur ce point M. l'abb� Hamard, aux pages xxxvi-viii de la pr�face de sa traduction de Fergusson.--Ces observations permettent d'expliquer la perfection de certains instruments de pierre polie: c'est qu'on s'est apparemment servi d'outils de m�tal pour les fa�onner.] [296: _Arch. celt. et gaul._, p. 31-33.--Cependant, M. de Morlillet (_Mat�riaux_, etc., 1876, p. 526) signale un fait en sens contraire appartenant � notre temps, en ce qui concerne l'Engadine, et constate, que les ossements des deux esp�ces ont �t� trouv�s ensemble dans des cavernes.] [297: _Gisement du Mont-Dol_, p. 74.] [298: Cf. _id_., p. 73; et _G�ol. et R�v�l._, p. 75-76, 415.] End of the Project Gutenberg EBook of Observations critiques sur l'arch�logie dite pr�historique, sp�cialement en ce qui concerne la race celtique (1879), by F�lix Robiou *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK OBSERV. CRITIQUES SUR L'ARCHELOGIE *** ***** This file should be named 31475-8.txt or 31475-8.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: https://www.gutenberg.org/3/1/4/7/31475/ Produced by Zoran Stefanovic, Eric Vautier and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for the eBooks, unless you receive specific permission. 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